L’hypothèse de ce travail est la suivante : dans les pays industrialisés, l’échographie obstétricale est aujourd’hui un espace-temps de rencontre qui oscille entre rite obsessionnel aliénant tel qu’on l’entend en psychanalyse et rituel séculier créatif de passage à la parentalité tel qu’on pourrait l’envisager en anthropologie. Elle découle d’une étude interdisciplinaire sur le cadre échographique à la maternité de Versailles (dans la région parisienne) qui a montré que les échographies obstétricales constituent un espace potentiel de prévention médico-psycho-sociale primaire et secondaire « tout venant ». L’analyse montre que pour que l’échographie obstétricale devienne un rituel et n’en reste pas au rite obsessionnel, il est nécessaire que le vécu du rituel soit l’objet d’une symbolisation commune entre parents et professionnels, condition d’une « efficacité symbolique ». La diversité des dispositifs individuels, conjugaux et collectifs de préparation à la naissance et à la parentalité peuvent ainsi y contribuer. Mais pour cela, les animateurs de ces dispositifs doivent prendre en compte la conflictualité latente entre la médicalisation de la transparence de la grossesse et les rites de protection du fœtus de la mère dans sa culture d’appartenance. Le rêve et son récit peuvent occuper, dans ce contexte, un espace de médiation interculturel de choix. Enfin, les professionnels soutenant les aménagements subjectifs parentaux au profit d’une ritualisation de l’échographie obstétricale, doivent bénéficier d’un espace de réflexion où les attentes, la dynamique psychique et les référentiels culturels de chacun des acteurs en présence seront l’objet d’une réflexivité partagée. En l’état, ce statut d’une échographie obstétricale répondant aux caractéristiques d’un rituel séculier est donc à envisager comme un objectif collectif à atteindre.
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- rite, diagnostic prénatal
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- culture
- trouble obsessionnel compulsif