Agnès van Zanten : C’est notre système éducatif qui veut ça ! En France, l’école externalise vers les familles toute une partie des missions éducatives, que ce soit la réalisation des devoirs ou, dans le secondaire, le choix des filières et options. Les parents sont donc obligés de s’en emparer. On en voit d’ailleurs beaucoup aller sans leur enfant à des salons étudiants pour se renseigner. Ce n’est pas le cas dans tous les pays. En Norvège ou en Finlande, par exemple, il n’y a pas de devoirs à la maison à l’école primaire, pas d’enseignement privé et très peu de différences entre les établissements, ce qui limite le pouvoir d’intervention des parents. Par ailleurs, chez nous, l’école et le diplôme jouent un rôle déterminant dans l’insertion professionnelle. Quelqu’un qui n’a pas le niveau master ne peut pas être embauché comme cadre et aura du mal à évoluer, alors qu’ailleurs il pourrait compter sur la mobilité intraprofessionnelle.Nicole Catheline : Dans les années 1950-1960, nous avions une vision collective de la société. Aujourd’hui, l’individualisme domine. Le groupe ne décide plus pour nous. Chacun est libre de faire ses choix et contraint de démontrer ce dont il est capable. Or, avec la croissance démographique et le chômage, il devient particulièrement difficile de trouver un travail et une place dans la société sans diplôme. Dans ce contexte, de plus en plus de parents angoissés par l’avenir font appel à des professeurs particuliers ou à des coaches pour leurs enfants…