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En 2015, les images, diffusées en boucle, de familles marchant sur la route des Balkans les bras chargés d’enfants ont rappelé que l’exil se vivait souvent en famille, ce qui a des conséquences sur le fonctionnement de celle-ci. Plusieurs recherches consacrées aux migrants depuis la fin du xxe siècle font ressortir l’impact de la trajectoire et des conditions de départ et d’accueil sur l’exercice de la parentalité.
Le départ vers l’exil de familles exposées aux persécutions ou aux dangers collatéraux des guerres civiles se fait rarement dans un ordre planifié permettant de rassembler tous les proches et de reconstruire ensuite sereinement la cellule familiale dans le pays d’accueil. Il manque souvent à l’appel l’un des parents, mort, emprisonné ou disparu, mais aussi parfois quelques enfants, absents au moment du départ. Il manque aussi, inévitablement, ce que le psychiatre Jorge Barudy appelle le « tiers protecteur », cet ensemble constitué de parents proches et de voisins bienveillants qui entourait la famille au pays, susceptible d’intervenir pour atténuer les éventuelles tensions internes en toutes circonstances.
D’où la recherche d’un milieu de sociabilité et d’entraide de substitution pour échapper à l’enfermement dans une cellule familiale réduite et, souvent, déséquilibrée par l’absence de certains de ses membres. La vie en France et, en particulier, dans un lieu collectif comme un Centre d’accueil pour demandeurs d’asile (Cada) permet la reconstruction d’un tel univers communautaire…
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Auteur

© D.R.
Sociologue et anthropologue, docteur en ethnologie et en urbanisme, directeur de recherche émérite au CNRS.
Dernier ouvrage paru : Islam en France, Islam de France (La Documentation française, 2016).
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 15/01/2019
- https://doi.org/10.3917/epar.630.0058

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