CAIRN.INFO : Matières à réflexion
Se retrouver parent solo est difficile au jour le jour, concrètement et psychologiquement. De nombreuses associations proposent des services pour adoucir ce quotidien. Zoom sur huit belles initiatives.

1La préoccupation première d’un parent solo ? Les questions opérationnelles ! Car, quand on vit seul avec ses enfants, on est à 100 % dans le concret : comment se loger sans se ruiner ? Vers quels loisirs se tourner avec un budget serré ? Comment faire ses courses au supermarché sans voiture ou distraire son enfant quand on travaille le week-end ? En résumé, comment vivre comme les autres familles avec moins de temps, moins d’argent, moins de soutien ? « Il faut un village pour élever un enfant », dit un proverbe africain. Les parents solo pourraient ajouter qu’il faut de l’entraide et du partage pour élever le leur. Un peu partout en France, des associations et des collectifs de parents solo proposent cet accompagnement qui rend le quotidien plus léger et solidaire. Et qui donne envie à certains d’enrichir à son tour ce formidable maillage de l’entraide !

Garde d’enfants innovante, avec soutien scolaire et éveil artistique

Mom’artre/une quinzaine de lieux en France

2Doit-on s’étonner que ce réseau ait été fondé par une mère solo qui ne trouvait pas de mode de garde adapté à ses horaires décalés ? Aujourd’hui, Mom’artre compte une douzaine d’antennes : sept à Paris, deux à Nantes, trois à Marseille, une à Arles et une autre, bientôt, à Argenteuil. Partout, le but est le même : offrir un lieu d’accueil pour les 6-11 ans, de la sortie de l’école à 20 heures à Paris (19 heures en province), avec un goûter, de l’aide aux devoirs et un atelier (arts plastiques, cirque, théâtre, etc.). Le coût horaire dépend des revenus du parent ; pour les plus modestes, il est de 10 centimes l’heure (voire gratuit). Et, ici, les portes sont ouvertes aux parents. Edith Geahel, directrice du pôle du 18e arrondissement, à Paris, explique : « Avant chacune des petites vacances scolaires, les parents sont invités à un vernissage pour découvrir la production de leur enfant. Au quotidien, ils peuvent également venir le chercher à partir de 18 h 30, mais rester avec lui jusqu’à 20 heures si ce dernier n’a pas fini son atelier. Ils sont aussi invités à participer à des sorties (théâtre, etc.). » Enfin, les locaux sont ouverts à d’autres collectifs proposant des activités (couture, jeux de société, etc.). C’est un vrai lieu de vie qui anime le quartier ! Le plus dur, finalement, c’est d’en partir…

3 momartre.net

Un café pour parents, un lieu pour jouer avec son enfant

Le Café des familles/Alès (30)

4Le Café des familles ouvre ses portes trois demi-journées par semaine à Alès. Son but : mettre en lien les parents. Sylvie Bouchet Joly, l’animatrice de ce Café, détaille : « Deux fois par semaine, il y a un temps d’activité manuelle entre parents et enfants. Récemment, ils ont créé un mobile en forme d’oiseau. C’est important de faire une activité ou un jeu ensemble... Surtout si on en a peu l’occasion par ailleurs. » Une fois par semaine, le Café accueille uniquement les parents ; c’est alors le temps des confidences. Ils racontent leur histoire, se conseillent. La parole circule beaucoup : le sommeil, l’autorité, la jalousie… Au fil des visites, chacun prend peu à peu ses marques, participe aux tâches collectives telles qu’installer le matériel, ranger. Et l’animatrice remarque des liens de solidarité se tisser entre parents solo (60 % du public accueilli). Au point que, comme dans un café « classique », on se donne rendez-vous ici entre amis !

5 facebook.com/Café-des-Familles-La-Clède-1474606959517628/

Accompagner le retour à l’emploi des mères solo

EPE/Hautes-Pyrénées (65)
« Vas-y Maman » est une action destinée aux mères solo, précisément à celles qui sont en réinsertion professionnelle. La CAF et le CIDFF1 des Hautes-Pyrénées organisent des séances en groupe à raison de deux fois deux heures, animées par une psychologue de l’EPE des Hautes-Pyrénées sur deux thèmes : éduquer seule un enfant et la séparation mère/enfant. Ce dernier sujet, délicat, concerne particulièrement celles qui vont retrouver un emploi : comment dépose-t-on un petit à la crèche le matin ? Au moment où l’on part travailler, que lui dit-on, comment parle-t-on de son travail ? « Il y a des rires et des pleurs! Les mères échangent beaucoup entre elles, sur leur quotidien, leur histoire, comment parler du père (absent, ou avec lequel on ne s’entend pas toujours) », note la psychologue, Valérie Perpignan. Ce premier contact sert parfois de « tremplin » vers l’EPE pour des entretiens individuels. Pour son enfant… mais aussi pour soi.
1. Centre national d’information sur les droits des femmes et des familles.
ecoledesparents.org/reseau-epe/epe-des-hautes-pyrenees-65

Garde d’enfants à horaires décalés

Temps d.e.m./Poitiers (86)

6Lorsqu’on a des horaires de travail inhabituels (avant 9 heures, après 19 heures), concilier le travail et la vie de famille est un vrai casse-tête… surtout s’il n’y a qu’un parent à la maison ! Pour permettre d’harmoniser ces deux vies, l’association Temps d.e.m. met en relation des familles et des professionnels de la petite enfance pour garder à domicile les enfants de 0 à 13 ans, 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24. Dans les faits, ce service s’adresse à tous les parents, mais la directrice, Charlotte Boutillier, remarque : « Par la force des choses, ce sont les parents solo qui souffrent le plus des horaires décalés, notamment les femmes de ménage, les hôtesses de caisse qui travaillent le week-end et le personnel hospitalier. » Dernier détail… qui n’en est pas un : jusqu’aux 6 ans de l’enfant, la CAF prend en charge jusqu’à 85 % des dépenses, soit un reste à payer de 3,30 euros par heure. Quel dommage que, pour les parents solo, cette prise en charge ne s’étende pas au-delà des 6 ans de l’enfant…

7 tempsdem.fr/

Redonner aux femmes le pouvoir d’agir

Centre social La Pépinière/Pau (64)

8La Pépinière accompagne des mères solo bénéficiant des minima sociaux. Première étape : six semaines à temps plein pour se remobiliser, toutes ensemble, sur le plan personnel et professionnel, et discuter santé, bien-être, droits des femmes, citoyenneté, etc. Puis chacune bénéficie d’un suivi d’un an pour se remettre en selle. Le 8 mars dernier, ces mamans solo ont vécu une journée pas comme les autres. Depuis janvier, elles élaboraient un texte collectif listant des propositions autour de la monoparentalité… Elles l’ont porté en mains propres à la délégation aux Droits des femmes, à l’Assemblée nationale ! Michèle Foueillassar, qui accompagne ces mamans solo depuis des années, s’en réjouit : « “Nous étions des sans-voix”, a dit l’une d’elles. Mais là, elles ont toutes pris la parole, en public… Ce que beaucoup n’avaient jamais fait de leur vie. Ce n’est pas parce qu’on est aux minima sociaux qu’on doit se taire ! »

9 www.pepiniere-pau.org

Des parrains, du côté de chez soi…
Un enfant, des parrains

Des parrains, du côté de chez soi…

Un enfant, des parrains/Haute-Garonne et Ariège (31 et 09)

10On n’est jamais trop nombreux autour d’un enfant… L’association Un enfant, des parrains compte plus de cent familles membres. Certaines souhaitent parrainer un enfant, d’autres (dont des mamans solo) aimeraient faire parrainer le leur. L’enfant, lui, liste ses souhaits : envie de nature, de montagne et d’animaux ou, au contraire, sorties culturelles. « Nous avons des parrains de 22 à 80 ans. Soutien scolaire, cinéma, match de foot, randonnée, pêche, etc. : chaque parrain partage ce qu’il aime. Nous organisons une première rencontre pour observer si la greffe prend », explique Danielle Lagarde, responsable de l’association en Ariège. Si c’est le cas, naissent alors de belles relations. Certains grands parrains (qui parrainent plusieurs enfants) prennent leur filleul un week-end sur deux et la moitié des vacances. « Cela devient une famille élargie », ajoute la responsable. Récemment, l’un d’eux a été hospitalisé. Des mamans se sont occupées des enfants qu’il parrainait et lui ont rendu visite à l’hôpital. Et les enfants, comment les considèrent-ils, ces parrains ? « C’est mon papy, c’est ma mamie ! » déclarent-ils, enthousiastes. Quand le cœur parle, peu importe la génétique.

11 unenfantdesparrains.fr

Coloc entre parents solo

CoToiturage/partout en France

12Ce site est une sorte de Bon Coin de la colocation entre parents solo ! Les uns en proposent, les autres en recherchent. Entre les intéressés, une liste de critères, pour que la première rencontre se passe au mieux : éducation cool ou stricte ? Lève-tôt ou lève-tard ? Casanier ou non ? Arte ou télé-réalité ? Maniaque ou désordonné ? Chaque parent indique s’il souhaite simplement partager un logement ou aussi des moments de vie (aide aux devoirs, repas, sorties, accompagnement à l’école, etc.). « Bien souvent, les parents solo ne souhaitent pas uniquement faire des économies, ils cherchent surtout du partage et de l’entraide, afin de rompre le face-à-face parent-enfant », note Jessica Lévy, cofondatrice de ce site gratuit. Et elle sait de quoi elle parle : enfant, elle a expérimenté ce principe pendant l’été avec sa mère. Elle en a gardé de si bons souvenirs qu’elle et son amie d’enfance, avec qui elle a fondé le site, réfléchissent aujourd’hui à un « cotoiturage » pour les vacances ! Avis aux amateurs… Ils sont déjà quatre mille à fréquenter le site.

13 cotoiturage.fr

Atelier « Je suis ce que je mange » aux Fourmilles argentées

Échanges solidaires

Les Fourmilles argentées/Fontenay-sous-Bois (94)

14Le principe de cette association ? « Même si ce n’est pas son métier, chaque parent a un talent qu’il peut proposer aux autres », résume Béatrice Henry, la fondatrice. Entretenir une voiture, couper les cheveux, changer un robinet, apprendre à se maquiller… voici quelques-unes des activités proposées moyennant 10 euros par mois. Sans oublier les conseils juridiques gratuits d’un avocat bénévole. « Lorsqu’il n’y a plus qu’un salaire, il faut s’entraider ! Une trame de bienveillance se tisse ainsi jour après jour. » Ainsi, un père va au supermarché en voiture le vendredi et emmène celles qui sont à pied. En contrepartie, une maman solo lui mitonne une blanquette de veau… Ces échanges rendent le quotidien plus doux et solidaire. Dans quelques semaines, les adhérents partent quatre jours tous ensemble, à vingt-six, dans la Creuse ! Au programme, ski nautique, voile… et farniente, bien sûr. Comme dans n’importe quelle (grande) famille !

15 fourmilles-argentees.fr

Anne Lamy
Dernière publication diffusée sur Cairn.info ou sur un portail partenaire
Mis en ligne sur Cairn.info le 12/05/2017
https://doi.org/10.3917/epar.623.0050
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