Dans notre société où les médias, comme les politiques, prônent l’égalité homme-femme, la situation des parents, hommes ou femmes, qui élèvent leur(s) enfant(s) seuls met en lumière certains stéréotypes qui continuent à imprégner la perception de la famille en France. Ainsi, les mères restent les interlocuteurs privilégiés des professionnels quels qu’ils soient (santé, école, etc.), les pères étant cantonnés à un rôle secondaire. Comment font ceux qui s’occupent quotidiennement de leur(s) enfant(s) sans médiation maternelle ? Comment se sentent-ils perçus et comment vivent-ils leur paternité au quotidien ?
Les dix-huit pères solos que nous avons rencontrés se sont retrouvés dans cette situation non pas à la naissance de l’enfant mais en raison d’un veuvage ou d’une séparation, le plus souvent à l’initiative de leur conjointe. Une séparation subie donc, dans un contexte de tension (« du jour au lendemain, leur mère est partie »). Seuls deux pères déclarent que l’attribution de la résidence principale s’est déroulée dans de « bonnes » conditions : Fabien (40 ans, 1 enfant), qui souhaitait l’obtenir mais n’en avait pas fait la demande, faite finalement par sa fille – les pères sont rarement à l’initiative d’une demande de garde principale, soulignent plusieurs travaux en droit de la famille ; et Marco (40 ans, 2 enfants), qui explique que son couple a été à l’origine de cette décision, contre l’avis du juge. Qu’il y ait ou non conflit autour de l’attribution de la garde de l’enfant, la justice analyse toujours les relations entre les parents et les compétences parentales de chacun pour désigner « le plus compétent » ou « le moins mauvais »…