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Il est communément admis que l’histoire est l’œuvre des seuls adultes. De nombreuses traces attestent pourtant que de jeunes, voire de très jeunes gens y ont joué un rôle actif. Ce mythe trouve en partie son origine dans l’évolution du statut de l’enfance : « Aujourd’hui, face à un conflit guerrier, notre première réaction est de tenir les enfants à l’écart, mais c’est une attitude relativement récente », explique Manon Pignot, maîtresse de conférence en histoire contemporaine à l’université de Picardie, spécialiste de l’expérience enfantine de la guerre. De la Révolution française à la Seconde Guerre mondiale, les exemples d’engagement adolescent foisonnent pourtant : « On retrouve la trace d’arrestations de très jeunes garçons dans la plupart des insurrections du XIXe siècle, notamment durant la Commune de Paris », confirme Jean-Claude Caron, professeur émérite d’histoire contemporaine à l’université Clermont-Auvergne. Ces figures de jeunes insurgés seront immortalisées, entre autres, par Eugène Delacroix dans son tableau La Liberté guidant le peuple. De son côté, Manon Pignot constate la présence d’enfants dans les bataillons de soldats durant la Première Guerre mondiale : « Plusieurs dizaines de milliers d’adolescents de 13 à 17 ans ont tenté, parfois avec succès, de gagner le front alors qu’ils n’avaient pas l’âge requis pour s’engager. Minoritaire, ce phénomène se retrouve cependant dans tous les pays belligérants. » Selon l’historienne, il concernerait aussi des jeunes filles : « En France, l’histoire a retenu le cas d’Émilienne Moreau, qui a pris les armes à 17 ans pour défendre son village occupé par les Allemands…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 11/07/2019
- https://doi.org/10.3917/epar.632.0039

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