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Le 3 novembre 1958, Maurice Merleau-Ponty présenta à l’Assemblée des professeurs du Collège de France un « Rapport en faveur de la création d’une chaire d’Anthropologie sociale ». C’est un document remarquable, à plusieurs égards. D’abord, pour soutenir la candidature de Claude Lévi-Strauss, Merleau-Ponty esquisse une sorte de généalogie des études sociologiques au Collège de France où, depuis 1897 jusqu’à la mort de Maurice Halbwachs, dit-il, « un enseignement général relatif à la société a existé sans interruption » (Merleau-Ponty, 1958 : 1). Ensuite, la défense de cette tradition interne, de ce « passé vivant » du Collège, vient d’un philosophe, titulaire depuis six ans de la chaire de Philosophie qui fut (et qui resta idéalement pour longtemps) celle d’Henri Bergson. Enfin, le rapport de Merleau-Ponty est aussi l’un des derniers documents de ce genre conservé dans les archives du Collège où il est question d’Émile Durkheim, quarante ans après sa mort, ce qui en fait presque le terminus ad quem de l’histoire à laquelle nous allons nous intéresser ici, celle des rapports entre Durkheim et les philosophes du Collège de France – un chapitre de l’histoire plus large des relations de Durkheim et du durkheimisme avec la philosophie.
Le plaidoyer d’un philosophe éminent, prononcé d’une tribune prestigieuse, peut surprendre si l’on pense à l’histoire plutôt turbulente des rapports entre la sociologie durkheimienne et la philosophie : le mépris du chef d’école pour la dialectique, les abstractions et les généralités philosophique…

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Français

L’histoire des rapports entre Durkheim et la philosophie au Collège de France tourne autour de celui qui fut longtemps l’emblème de celle-ci : Henri Bergson. On présente d’ordinaire la relation entre les deux hommes comme une hostilité réciproque et tenace. Pourtant, si l’on y regarde de près, le tableau paraît beaucoup plus nuancé et il faut y distinguer les relations personnelles et institutionnelles, les positions théoriques et les représentations symboliques dont l’un et l’autre firent l’objet à certains moments de leurs carrières (le « durkheimisme » et le « bergsonisme »). Adopter la perspective du Collège de France en tant qu’institution, avec ses pratiques particulières (la création et la transformation des chaires, les rapports de présentation des candidats, les délibérations de l’Assemblée des professeurs), permet d’examiner de nouveau, sur plusieurs générations, un sujet qui forme un chapitre remarquable dans l’histoire de la relation entre la sociologie et la philosophie en France.

  • Durkheim
  • Bergson
  • Merleau-Ponty
  • Collège de France
  • Philosophie
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  1. Du temps de Bergson
  2. Du temps de Mauss
  3. Épilogue
Giovanni Paoletti
Università di Pisa
Giovanni Paoletti est un ancien élève de l’École normale de Pise : il est aujourd’hui professeur d’histoire de la philosophie à l’université de Pise. Il a consacré plusieurs études à Durkheim, notamment, Durkheim et la philosophie. Représentation, réalité et lien social (Garnier, 2012).
giovanni.paoletti@unipi.it
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Mis en ligne sur Cairn.info le 15/04/2022
https://doi.org/10.3917/anso.221.0113
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