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Il ne suffit pas de paraître « entre-deux » pour être métis. Les Maghrébins ne sont de ce point de vue pas métis entre noir et blanc ; ce ne sont donc pas des « gris ». Les gens qui ont la peau mate ne sont pas métis en raison de la couleur de leur peau. Quand ils le sont, c’est parce que leur père et leur mère appartiennent respectivement à des groupes culturels suffisamment distincts ce qui correspond dans le cas des métis noir-blanc à des couleurs de peau différentes. Mais les métis se reconnaissent d’abord et avant tout à la couleur de leur peau, à leur apparence physique.
La question des métissages est d’actualité parce que les déplacements sont plus faciles qu’autrefois et les échanges entre les populations augmentent pour des raisons économiques quand la pauvreté éloigne de leur pays les réfugiés du Sud ou de l’Est, ou quand l’intérêt commercial mobilisent les occidentaux vers ces pays. Des raisons politiques sont encore la cause de beaucoup d’exils. Il y a aussi plus d’adoption d’enfants venus d’ailleurs. Cette question des métissages fait souvent craindre une dilution d’identité mais ce n’est pas nouveau, on le sait, depuis toujours, les femmes et les hommes ont voyagé, volontairement ou non. La peur de l’autre n’a jamais constitué un obstacle insurmontable pour l’homme. Ces déplacements le mettent en relation avec d’autres humains. Même quand il ne partage pas totalement les représentations de ces autres semblables, l’homme ou la femme a pu s’entre-conjoindre avec ces derniers, sexuellement en transgressant les interdits, fût-ce par le viol pour affirmer sa domination ou, volontairement, désobéissant de ce fait à la prescription de la culture de ses propres parents…

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Français

Résumé

Il ne suffit pas de paraître « entre-deux » pour être métis. De ce point de vue, les maghrébins ne sont pas métis, entre blanc et noir, ils ne sont pas des « gris ».
Les gens qui ont la peau foncée, ne sont pas métis à cause de la couleur de leur peau mais parce que leur père et leur mère appartiennent chacun, respectivement à des groupes culturels différents. Cependant, on reconnaît les métis avant tout, à la couleur de leur peau et à leur apparence physique.
La naissance des métis est le résultat d’une transgression et ils apparaissent comme une « corruption » de la pureté, avec les problèmes d’identité que cela pose. Pourtant le métissage apparaît comme la solution naturelle un mouvement perpétuel qui crée de nouvelles entités culturelles. C’est paradoxalement, une source de différenciation.
Les enfants métis ne sont ni l’un ni l’autre mais un troisième, et c’est précisément leur spécificité. Il faut donc prendre en compte cette spécificité en clinique, comme en travail social, pour que la rencontre avec la personne métisse soit possible.

Mots-clés

  • métissage
  • transgression
  • couleur
  • différenciation
  • culture
Jonathan Ahovi [*]
  • [*]
    Psychiatre, Médecin responsable de l’Unité de Psychopathologie de l’Adolescent. Hôpital Louis Pasteur, Dole (Jura) – France. jonathan.ahovi@wanadoo.fr
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Mis en ligne sur Cairn.info le 27/02/2013
https://doi.org/10.3917/lautr.023.0213
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