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La religion constitue aujourd’hui en France un point focal du débat public. Sans la faire dépendre exagérément de la demande sociale, on peut attendre de la sociologie qu’elle fournisse des grilles d’interprétation opératoires de ce registre de l’activité dans les sociétés contemporaines. Pour cela, il est nécessaire que le potentiel scientifique qui est dévolu à l’analyse des religions atteigne une certaine masse critique, en synergie avec les autres branches de la sociologie. Or, on peut douter que ces conditions soient aujourd’hui réunies : en France, la sociologie des religions occupe une place à la fois réduite et singulière – deux caractères dont on doit se demander s’ils ne sont pas liés l’un à l’autre.
Au vu de l’étude la plus récente conduite sur ce thème, sur les 800 thèses soutenues de 1998 à 2007, seuls 4 % relèvent de la sociologie des religions. Ce résultat doit être comparé au taux de 15 % de thèses en sociologie du travail sur la même période. La sociologie des religions se trouve d’ailleurs également devancée par les sociologies politique, économique, des identités, de la santé, des institutions, des études rurales, de la ville, de l’éducation et de l’art… (Juan, 2010).
La place occupée paraît à peine moins marginale quand on analyse les candidatures aux fonctions de maître de conférences : sur 1 584 candidats qualifiés par la section 19 (sociologie, démographie) du CNU entre 1998 et 2007, seulement 128, soit 8 %, peuvent être classés totalement ou partiellement en sociologie des religions (Martin & Coulmont, 2018)…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 18/08/2021
- https://doi.org/10.3917/anso.212.0283

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