CAIRN.INFO : Matières à réflexion

Posons d’abord, et gardons-le à toutes fins utiles en tête que, pour des raisons que la suite clarifiera peut-être, le bébé est un support idéal à toutes les projections. Demandons-nous ensuite comment une anthropologue, qui a longtemps travaillé dans un même village du Laos autour de questions relatives à la petite enfance, en particulier sous l’angle de l’apprentissage et de son rôle dans la fabrication des personnes, peut contribuer à établir, autour des bébés, un dialogue entre l’anthropologie et la psychanalyse. Ajoutons à un intérêt intime pour la psychanalyse, la curiosité intellectuelle ancienne, nécessaire et logique, vu ses centres d’intérêt, de cette anthropologue pour toutes les psychologies qui se sont intéressées à l’enfant, à son psychisme ou à sa pensée et à son développement. Terminons enfin par son attachement à une approche réflexive et épistémologique. Secouons. Il en sort le désir de fabriquer une anthropologie des anthropologies et des psychologies des nourrissons. L’exercice sera périlleux puisqu’il exige, en déplaçant son attention d’un village laotien vers des communautés de pratiques scientifiques qui sont en partie les siennes, de se regarder « soi-même comme un autre » (Ricœur, 1990).
Je discuterai donc dans un premier temps, nécessairement trop rapidement et partiellement, de la manière dont l’anthropologie a constitué l’enfant, et plus particulièrement le bébé, en sujet. Dans un second temps, je rebondirai à partir des questions qui auront émergé de cette incursion sur le terrain anthropologique, sur le défi méthodologique que semble avoir posé aux Sciences de l’Homme qui s’en sont préoccupées, l’étude du bébé…

Français

Cet article à vocation épistémologique et exploratoire, se présente comme une comparaison de deux formes possibles, appartenant à deux disciplines différentes, la psychanalyse et l’anthropologie, d’investigation par l’observation du mystère que continue à constituer le bébé. L’observation selon la méthode Esther Bick a été conçue pour compléter la formation des psychanalystes et elle concerne le bébé dans sa spécificité. L’observation participante, fondatrice de l’anthropologie moderne, vise toutes les dimensions de la vie sociale mais n’a pas été pensée pour ce sujet singulier.
Après avoir proposé quelques hypothèses concernant la place marginale que le bébé occupe dans les recherches anthropologiques, je montre les points de convergence et de divergence de ces deux formes d’observation et m’interroge en conclusion sur la valeur ajoutée que constituerait la fabrication d’un syncrétisme méthodologique raisonné.

  • epistémologie
  • méthode d’observation
  • nourrisson
  • anthropologie
  • psychanalyse
  • Esther Bick
  • subjectivité
  • objectivité
Natacha Collomb
Natacha Collomb est chargée de recherche en anthropologie au Centre Norbert Elias, UMR 8562, Marseille.
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Mis en ligne sur Cairn.info le 14/01/2020
https://doi.org/10.3917/lautr.060.0252
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