Cet article s’appuie sur un travail de terrain d’une durée de 6 mois ; effectué en milieu carcéral, dans le cadre d’une recherche de doctorat en psychologie interculturelle portant sur les conduites à risque des jeunes calédoniens.
Durant cette expérience de terrain, l’effectif carcéral total était en moyenne d’environ 434 personnes détenues et écrouées (pour une capacité opérationnelle de 427 places) dont la majorité appartenait à la communauté Kanak et polynésienne. Face au nombre considérable d’océaniens en prison, il est apparu d’emblée très pertinent de centrer notre réflexion sur la place de la culture dans la pratique psycho thérapeutique calédonienne.
De plus, même si cet article questionne la pratique, il nous amène également à nous interroger sur la place du chercheur en milieu carcéral. La stagiaire, doctorante Kanak, également originaire de Nouvelle-Calédonie a été acceptée par l’ensemble de la détention et a dû apprendre à jongler avec les multiples discours en présence : celui de l’administration pénitentiaire, celui du pôle médical et celui des personnes détenues. Mais comment se positionner en tant que chercheur face à une diversité de points de vue pour partie complémentaires et pour partie antinomiques ?
Le Centre Pénitentiaire de Nouméa dénommé « Camp Est » et surnommé localement « l’île de l’oubli », était à son origine un dépôt de bagne. En 1927, il prend le statut de Prison Civile. Situé géographiquement sur la presqu’île de Nouville, en périphérie de la ville de Nouméa, il est implanté en bord de mer et s’étend sur un domaine de dix-neuf hectares dont six sont consacrés à l’enceinte de la détention…