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Cinq élèves de première et terminale débattent dans ma cuisine. Louise, 16 ans : « Je suis féministe, mais pour beaucoup, ce terme évoque une prise de pouvoir par les femmes. Or, ce n’est pas ça que je défends ; je veux juste avoir les mêmes droits que les hommes ! » Jade, 16 ans, préfère parler d’égalitarisme, et même d’humanisme. Amandine Berton-Schmitt, chargée de mission éducation au centre Hubertine-Auclert, ne s’étonne pas que le terme divise : « C’est lié à l’histoire du féminisme ; je ne connais aucun mouvement social qui ait subi autant de violences et de dénégations. Peu importe le terme ; l’important, c’est que la thématique attire ! » Ce qui est le cas : 77 % des filles de 15-24 ans se déclarent féministes (contre 68 % des femmes en général).
Comment le deviennent-elles ? Pour Elsa, 18 ans, « un jour, on prend conscience du sexisme ordinaire. À compter de ce jour, on ne peut plus ne pas être féministe ». Jade poursuit : « C’est un combat qui porte sur des détails de notre vie, très signifiants, dont on veut parler sans tabou : la masturbation et le plaisir féminin, les règles, les protections périodiques – qui devraient être remboursées –, le droit de rejeter les normes d’un corps parfait, de se laisser pousser les poils, etc. » Bref, des sujets que leurs mères n’osaient pas aborder. Au cours de l’échange, elles réalisent qu’elles vivent toutes les mêmes situations, dans la hantise de se faire agresser par des hommes. Maud, 17 ans, raconte : « Un jour, sur Instagram, une fille demande : “Ça vous arrive aussi, de garder vos écouteurs même quand vous n’avez plus de batterie …
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 11/07/2019
- https://doi.org/10.3917/epar.632.0042

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