En milieu africain, comme dans toute société, le contexte culturel confère aux maladies mentales des caractéristiques qui modifient leur physionomie habituellement observée en Europe (Diop, 1967) ; la dépression est l’exemple le plus cité par la plupart des auteurs. Mais il est vrai que chaque culture génère ses représentations des phénomènes et événements, leur donnant du sens, à la fois une origine, une finalité, mais aussi une apparence. Ces représentations ont un aspect mythologique, c’est à dire une illustration, une fiction qui devient une allégorie par son inscription dans l’espace-temps. Et un mythe, quand cette fiction devient une généralisation, un consensus d’adhésion, et qu’il imprègne les pratiques, comportements, modes de pensée, individuels. Ce mythe alors devient une théorie, qui explique la phusis, s’incarne en comportements individuels (l’éthique) ou collectifs et se reflète dans des constructions métaphoriques (l’esthétique). La culture occidentale étant dominante, elle ne perçoit plus toujours qu’elle produit aussi des représentations culturelles, qu’en revanche elle distingue comme ayant existé dans le passé, ou comme existant pour les groupes culturels minoritaires, ou les autres espaces culturels, qu’elle place en position de dominés, et donc objets d’étude (Favret-Saada, 1997).
Ils réalisent en quelque sorte cette situation hypothétique, en la nommant, l’explicitant, l’inscrivant dans une trame symbolique, en construisant par conséquent un logos à la fois désignation, nomination, explication…