1Absentéisme et décrochage scolaire, harcèlement entre pairs et violences institutionnelles, phobie scolaire et troubles anxieux, mal-être des adolescents et divorce entre les parents et l’école, discriminations sociales et ségrégations urbaines semblent constituer les symptômes – souvent dénoncés avec virulence – de l’école. Élitisme, sélection impitoyable, concurrence effrénée en dévoilent une autre facette.
2Il serait puéril de ne pas reconnaître les épreuves qu’elle traverse, tout comme les éducateurs et les parents, dans ce monde en profonde mutation, déstabilisé par la révolution digitale et la transformation du monde du travail. Nos repères ne sont plus lisibles ni compréhensibles, nos certitudes deviennent instables, nos connaissances provisoires. Ainsi, nous sommes plongés malgré nous dans des savoirs qui s’opposent, des pratiques qui s’excluent, des modes qui disparaissent aussi vite qu’elles sont apparues.
3Loin du pessimisme ambiant, des discours simplistes, populistes et extrémistes – reflets d’un monde désenchanté –, nos bénévoles, nos professionnels et nos associations agissent au quotidien au service d’une réelle ambition éducative et d’un vivre ensemble mieux partagé au sein de la famille comme de l’école, à l’opposé des recettes et des prêts-à-penser de toutes sortes.
4Les écoles des parents et des éducateurs interviennent avec et pour le jeune, avec et pour ses parents, avec ou sans l’école. Elles animent des espaces tiers où les paroles peuvent dénouer des situations complexes, où l’écoute et le dialogue facilitent la médiation des apprentissages et des relations. Notre volonté : agir au plus proche, pour redonner confiance, espérance, compétence et estime de soi aux jeunes comme à leurs parents en changeant, si besoin, leur regard sur l’école.
5L’enjeu majeur, pour nous, consiste à promouvoir des espaces de coproduction éducative avec l’ensemble des acteurs : élèves, parents, professeurs et membres de la communauté éducative, partenaires extérieurs et représentants du monde économique, afin de mieux comprendre les situations et impulser, ensemble, des stratégies d’action pour y remédier. Loin des accusations et des incantations, nous avons résolument choisi de privilégier une coéducation en action, articulée autour des problématiques clinique, culturelle et sociale, à même de renforcer les espaces d’expérimentation et d’étayage. Il nous appartient de construire les conditions de l’épanouissement et de l’apprentissage des enfants pour garantir à chacun la possibilité de mener son chemin de vie avec créativité et singularité, liberté et solidarité, hospitalité et fraternité.
6Avec à l’esprit, toujours, cette invitation d’Andrée Chédid : Mon semblable / Mon autre / Là où tu es / Je suis [1].
Notes
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[1]
Extrait du poème « L’Autre », in Rythmes, Gallimard, 2002.