- Un bébé peut-il se développer de manière harmonieuse sur le plan affectif et cognitif sans être stimulé ?
- Peut-on tout de même lui procurer l’environnement optimal pour la construction de sa motricité et de son intelligence ?
- Dispose-t-on d’études sur les conséquences d’une hyperstimulation du cerveau des bébés ?
- Où placer le curseur ? Quelles stimulations proposer à un bébé sans que cela vire au « forçage » stressant ?
- Selon vous, pourquoi certains parents succombent-ils aux sirènes de l’hyperstimulation ?
Article
Grégoire Borst : Clairement, non. Quelques mois après la naissance, les bébés possèdent déjà des compétences très abouties : ils sont notamment capables de discerner des langues étrangères, de faire des opérations arithmétiques, et même des statistiques bayésiennes ! Ces compétences sont-elles innées ou acquises très tôt ? À vrai dire, on l’ignore. Mais une chose est sûre : pour continuer de construire leur intelligence, ces tout jeunes savants ont besoin d’interagir avec le monde qui les entoure. Sans stimulations ni interactions sociales, le développement cognitif et affectif du bébé ne peut pas se poursuivre.Bernard Golse : D’ailleurs, dès sa naissance, un bébé qui va bien recherche activement ces interactions. Faut-il profiter de cette appétence pour tenter d’accélérer ses acquisitions et apprentissages ? En ce qui concerne les acquisitions, elles viennent en quelque sorte « toutes seules », surgissant « du dedans » quand certains processus (cérébraux, neurologiques, musculaires, affectifs, etc.) sont arrivés à maturité. C’est le cas par exemple de la marche. Lorsque les acquisitions motrices adviennent en leur temps, sans avoir été forcées, elles sont plus harmonieuses et plus stables. Tenter de les accélérer ne présente donc guère d’intérêt. Quant aux apprentissages, par exemple le fait d’apprendre des mots de vocabulaire, ils nécessitent que le bébé s’approprie des éléments venus du dehors – dans « apprendre », il y a « prendre ». Or, il ne peut y parvenir que s’il se sent suffisamment en confiance et a acquis une sécurité interne solide…
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Auteurs

Ancien chef du service de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent à l’hôpital Necker Enfants-malades, à Paris, et professeur émérite à l’université Paris-Descartes. Également psychanalyste, il préside l’association Pikler-Lóczy France. Il s’intéresse particulièrement au développement précoce des tout-petits, à l’autisme et à l’adoption. Il est l’auteur de nombreux ouvrages, dont Le Bébé et ses possibles (érès, 2019).

Professeur de psychologie du développement et de neurosciences cognitives de l’éducation à l’université Paris-Descartes, il dirige le laboratoire CNRS de psychologie du développement et de l’éducation de l’enfant (LaPsyDE) à la Sorbonne. Il étudie le développement cognitif et les apprentissages scolaires de l’enfant, de l’adolescent et du jeune adulte en associant l’approche comportementale et la neuro-imagerie. Il a codirigé l’ouvrage Le Cerveau et les Apprentissages (Nathan, 2018).
Sur un sujet proche
- Mis en ligne sur Cairn.info le 17/02/2020
- https://doi.org/10.3917/epar.634.0046

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