Dans la littérature, peu d’articles évoquent la manière dont se construisent aujourd’hui les adolescents franco-algériens. Pourtant, ils portent en eux, et bien malgré eux, l’Histoire d’une déchirure entre leurs deux pays, préalablement reliés par la force, durant 132 ans. C’est la question que pose cette étude, à savoir comment se construisent les descendants de l’histoire coloniale ? Cela pose la question des identifications adolescentes, potentiellement influencées par les transmissions transgénérationnelles. Cela interroge aussi les formes de leur inscription dans la société contemporaine, à travers leur rapport à l’école, qui fut, hier, celle de la domination.
Il existe, pour certains, une vulnérabilité transculturelle (Moro 2002) du fait des redéfinitions des places dans la filiation et les affiliations, inhérentes au processus adolescent. Le déni collectif de leur Histoire, qui est aussi notre Histoire, et les représentations négatives de « l’indigène » peuvent, potentiellement, entraver les identifications plurielles des descendants de colonisés, à l’âge de l’adolescence.
A l’heure de l’espoir d’un renouveau démocratique en Algérie, porté en partie par la jeunesse de leur pays d’origine, cette étude a pour objectif d’interroger les adolescents concernés sur leur rapport à l’école dans sa globalité, identifiant, le cas échéant, les supports de la construction identitaire.
Cette étude inductive est qualitative, complémentariste et transculturelle (Devereux 1967)…