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Rachel Panckhurst : Alors que le ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, clame son souhait de construire une « école de la confiance », cette loi me semble aller dans la direction strictement opposée. Depuis 2010, le Code de l’éducation prévoyait qu’il appartenait à l’équipe pédagogique et à la direction de l’établissement de réguler les usages du téléphone portable grâce au règlement intérieur, notamment en précisant les lieux où il était interdit (cour de récréation, réfectoire, etc.). Et cela fonctionnait très bien. Pourquoi faire voter une loi, si ce n’est pour imposer une forme de verticalité ? Cela revient en quelque sorte à faire preuve de méfiance vis-à-vis des équipes pédagogiques, à les déresponsabiliser.
Max Aubernon : Je ne considère pas du tout cette loi comme un désaveu ni comme une déresponsabilisation. Elle permet de fixer un cadre réglementaire commun à tous les établissements français et offre aux équipes pédagogiques une base juridique solide sur laquelle s’appuyer pour faire respecter l’interdiction des téléphones portables et accepter leur éventuelle confiscation. Par ailleurs, il incombe toujours aux établissements, par le biais de leur règlement intérieur, d’organiser les modalités de l’interdiction (exemple : le téléphone doit-il être déposé dans un casier ou simplement laissé éteint au fond du sac ?) ainsi que les cas précis d’usage pédagogique où il peut être autorisé.
De nombreux collèges avaient déjà opté pour l’interdiction du téléphone portable…
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Auteurs

Chercheuse au laboratoire Dipralang (sociolinguistique, anthropologie des pratiques langagières et didactique des langues-cultures) et maître de conférences en linguistiqueinformatique à l’université Paul-Valéry (Montpellier-3). Elle s’intéresse aux discours numériques médiés (courriels, SMS, chats, forums, etc.) et aux dispositifs d’elearning novateurs.

Principal du collège Boris-Vian (Paris, 17e), où l’utilisation du téléphone portable était interdite par le règlement intérieur dans les couloirs, les salles de classe et la cour de récréation avant l’entrée en vigueur de la loi. C’était aussi le cas dans les cinq autres établissements où il a été en poste ces dix dernières années.
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 11/04/2019
- https://doi.org/10.3917/epar.631.0056

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