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Comme le constatait Henri Wallon, « le premier intérêt de l’enfant est d’entrer en communication avec son entourage ». La famille, dans toutes les sociétés, constitue son premier lieu de socialisation. Dans les sociétés contemporaines, l’école devient, dès le plus jeune âge de l’enfant, sa seconde instance de socialisation : elle instaure les normes, codes et comportements qu’il doit assimiler pour faire partie de la classe. Balisant ce processus de socialisation avec plus ou moins de souplesse, elle réduit les possibilités d’initiative collective des élèves qu’elle accueille. À la récréation, elle leur offre toutefois un cadre où ils disposent d’une certaine autonomie et construisent des collectifs qui créent leurs propres normes.
La cour de récréation est un lieu d’observation ethnographique des processus de socialisation enfantine instructif, car les enfants y constituent des groupes informels fondés sur le partage de valeurs et de règles. Malgré le retrait relatif des maîtres, les relations entre pairs n’y sont pas anarchiques. Elles sont structurées sur le modèle transmis par les adultes, mais avec des interprétations propres au jeune âge. Le plaisir de jouer ensemble permet d’accepter les contraintes de l’activité collective. La peur de se retrouver seul incite à donner aux autres des garanties quant au respect de qualités appréciées dans un groupe : l’entraide, la loyauté et la volonté de défendre ses membres. Les observations montrent qu’au niveau de l’école élémentaire ce ne sont pas les leaders qui créent ces groupes…
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Auteur

Sociologue et anthropologue, docteur en ethnologie et en urbanisme, directeur de recherche émérite au CNRS. Dernier ouvrage paru : Islam en France, Islam de France (La Documentation française, 2016).
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 11/04/2019
- https://doi.org/10.3917/epar.631.0060

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