Quels sont les motifs qui conduisent au placement d’un enfant ?Michèle Créoff : Le plus souvent, le placement est décidé du fait de l’incapacité temporaire ou définitive des parents à assumer les besoins fondamentaux de leur enfant, et donc de lui assurer un développement harmonieux. Cette incapacité peut relever de causes variées. Elle peut être due à une addiction, à une pathologie mentale sévère ou à des troubles de l’attachement liés à l’histoire personnelle des parents, et être renforcée par des situations socio-économiques de précarité. Contrairement à ce que l’on pense fréquemment, les placements ne sont pas si longs : en moyenne, ils durent deux ans et demi. Ces dernières années, l’âge du premier placement a reculé de façon significative, pour intervenir plutôt à la préadolescence ou à l’adolescence.Daniel Coum : La décision de placement repose en effet sur le constat de la défaillance de cette dynamique familiale et aussi, bien sûr, de la souffrance de l’enfant. Selon les époques, le système de protection de l’enfance a une plus ou moins grande tolérance au « mauvais » traitement dont l’enfant est victime. Et la décision de le « déplacer » intervient plus ou moins rapidement. La philosophie actuelle consiste plutôt à développer des actions de prévention afin de retarder, voire d’éviter le placement.Dans les années 1960, on comptait 800 000 enfants placés. Aujourd’hui, ils sont moins de 150 000. Est-ce le reflet de cette philosophie ?Michèle Créoff : La chute énorme du nombre de placements ces quarante dernières années s’explique avant tout par la hausse du niveau de vie de la population française…