Les représentations mentales du bébé et de l’enfance ne sont pas de l’ordre d’un invariant universel, tant s’en faut. Aujourd’hui, dans notre culture occidentale, le bébé a acquis, depuis peu, un statut de sujet (en devenir) beaucoup plus actif que dans les représentations mentales d’autres fois, nous y reviendrons.
Après s’être longtemps surtout fondée sur des constructions mythologiques, notre vision actuelle des débuts de la vie psychique du bébé s’est progressivement enrichie d’éléments issus de trois sources :
la cure psychanalytique qui, sur le fond de la dynamique transféro-contretransférentielle, peut donner lieu à la réactivation de processus psychiques archaïques habituellement recouverts ;
l’étude de plus en plus approfondie des organisations autistiques et psychotiques qui permettent de voir comme au ralenti et de manière grossie, des mécanismes psychiques qui existent aussi chez les bébés mais de manière beaucoup plus discrète et fugitive ;
l’observation directe des bébés enfin, selon la méthodologie d’E. Bick (1964) qui a beaucoup apporté à la connaissance des premiers temps du développement même si son objectif prioritaire est par définition un objectif de formation et non pas de recherche.
Le concept de « situation anthropologique fondamentale » développé par J. Laplanche (2002) s’inscrit bien évidemment dans cette longue histoire des idées et des connaissances et sur le socle de la néoténie, elle nous invite à penser les choses entre autoconservation et sexuel, entre corps et relation…