Parler de sécularisation, c’est désigner un processus par lequel les religions perdraient progressivement leur influence sur les individus, la culture et les sociétés. Les institutions religieuses auraient de moins en moins de pouvoir et les individus se référeraient de moins en moins à un univers religieux, fait de croyances et de pratiques, donnant son sens à la vie et orientant les comportements dans toute l’existence.
Beaucoup de sociologues ont souligné la pluralité de significations de la sécularisation (Tschannen, 1992). Karel Dobbelaere (1981, 2002) distingue trois niveaux du phénomène. Au niveau individuel, la sécularisation désigne la distance prise avec les croyances et les pratiques. Elle correspond alors aux orientations et au sens que les individus donnent à leur vie. La grande préoccupation n’est plus de conquérir son salut éternel par une vie exemplaire, mais de trouver son bonheur ici-bas, souvent sans référence à des « fins ultimes » (Donegani, 2012). Au niveau sociétal, on observe un processus de laïcisation des rapports entre les religions et les sociétés, chaque sphère sociale (économie, social, droit, famille, politique, débat intellectuel, etc.) prenant son autonomie et n’étant plus sous la coupe de la religion ou de l’État. La religion perd une partie de sa dimension d’intégration sociétale, elle se privatise (Luckmann, 2014 [1990]). Enfin on peut repérer une sécularisation interne des religions qui tentent de s’adapter au monde moderne et euphémisent – plus ou moins – certains de leurs dogmes…