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«N’ayantpas eu de père, j’avais toutes les libertés », écrit Jean-Paul Sartre dans Les Mots. Le philosophe n’hésite pas à présenter la mort précoce de son père comme une véritable chance : libéré des injonctions et interdits paternels, il s’est senti totalement libre de construire sa vie comme bon lui semblait. Interdicteur, porteur du principe de réalité et des frustrations qui vont avec : c’est ainsi que le père a été considéré des générations durant. « On doit cette représentation en grande partie à la psychanalyse freudienne. Freud attribuait une fonction essentiellement symbolique au père, son rôle consistant à intervenir auprès de l’enfant à partir de l’âge de 5 ou 6 ans, au moment de l’œdipe, pour le séparer de la mère et l’inciter à entrer dans le monde. Tandis que les soins donnés aux tout-petits étaient, eux, l’apanage des mères », décrit Christian Gérard, pédopsychiatre et psychanalyste.
Or, dans le sillage de Mai-68 – même s’il a fallu encore attendre les années 1980 pour observer de réels changements –, femmes et hommes ont aspiré à échapper à cette répartition traditionnelle des rôles. Les premières refusant d’être réduites à leur « instinct maternel » et affirmant leur désir de s’investir aussi dans leur vie professionnelle ; les seconds revendiquant plus de proximité avec leurs jeunes enfants. « Ce sont les femmes qui ont ouvert le monde de la petite enfance aux hommes, et qui leur ont donné le goût du bébé ! Les mères ont associé les pères à la grossesse, ont réclamé leur présence à l’accouchement, ont partagé avec eux le nourrissage en optant pour le biberon »…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 22/10/2019
- https://doi.org/10.3917/epar.633.0030

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