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10 h 15 : l’heure de la récréation sonne au collège toulousain Sainte-Marie-des-Ursulines. Les élèves s’éparpillent dans la cour. Des grappes de garçons s’agitent et bousculent d’autres groupes, plus statiques ; plusieurs trios de filles, qui discutaient tranquillement, s’écartent. Les collégiens ne semblent pas surpris de cette occupation genrée et inégalitaire de l’espace ! Les garçons aiment se dépenser et le disent ; les filles s’agacent de devoir éviter ces bulldozers mais s’en accommodent, comme Charlotte, élève de cinquième : « C’était pire en primaire, quand les garçons jouaient au foot à la récré. Si on se prenait un ballon, certains disaient : “Poussez-vous, les filles ! Vous voyez bien que vous gênez !” »
Garçons et filles n’occupent pas de la même manière l’espace d’une cour de récréation. En primaire, les premiers colonisent le centre (là où, généralement, le terrain de football est tracé au sol), les secondes, les garçons non footballeurs et tous les enfants jugés « non conformes » (en surpoids, etc.) se contentent des côtés. Selon Édith Maruéjouls, géographe experte des questions d’égalité dans l’espace urbain, « 10 % des élèves occupent 90 % de la cour… ». Or, cette occupation inégalitaire de l’espace – les garçons « s’étalent », les filles se contentent des coins et prennent l’habitude de ne pas gêner – se retrouve ensuite dans la rue, le métro, etc.
La cour de récréation, cet espace libre, non régulé par les adultes (même s’ils le surveillent), est censée constituer le lieu idéal pour apprendre à vivre ensemble de façon égalitaire…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 11/04/2019
- https://doi.org/10.3917/epar.631.0050

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