CAIRN.INFO : Matières à réflexion

1Dans cet ouvrage, Jean-Michel Chapoulie se propose d’examiner comment sont produits les comptes rendus de recherche (ou « monographies ») entre 1950 et 2000, en histoire, sociologie et anthropologie, puis de dégager des caractéristiques de ces « savoirs » dans leurs dimensions « concrètes » mises en contexte. Le choix de la période est justifié par un développement sans précédent des sciences sociales à ce moment. Il ne s’agit pas de dégager des normes auxquelles les recherches devraient satisfaire dans leurs démarches, mais de les décrire telles qu’elles sont faites, en allant aussi loin que possible dans l’explicitation des difficultés concernant l’acceptabilité des recherches.

2Le premier chapitre est une description analytique du processus de production des sciences sociales. Il se présente comme une enquête sur des pratiques savantes, dont l’aboutissement est un compte-rendu qui se réfère à un matériel documentaire collecté et « traité » selon des techniques propres aux disciplines, et qui propose une « interprétation » des résultats de ce traitement. Ces textes des monographies sont ambigus, car susceptibles d’interprétations variées. De plus, chaque discipline a été historiquement associée par un stéréotype à un type de démarche défini par ses sources documentaires : en histoire l’exploitation d’archives ; en anthropologie la démarche ethnographique et ses notes de terrain ; en sociologie les enquêtes par questionnaires débouchant sur une exploitation statistique, et entretiens. Si bien que le passage de l’univers des phénomènes à la documentation de base constitue une opération essentielle à analyser, mais qui a été largement ignorée des réflexions sur les démarches de recherche. Or, la documentation ne fournit qu’un accès médiatisé à l’univers des phénomènes étudiés, et implique un travail d’interprétation dans un langage qui est un mixte du langage propre aux sciences sociales et du langage ordinaire. En ce sens, le compte rendu de recherche est une représentation nécessairement partielle du phénomène, et qui dépend de conventions. Ces conventions sont plus ou moins déterminées par des contraintes extérieures à la recherche (contraintes de coûts, de temps de recherche, d’accessibilité, de savoir-faire), qui impliquent que le déroulement des recherches n’obéisse pas à un modèle unique.

3À cette difficulté s’ajoute que les constructions des sciences sociales sont parfois des constructions au « second degré » : les acteurs sur la scène sociale se font une interprétation de leur comportement observé, et ensuite expliqué. Or, cette médiation est souvent oblitérée dans la mesure où la culture partagée par le chercheur est souvent la même que celle des personnes enquêtées. Par exemple, les observations dépendent des catégories mises en œuvre par le chercheur, schèmes de raisonnement largement implicites.

4Le « public » auquel s’adresse une monographie est aussi élément qui contribue à en déterminer les caractéristiques, à l’insu du chercheur, selon des traditions disciplinaires qui créent des conventions d’écriture. Bref, les monographies possèdent en général une dimension descriptive qui correspond à la présentation des propriétés de l’objet étudié dans un langage accessible au lecteur postulé.

5Le deuxième chapitre repose sur un examen des thèses développées par les épistémologues au xxe siècle. Il retrace la confrontation des sciences sociales avec le modèle inspiré des sciences de la nature, dont il donne un excellent résumé très documenté, dans les différentes disciplines et dans différents pays. Il en ressort, selon l’auteur, que si depuis le xixe siècle, l’intention d’ériger en « science » l’activité de recherche sur le monde social sur le modèle de la physique a été récurrente, cette quête s’est révélée infructueuse. En revanche, cette confrontation a profondément influencé les sciences sociales d’une manière spécifique à chaque discipline et pays, introduisant davantage de rigueur dans les démarches de recherche. Notamment grâce des critiques comme celles de Thomas S. Kuhn qui ont imposé la certitude que ce qui explique le cheminement des sciences, ce sont moins les systèmes d’énoncés logiquement liés, que les communautés de savants qui partagent un cadre commun.

6Le troisième chapitre, qui porte sur le problème de l’interprétation de la documentation, entre dans le vif du sujet en cherchant à comprendre comment en sont déterminés les éléments significatifs. Examinant d’abord la première étape de l’interprétation de la documentation de base, l’auteur souligne par exemple qu’en situation d’observation sur le terrain, devant un ensemble de documents (archives, questionnaires remplis, etc.), le premier travail est le repérage d’éléments jugés significatifs. Cette « proto interprétation » a des conséquences sur la suite de la recherche, et elle dépend, certes des interrogations et hypothèses, mais aussi sur des savoirs tacites du chercheur, et des savoir-faire pas complètement explicités (sociabilité ordinaire, expériences antérieures). L’explication est donc en partie inférée à partir d’éléments ambigus, sur la base de la connaissance pratique du chercheur. Dans les enquêtes par entretiens et par questionnaires, de même, le travail initial d’interprétation débouche sur la sélection des matériaux. Or ce travail d’interprétation n’est jamais explicité.

7Il peut se faire aussi que soit nécessaire une interprétation de deuxième niveau, à l’image des interactions observées dans le travail ethnographique. Dans ce cas, la comparaison, souvent implicite, avec d’autres univers connus de l’observateur, sont les ressources principales utilisées pour parvenir à ces explicitations. Si bien que l’imputation de significations aux éléments de la documentation est toujours dépendante de la découverte toujours révisable d’éléments contextuels qui ne sont jamais immédiatement donnés. En conclusion, l’absence de critères simples pour déterminer la validité des interprétations des documents utilisés dans les enquêtes doit être reconnue comme un fait qui conditionne les caractéristiques du savoir des sciences sociales.

8Le quatrième chapitre présente les principales formes d’abstraction introduites par les monographies des sciences sociales, en particulier l’organisation du matériel empirique, dont l’écriture du compte rendu constitue l’aboutissement. Ce qu’on nomme « conceptualisation » est donc ici la définition et la caractérisation des phénomènes qui seront placés au centre d’un compte rendu, et appliqués à l’analyse d’ensembles plus ou moins précisément caractérisés de phénomènes sociaux, dont on cherche les propriétés. Or, ce processus mental d’organisation des résultats est influencé par les aléas de l’expérience biographique du chercheur, par les réactions de celui-ci au contact de la documentation de base, sa connaissance d’autres recherches, etc., et échappe en grande partie à sa conscience.

9Pour le caractériser, un élément à prendre en compte est le vocabulaire des comptes rendus. Or, les termes n’ont pas toujours les mêmes définitions en fonction des traditions de recherche, sont même parfois discutés indéfiniment (par ex. le concept de « classe sociale »), voire appartiennent au langage ordinaire demi-savant (par ex. ceux qui relèvent du jargon des enquêtés), ou encore sont supposés être connus des lecteurs, parce qu’introduits par les recherches antérieures, ou enfin sont utilisés comme allant de soi (parenté ou religion en ethnologie).

10Le cinquième chapitre est consacré au processus d’élaboration des schèmes conceptuels, ce qui implique, selon Jean-Michel Chapoulie, de connaître le contexte dans lequel la recherche est faite, constitué d’éléments dont le choix est rarement justifié. Pour les recherches sociologiques, c’est ce qu’on désigne sous le nom de « société » : État-nation, villes, etc. En anthropologie, ce fut le village et l’ethnie pendant longtemps. Les recherches utilisant entretiens ou questionnaires en vue de traitements statistiques mettent en scène des individus considérés dans leurs caractéristiques génériques (genre, âge, métier, religion, etc.). Dans tous les cas, ce sont les sources documentaires accessibles qui contribuent à prédéterminer l’échelle d’analyse.

11À chaque fois, l’importance dans la genèse des schèmes conceptuels des conjonctures politico-intellectuelles d’une période apparaît clairement : on peut considérer que la relation entre les débats publics, la conjoncture politico-intellectuelle et les recherches est assez forte. De même, l’apparition d’un nouveau schème conceptuel, ou l’abandon d’un ancien, s’inscrit aussi dans un processus collectif où les changements d’intérêts des sciences sociales et le renouvellement des chercheurs occupent une place importante.

12Le sixième chapitre examine les « preuves et justifications empiriques dans les enquêtes historiques ». On s’est mis à porter attention au langage et à la forme des comptes rendus historiques, à la suite de débats particulièrement vifs en Grande-Bretagne et aux États-Unis. S’il existe un réseau dense de traces et d’inscriptions qui se recoupent pour confirmer l’existence, la date, et certaines caractéristiques des « événements », la solidité des conclusions que l’on tire de ces traces repose sur la robustesse et la continuité de l’administration d’État. Mais on ne saurait trouver sur tous les sujets, les périodes historiques, et partout, des réseaux aussi serrés d’éléments de justification définissant un cadre chronologique. Ensuite, la caractérisation des éléments documentaires retenus dans une analyse est toujours révisable sur la base d’une connaissance plus approfondie du processus de production des sources. Enfin, lorsque les ressources documentaires dépendent des catégories de perception et des raisonnements de contemporains des phénomènes étudiés (un cas fréquent en sont les témoignages d’individus de classe supérieure sur les activités des classes populaires) l’accès à l’information ne peut être que partiel et révisable. Bien plus, les analyses qui mobilisent des inférences à partir de la documentation concernant des éléments qui ne sont pas directement accessibles, comme les croyances, les intentions, les sentiments, les capacités d’action d’individus ou de collectifs, introduisent des hypothèses sur la logique des comportements qui relèvent du niveau métathéorique, car il est particulièrement difficile de connaître l’interprétation qui était celle de telle population à un moment donné, pour accéder à la compréhension des comportements.

13Si bien que l’ancrage empirique des analyses historique suppose des renvois aux sources d’archives qui justifient l’interprétation par la citation, laquelle relève d’une intention qui est autre que la justification empirique : faire accéder le lecteur à l’univers dont il est rendu compte. Cette justification met en jeu des jugements sur l’importance de ce qui est mis en avant ou laissé de côté, et dépend donc des conceptions du monde social du chercheur, variables avec les époques, les traditions intellectuelles, nationales ou autres. Par ailleurs, la désignation des concepts implique une opération toujours problématique, car le travail d’écriture s’apparente à un travail de traduction destiné à permettre au lecteur d’accéder à la compréhension de l’époque et à ses spécificités. À long terme, il n’existe pas de règle précise pour construire un récit historique à partir d’une documentation retenue, et on peut dire que les divers éléments qui servent à l’élaboration des schèmes conceptuels ne sont arrêtés qu’à l’aide d’ajustements successifs entre des ébauches de différents développements, et en prenant appui sur des analyses antérieures autorisant quelque analogie. En conséquence, si une monographie retient l’intérêt, c’est qu’elle se trouve associée à un espace de discussion dans lequel, au mieux, sera explicitée au fil du temps une partie des hypothèses. Les analyses historiques reposent donc sur des inférences probables, toujours faillibles et vulnérables à la « découverte » de nouvelles sources et de la réinterprétation des anciennes. Au final, les inférences présentes dans les analyses historiques sont dépendantes de leur temps : de convictions qui dépendent des croyances ordinaires d’une époque, celles spécifiques au milieu étroit des chercheurs, d’une psychologie du sens commun peu explicitée et d’une solidité incertaine.

14Le septième chapitre concerne l’ancrage empirique des recherches reposant sur une démarche ethnographique. Jusqu’à la fin des années 1960, instituée par Bronislaw Malinowski, elle n’a pas fait l’objet d’examen critique, rappelle l’auteur, et la transmission des savoir-faire s’est faite de manière informelle, par imitation, laissant la question de la preuve dans l’obscurité jusque dans les années 1980. Dans les années 1950 néanmoins, les réflexions d’Herbert Blumer et Everett Hughes aux États-Unis, le succès du livre de William Foote Whyte (Street Corner Society) ont contribué à la légitimation de la démarche ethnographique, et ont institué une exigence nouvelle de « réflexivité ». Vingt ans après se sont développées des critiques radicales arguant que la relation des anthropologues à leurs recherches était marquée par la domination coloniale et post-coloniale, que prévalait l’idée qu’on étudiait des populations éloignées grâce à un regard « distant », garantie d’objectivité, associé à un mode d’écriture proche du roman réaliste appuyant « l’autorité » des anthropologues.

15De ces travaux réflexifs, il ressort que les justifications empiriques dans les comptes rendus d’enquêtes ethnographiques sont faites d’extraits de notes de terrain, dont l’insertion vise à socialiser le lecteur à un univers qui lui est étranger, et à le convaincre du bien-fondé de l’interprétation proposée. Si bien qu’elles relèvent davantage d’une dimension rhétorique que d’une dimension justificative, laquelle repose surtout sur l’autorité du témoin averti : observateur présent dont la connaissance de l’univers concerné garantit une capacité à faire des inférences.

16Concernant les critères d’appréciation des recherches ethnographiques et la justification des interprétations, les chercheurs invoquent la cohérence de l’ensemble des interprétations, ou la capacité de l’anthropologue à socialiser avec ses informateurs, ou encore l’acceptation des analyses par les populations étudiées. Des formes de réitérations partielles des recherches peuvent aussi introduire de la robustesse, car certains phénomènes sociaux possèdent un caractère récurrent et évoluent lentement. Dans les recherches d’ethnographie urbaine, les analyses concernent une catégorie plus large de phénomènes (population par exemple), qui suggèrent une possible généralisation des analyses, et une argumentation plus développée qui invoque le caractère « typique » du terrain sur lequel porte l’enquête, ou une validité théorique qu’on retrouve dans d’autres cas.

17Le chapitre 8 est consacré aux justifications empiriques des analyses dont la documentation fait l’objet d’un traitement statistique. Selon Chapoulie, cette pratique est tout autant que les autres grevée par nombre d’incertitudes quant à son ancrage empirique, et ceci à toutes les étapes de la fabrication des enquêtes. Par exemple, dans les enquêtes qui, depuis les années 1960, recueillent des informations sur les comportements ordinaires, les normes sociales des enquêtés, les questions appellent des réponses qui exigent de la part des répondants un travail d’interprétation et d’évaluation qui ne laisse pas d’autres traces que les réponses recueillies, réponses dont la validité se limite à une propriété historique qui ne vaut que pour tel domaine et pour les conditions particulières dans lesquelles l’enquête a été réalisée. De même, concernant les enquêtes d’opinion, n’existe aucun lien nécessaire entre les déclarations et les comportements constatés. D’autres incertitudes sont liées à la construction des variables statistiques, et au codage des enquêtes. Car le passage du langage de la population enquêtée à celui semi-abstrait des sciences sociales suppose des approximations, de même que les difficultés du passage du langage de la statistique au langage des sciences sociales sont souvent laissées à l’écart de tout examen. Si bien que les incertitudes de toute traduction d’un langage dans un autre dépendent, une fois de plus, largement de stratégies rhétoriques.

18Une autre critique porte sur les relations entre des variables statistiques qui ne peuvent être considérées comme génériques, contrairement à l’usage, et ne permettent pas de rapprocher des enquêtes différentes : genre, âge, taux de fécondité, etc., ne peuvent s’appliquer sans plus de précaution à n’importe quel groupe de population, comme cela est fait couramment. On ne peut donc découvrir à coup sûr que des relations qui ne valent que pour un temps et un lieu.

19Concernant les analyses statistiques de la causalité, pour nombre de phénomènes sociaux il est particulièrement difficile de connaître le « mécanisme déterminant » et de l’isoler. Par exemple la tendance attribuée aux gens des catégories supérieures à avoir des familles nombreuses oublie qu’une telle catégorie peut être constituée de sous-populations hétérogènes. Ces difficultés dans les modes d’interprétation renvoient à l’impossibilité d’établir une relation étroite et stable entre le langage des variables statistiques et celui des sciences sociales. Un examen spécifique dans chaque cas de toute relation statistique est donc indispensable.

20Le chapitre 9 examine les conséquences sur les recherches des valeurs des auteurs, et en particulier la question de l’influence du cadre organisationnel. Ceci invalide selon Chapoulie le modèle de Weber, car la place que ce dernier accorde aux jugements de valeur dans le travail de recherche est insuffisante à ses yeux. Existent en effet des évidences implicitement partagées d’une époque et qui relèvent du sens commun : le point de vue masculin sous-jacent aux analyses anthropologiques avant 1970 par exemple ; le cadre national de référence en sociologie… De même, Weber ignore les stratégies rhétoriques. Or le langage ordinaire introduit inévitablement des connotations normatives dans les comptes rendus de recherche qui ne peuvent être que très partiellement anticipées et contrôlées au moment de la rédaction. Les disciplines instituées exercent aussi des contraintes importantes sur la production des recherches, notamment à cause des conventions d’écriture, et de la définition du métier associée à chaque démarche. Si bien que la dimension institutionnelle des recherches est étroitement liée à leur dimension intellectuelle.

21Les différentes démarches d’enquête sont associées à des régimes de preuve qui leur sont spécifiques et possèdent des points obscurs. Dans les recherches ethnographiques c’est le « choix » de l’univers restreint étudié, la sélection des éléments consignés dans les notes de terrain pour constituer la documentation. En histoire, ce sont les aléas de la conservation d’archives et des choix pour partie arbitraires dans la documentation. Dans les enquêtes statistiques, les points obscurs et les fragilités découlent des aléas des étapes successives de la production des données de base, et en ce qui concerne certains traitements statistiques, de conventions arbitraires introduites par les statisticiens, notamment pour effectuer la traduction entre le langage des enquêtés, le langage statistique, et celui des sciences sociales. Les trois démarches ont aussi en commun de dépendre de conventions et d’hypothèses interprétatives en ce qui concerne l’imputation de la signification à la documentation de base. Elles partagent également les conséquences des usages variés et peu contrôlés du vocabulaire de la causalité, des difficultés engendrées par une instabilité conceptuelle qui rend malaisé le rapprochement des recherches, et des difficultés récurrentes pour expliciter la dimension normative qui s’introduit subrepticement dans les analyses par le recours inévitable à des raisonnements de sens commun.

22Finalement, les argumentations en sciences sociales ne débouchent que sur des conclusions probables susceptibles d’être remises en cause. Si ces vulnérabilités sont mieux connues depuis les années 1970, elles n’ont pas débouché sur un renforcement substantiel de la solidité de l’ancrage empirique des monographies, selon l’auteur. Elles permettent seulement des lectures mieux informées. Concernant la cumulativité, les différentes disciplines des sciences sociales offrent pour de nombreux domaines et sujets de multiples schèmes conceptuels dont la compatibilité mutuelle reste indéterminée. Néanmoins, en vertu de l’expérience acquise, et de l’accumulation des recherches, celles-ci ont gagné progressivement une dimension critique.

23Au total, on a ici un livre très dense, riche d’exemples et fort stimulant, qui est bien dans la lignée des précédents chantiers ouverts par Chapoulie (par exemple l’accent mis sur la dimension rhétorique des comptes rendus de recherche en sciences sociales). Certains résultats, malgré le « pessimisme » général du propos (peut-on en fin de compte établir des résultats un tant soit peu solides en sciences sociales ?), sont salutaires. En particulier le chapitre qui démystifie la pseudo-scientificité des analyses statistiques, inlassablement brandies comme un étendard par leurs tenants, et met à égalité ce type de démarche avec les autres.

24Au passif, on peut dire que la densité du propos rend parfois malaisés la lecture et le suivi du raisonnement, lequel n’est pas exempt non plus de répétitions. Pour finir, Chapoulie reconnaît qu’il a choisi un échantillon de monographies qu’il connaît en vertu de ses intérêts de recherche. Ce choix, quoiqu’assumé et légitime, introduit un biais dans la réflexion parce qu’il aboutit à une surreprésentation de la littérature anglo-saxonne, dont l’auteur est un admirateur et un grand connaisseur. De même, sa préférence pour le raisonnement historique l’incite peut-être à ne pas assez rendre justice aux vertus cumulatives de l’analyse sociologique.

Mis en ligne sur Cairn.info le 24/08/2020
https://doi.org/10.3917/anso.202.e0003
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