Le bilan de la psychiatrie que vous dressez est plutôt sombre. Qu’en est-il de la pédopsychiatrie ?Pierre-Michel Llorca : C’est le même bilan… amplifié : d’un côté, on a des problèmes d’organisation, de délais d’attente, d’accès aux soins. De l’autre, on constate beaucoup d’énergie et de créativité. La pédopsychiatrie a une spécificité : le faible nombre de ses professeurs. Ils sont 32 en France (0,7 % des professeurs de médecine). C’est le taux d’encadrement le plus faible : 1 pour 60 internes, contre 1 pour 8 en pédiatrie ! Dans ma région, l’Auvergne, je suis le seul professeur de pédopsychiatrie depuis 2001 ! La discipline a longtemps eu une tradition de recherche plutôt orientée vers les sciences humaines. De ce fait, les publications scientifiques des candidats ne répondaient pas aux exigences pour obtenir un poste de professeur. Et puis la discipline suscite moins de vocations car il est difficile de se former et les conditions de travail se durcissent. Le Ministère commence à prévoir des financements spécifiques pour la recherche en pédopsychiatrie, donc le mouvement commence à s’inverser…Pourquoi la psychiatrie souffre-t-elle de difficultés d’organisation ?
Face à une pathologie psychiatrique, le système actuel de prise en charge juxtapose souvent un soin de proximité et un soin de recours. Par exemple, si vous souffrez d’une maladie de Parkinson, vous êtes suivi par un neurologue proche de chez vous et, régulièrement, vous consultez le centre de référence Parkinson, qui ajuste le traitement en concertation avec votre praticien…