Certains anthropologues, comme Claude Lévi-Strauss ou Georges Dumézil, ont établi qu’il existait un certain nombre de structures narratives de base, que l’on pourrait retrouver dans toutes les civilisations et qui, structurant les constructions mythologiques, les récits fondateurs de certaines civilisations et institutions sociales, seraient susceptibles, selon un mécanisme identique, de construire des romans familiaux. Elles déterminent des trajectoires individuelles ou des destins singuliers, inscrivant à travers un processus de désignation (comme le font et le sont le nom et le prénom) tout un processus d’engendrement : induisant des conduites, des comportements, mais aussi des psychopathologies particulières. Ces mécanismes invisibles, chargés d’un sens et de significations, sont importants à décrypter, à décoder, à rendre visibles, afin d’y appliquer un logos, de quelque nature qu’il soit, qui permette de passer du réel au symbolique, ou bien de substituer un logos à un autre.
Nommer, c’est designer l’autre, appliquer sur l’autre un logos qui est déjà une manière de sélection, susceptible de déterminer et de reconnaître, soutenir, mais aussi nier l’humanité en l’autre. Cette nomination porte en elle tout un passé, une histoire, et aussi un futur, qui se cristallisent suite à une annonce, agissant alors comme un révélateur. Le plus bel exemple est en quelque sorte l’histoire d’Œdipe, dont le nom même, qui signifie pieds gonflés, traduit tout le poids du destin. Il est exposé à l’aléa divi…