1 En novembre 2016, le ministère des Familles et huit têtes de réseau associatif ont créé le site Parents solos et compagnie, un collectif d’entraide qui permet aux parents et aux professionnels en contact avec des familles monoparentales de partager les bonnes idées du quotidien, de rompre l’isolement et de susciter les envies de passer à l’action soi-même. Laure Skoutelsky, coordinatrice, revient sur la genèse de ce projet très participatif.
Comment est née cette idée d’un réseau destiné aux parents solo ?
2 Laure Skoutelsky : Malgré le soutien des politiques publiques aux familles monoparentales, il restait des besoins non couverts. En 2015, Laurence Rossignol, alors ministre des Familles, de l’Enfance et du Droit des femmes, est partie de l’hypothèse qu’il subsistait un « point aveugle », qui ne se traite pas par des financements ou des dispositifs supplémentaires : le droit au répit parental. Il fallait trouver des solutions d’entraide entre parents solo. Une étude action a donc été lancée, associant le ministère, des organismes sociaux, les réseaux associatifs et les parents solo. Il en ressort que ces parents expriment des difficultés qui, au-delà des questions financières, font émerger des besoins d’entraide et de reconnaissance de leur capacité à agir. Le réseau Parents solos et compagnie s’est construit sur cette base : identifier les ressources locales, les mettre à leur disposition et accompagner l’organisation collective.
Concrètement, comment un parent solo utilise-t-il le site ?
3 Par exemple, il habite en banlieue parisienne, cherche à faire garder son enfant après l’école, du covoiturage pour les courses ou du soutien scolaire, etc. Sur le site, où tous les acteurs sont géolocalisés, il indique sa ville et regarde ce qui existe autour de chez lui. Il n’a plus qu’à contacter la ou les structures proposées. Le site est bien plus qu’un simple annuaire : chaque action est détaillée en quelques lignes, pour que le parent sache précisément ce qu’il va trouver… et ne tombe pas sur un guichet ou une porte fermée !
Les enseignements de l’étude action
A.L.
Le site :
Liste des têtes de réseau associatif
• Caisse centrale de la mutualité sociale agricole (membre associé)
• Caisse nationale des allocations familiales (membre associé)
• Direction générale de la cohésion
• Fédération des centres sociaux et socioculturels de France
• Fondation pour l’enfance
• France parrainages
• Grands Parrains
• Ligue de l’enseignement
• Parrains par mille
• Secours catholique
• Union nationale des associations de parrainage de proximité
• Union nationale des associations familiales
Selon vous, qui sont les parents solo les plus vulnérables ?
4 Ce ne sont pas forcément les parents des milieux les plus modestes, plutôt ceux qui vivent en zone rurale. En milieu urbain, les familles s’organisent pour compenser l’absence de moyens financiers ou le manque de temps : quand l’école est à 400 mètres de l’immeuble, y amener l’enfant, le récupérer, cela se fait naturellement entre voisins. Dans les zones rurales ou de logement moins dense, c’est plus compliqué. Le parent solo ne dispose pas toujours de ce réseau de proximité, et son revenu ne lui permet pas de le compenser (baby-sitters, etc.). Le plus dur ? Quand, en raison de très faibles revenus, il s’installe en milieu rural profond. Une panne de voiture, et c’est l’isolement assuré… Or, c’est justement ce dont souffrent – déjà – de nombreux parents solo.
Après quelques mois d’existence de ce réseau, quel bilan faites-vous ?
5 Il s’enrichit sans cesse avec les associations ou collectifs de parents solo qui nous rejoignent. Régulièrement, des parents me contactent pour monter leur association ; ce n’est pas le réseau qui leur en a donné l’idée, elle mûrissait bien avant. Mais, comme il reconnaît leurs compétences, ils se lancent.
6 Pour les accompagner, nous ne leur disons pas : « Allez voir la maison des associations » ou « Remplissez le formulaire X ». En Île-de-France, par exemple, nous avons fait se rencontrer des parents (de Thiais, Montreuil, Saint-Ouen, Élancourt) porteurs de projets et deux associations de parents solo existantes pour qu’ils échangent : « Face à cette difficulté, comment avez-vous fait ? » ; « Et pour trouver un local, vous faire connaître, de quelle façon avez-vous procédé ? » Ces projets qui naissent partout en France, c’est une excellente nouvelle ! Et ce n’est qu’un début…