CAIRN.INFO : Matières à réflexion

1La famille est souvent citée comme l’une des institutions sociales les plus importantes et fondatrices de la société : elle remplit des besoins matériels et affectifs essentiels et joue un rôle majeur pour l’intégration des individus dans la société. Bien que les familles continuent à tenir ces rôles, elles ont subi, en tant qu’institution sociale, des transformations importantes ces dernières années. Les indicateurs démographiques les plus souvent mobilisés pour décrire leur comportement montrent bien que nous sommes dans une période de fort changement : l’entrée dans la vie adulte est de plus en plus tardive, le nombre de mariages par an est en chute, tandis que le nombre de couples qui préfèrent une union sous le régime du Pacte civil de solidarité (Pacs) augmente et que le mariage est désormais possible pour les couples homosexuels. La diffusion de la cohabitation et des familles recomposées, ainsi que la chute des taux de fécondité dans plusieurs pays, montrent aussi que les familles contemporaines sont en mutation et que, par conséquent, de nouvelles configurations familiales émergent. Il est important de noter que ces transformations démographiques ne se sont pas produites en même temps ou au même degré dans tous les pays industrialisés.

2Ces modifications dans la structure des familles sont imbriquées dans des changements profonds des sociétés contemporaines, dont l’un des plus importants est la participation croissante des femmes au marché de travail, laquelle a altéré leur rôle dans la sphère privée et rendu visible la nécessité de concilier le travail rémunéré et non rémunéré – problème qui continue de se poser aux chercheurs comme aux politiques publiques. La question de la conciliation, si elle n’est nullement nouvelle, est loin d’être résolue comme le montrent les recherches comparatives sur les emplois du temps. Les inégalités de genre persistent dans ce domaine, en dépit du fait que les hommes ont augmenté leur participation aux tâches domestiques et passent plus de temps avec leurs enfants qu’auparavant. La réponse des politiques publiques aux enjeux de conciliation est diverse et plusieurs ajustements sont possibles, en parallèle avec les entreprises, dont l’intervention dans l’articulation entre vie privée et travail devient cruciale. Les nouvelles modalités de travail et ce qui a été appelé l’économie 24/7 – et les charges que cela impose aux travailleurs et à leurs familles – font aussi partie des changements. Les liens entre changement social et changement familial sont complexes et entretiennent souvent des rapports dialectiques : l’intégration des femmes au marché du travail rend plus compliquée l’articulation entre famille et travail – tâche qui continue de leur incomber le plus souvent alors qu’elle devrait également reposer sur les hommes –, ce qui peut à son tour influer sur la fécondité, mais la fécondité envisagée façonne aussi en retour les décisions de formation ou d’emploi.

3Dans cette introduction, nous présenterons d’abord un aperçu des changements les plus importants qui font émerger ce que nous appelons des nouvelles configurations familiales. Nous décrirons ensuite les transformations sociales qui accompagnent ces nouvelles configurations, surtout en ce qui concerne le travail rémunéré et les politiques publiques. Dans une dernière partie, nous présenterons les articles sélectionnés pour ce numéro thématique et leur pertinence pour comprendre le changement des familles dans les sociétés contemporaines.

Nouvelles configurations familiales : les indicateurs démographiques

4Les analyses démographiques nous offrent des informations cruciales pour décrire le changement des familles en Europe dans la période récente. L’entrée dans la vie adulte et la formation d’une famille (abandon du domicile parental, formation du couple, arrivée d’un premier enfant) se produisent de plus en plus tard dans la biographie des individus. Ce retard dans ces importantes transitions de vie s’accompagne d’un nombre plus important de personnes qui ne suivent pas le parcours traditionnel de la formation d’une famille (mariage puis enfants). Le nombre de couples qui cohabitent hors mariage augmente, ainsi que le nombre de couples sans enfant. Les couples deviennent aussi plus instables, et le divorce et la séparation donnent lieu à la formation de familles recomposées, elles aussi en augmentation. L’ampleur de ces changements a conduit certains démographes à évoquer une « deuxième transition démographique » (van de Kaa, 1987). Dans cette première partie, nous décrivons brièvement l’ampleur de ces phénomènes à l’appui de données statistiques.

Formation du couple

5En ce qui concerne la formation des couples, le mariage est en chute depuis les années 1980 dans la plupart des pays européens. En France, le nombre de mariages est en baisse, le taux de mariages (nombre de mariages pour 1 000 habitants) était de 7,8 en 1970 et est descendu de manière soutenue depuis pour arriver à 3,6 en 2016. Ce taux est similaire à celui d’autres pays européens, notamment du sud de l’Europe, mais paraît plus bas qu’en Allemagne (4,2) ou que dans les pays scandinaves, où il est proche de 5. La loi française dite du « mariage pour tous » n’a pas eu d’influence significative sur le taux de mariage en raison du faible nombre de mariages de couples de même sexe (autour de 7 000 mariages par an en 2013, 2015 et 2016, avec un pic à 10 340 en 2014). En revanche, le Pacs émerge comme une alternative au mariage depuis sa création. La figure 1 met en parallèle le nombre de mariages et de Pacs en France entre 1999 et 2015. Si nous additionnons le nombre de mariages et de Pacs, nous nous apercevons que la cohabitation en couple n’est pas remise en question en France, c’est la nature de l’union qui change, avec un poids de plus en plus important du Pacs.

6L’âge au premier mariage se modifie aussi : si en 1970 l’âge moyen au premier mariage était de 24,7 ans pour les hommes et de 22,6 pour les femmes, en 2013 (dernière date disponible à l’Insee), le mariage se fait plus tardif dans tous les pays européens. En France, en 2013, les hommes se marient pour la première fois à 32,3 ans et les femmes à 30,5. Ce décalage de l’âge au premier mariage peut s’expliquer en partie par des changements dans le parcours de vie des individus (les études sont plus longues, l’entrée sur le marché de travail est plus tardive), mais aussi par une évolution de la valeur symbolique du mariage (Cherlin, 2004). Auparavant, le mariage signalait la formation d’un foyer et l’entrée dans la vie adulte, constituant un rite de passage. Aujourd’hui, il aurait pour la plupart des couples une valeur moins institutionnelle, plus symbolique et liée à sa valeur de célébration et de fête : il serait devenu une occasion sociale de montrer aux proches la réussite du couple, ce qui implique donc d’attendre pour pouvoir organiser un mariage à la hauteur des attentes des individus qui l’organisent (Maillochon, 2016).

Figure 1. – Nombre de mariages et de Pacs en France, 1999-2017

Figure 1. – Nombre de mariages et de Pacs en France, 1999-2017

Figure 1. – Nombre de mariages et de Pacs en France, 1999-2017

Source : Papon et Beaumel (2018).

7Nous assistons à une formation de couple plus tardive et plus individualisée, qui passe aussi par le fait que le mariage ou le Pacs ne sont pas conçus comme une union pour la vie. Le nombre de divorces a augmenté dans tous les pays qui ont autorisé son règlement par consentement mutuel dans les années 1970 ou 1980 et, aujourd’hui, la France connait un taux de divorces (nombre de divorces pour 1 000 mariages) très proche des autres pays européens (autour de 2). Le nombre de remariages reste pourtant assez stable, autour de 40 remariages pour 100 personnes divorcées, avec des taux légèrement plus hauts pour les hommes que pour les femmes. L’instabilité des Pacs et des couples qui cohabitent sans formaliser leur union est, en revanche, beaucoup plus difficile à calculer, car nous ne disposons pas de données officielles à ce sujet.

Fécondité et filiation

8Les changements dans la formation et la séparation des couples s’accompagnent dans la plupart des pays européens d’une baisse des taux de fécondité, plus ou moins prononcée selon les pays, et très importante dans les pays du sud de l’Europe. La figure 2 montre les taux de fécondité dans plusieurs pays européens selon les dernières données disponibles. À ce sujet, la France est une exception en Europe. Si le taux de fécondité diminue par rapport aux années 1970, cette diminution y est moins marquée qu’ailleurs, ce qui fait de la France l’un des pays les plus féconds en Europe avec 1,88 enfant par femme selon les dernières données disponibles. L’exceptionnalité française et le taux de fécondité relativement élevé sont souvent expliqués par les politiques familiales, qui auraient affiché dès leur origine un objectif nataliste (Gauthier, 1996).

9Comme pour la formation du couple, on observe aussi un retard de l’entrée en parentalité. Les données sur l’âge moyen de la première maternité des femmes montrent que la naissance du premier enfant a été fortement décalée : en France, les femmes avaient leur premier enfant en moyenne à l’âge de 24 ans en 1974 contre 28,5 ans en 2015. Ce décalage est notamment lié à l’allongement des études et à cet égard, les femmes les plus diplômées ont leur premier enfant quatre ans plus tard que les femmes moins diplômées. Ce report de la naissance du premier enfant est généralisé en Europe, et les démographes l’attribuent à des transformations sociales plus larges, qui retardent la réalisation des projets d’enfant. Il y aurait en effet une nouvelle « norme parentale » qui imposerait certains prérequis aux futurs parents : avoir terminé leurs études, être en couple stable, avoir une sécurité financière et un logement indépendant (Régnier-Loilier et Solaz, 2010).

Figure 2. – Taux de fécondité par pays, 1970 et 2015

Figure 2. – Taux de fécondité par pays, 1970 et 2015

Figure 2. – Taux de fécondité par pays, 1970 et 2015

Source : OCDE (2018).

10Grâce à la diffusion de la contraception, la fécondité est aujourd’hui considérée dans les travaux sociologiques sur la famille comme un choix, même s’il s’agit d’un choix sous contraintes. Dans ce sens, il est important de noter que plusieurs pays européens ont vu augmenter le nombre de femmes qui n’ont pas d’enfant (autour de 20 % dans plusieurs pays). Toutefois, la non-fécondité des femmes ne constitue pas une nouveauté, car elle était tout aussi importante au début du xxe siècle, avant de devenir très minoritaire plus tard (Sobotka, 2017). L’interprétation de la non-fécondité a changé tout au long de l’histoire. Alors qu’elle était considérée comme une conséquence de l’infertilité des femmes en couple, elle est aujourd’hui interprétée comme un choix, celui de ne pas avoir d’enfant (le terme anglais childfree s’oppose à celui de childless qui indique, lui, le caractère involontaire et négatif). Charlotte Debest (2014) (qui a proposé le terme « sans enfant volontaire » SEnVol pour décrire ces femmes) a montré que si ce choix de vie est possible aujourd’hui, la norme de procréation reste encore très forte dans la société française et ne pas désirer d’enfant est souvent considéré comme une forme de déviance.

11Si les couples hétérosexuels sans enfant constituaient une exception aux normes de formation de la famille, élever des enfants en couple non hétérosexuel a aussi longtemps été une configuration familiale invisibilisée. Avec les mouvements pour l’égalité des droits et les modifications du cadre légal, les familles homoparentales sont devenues un objet du débat public et un objet de recherches sociologiques. Les familles homoparentales redéfinissent les liens de filiation et les normes de parentalité, très influencées par l’absence d’un cadre légal, mais aussi par la stigmatisation sociale (Hecquembourg et Farrell, 1999). Les analyses sur le rapport de ces couples à la parentalité montrent l’importance du cadre de référence hétéronormatif dans lequel ces familles évoluent au quotidien (Descoutures, 2010).

12Les changements évoqués – retard et baisse de la fécondité, retard et diversification des unions, pluralisation des formes de famille – sont imbriqués dans des changements sociaux plus larges et interrogent en même temps plusieurs institutions sociales, notamment les politiques familiales et la législation sur les différents types de famille, l’articulation travail/famille et les inégalités de genre. Ces nouvelles configurations familiales s’inscrivent donc dans des configurations sociales qui sont, elles aussi, en mouvement.

Nouvelles configurations sociales

13Pendant les trente dernières années, plusieurs institutions sociales des pays industrialisés ont subi des transformations majeures. En particulier, la démocratisation de l’accès à l’enseignement supérieur et l’entrée massive des femmes sur le marché de travail ont influencé la formation des familles, car elles en modifient directement les temporalités et les normes. Le rôle des politiques est aussi capital pour comprendre l’émergence de nouvelles configurations avec, d’une part, l’ouverture du cadre légal des familles (la légalisation sur l’interruption volontaire de grossesse, le divorce par consentement mutuel, le Pacs et le mariage pour tous), et d’autre part le développement de nouvelles politiques d’articulation entre famille et travail. Dans cette partie, nous allons explorer les rapports complexes entre ces changements institutionnels et les nouvelles configurations familiales.

Éducation et marché du travail

14Depuis les années 1960, la démocratisation de l’accès à l’enseignement supérieur a allongé la durée des études et reporté progressivement l’entrée sur le marché du travail. L’investissement de l’éducation par les femmes est un fait majeur de la période, et aujourd’hui dans la plupart des pays européens, les jeunes femmes sont plus nombreuses à obtenir des diplômes universitaires que leurs homologues masculins. Plusieurs recherches ont souligné que l’allongement de la durée des études est un facteur essentiel, avec l’évolution des normes sociales, pour expliquer le report de l’entrée dans la vie de couple et de la naissance du premier enfant. Les études supérieures sont souvent considérées comme une activité à temps plein, avec des horaires souvent incompatibles avec un emploi à temps plein ou d’autres activités chronophages, comme la parentalité. Par ailleurs, les institutions d’enseignement supérieur ne sont souvent pas adaptées aux besoins spécifiques des étudiants-parents et ne sont pas en mesure de modifier les règles existantes. En outre, la norme parentale dominante est que la naissance du premier enfant est l’aboutissement d’un parcours de vie plus général : études terminées, relation de couple et emploi stables, logement indépendant et suffisamment grand ainsi qu’un sentiment général de sécurité (Régnier-Loilier et Solaz, 2010). Cette norme désignerait les conditions perçues comme nécessaires pour avoir un enfant : avec l’accès plus facile à la contraception, les couples seraient donc plus libres que jamais de choisir d’avoir, ou pas, des enfants, mais il s’agirait d’une liberté contrainte par cette norme exigeante.

15Si avoir fini les études fait partie de la norme procréative, avoir un emploi stable et une certaine sécurité (y compris financière) en est également un des éléments clés. Les décisions de former une famille sont donc dans la plupart des cas liées à la situation par rapport au marché du travail. Toutefois, le versant emploi de cette norme est genré puisque, pour les femmes, l’arrivée d’un enfant n’est pas toujours nécessairement liée à la participation au marché du travail. Ainsi, les taux de fécondité sont plus élevés parmi les femmes qui n’ont pas d’emploi rémunéré (Insee). Le rapport entre emploi et fécondité est donc différent pour les hommes et les femmes.

16De manière générale, le rapport entre travail rémunéré et famille s’avère très différent selon le genre (Laufer, 2014). De nombreuses publications ont montré que les femmes ont une situation moins avantageuse que les hommes sur le marché du travail : les femmes gagnent moins et sont sous-représentées aux postes de responsabilité dans tous les pays de l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE, 2017). Les inégalités semblent se creuser pour les mères, ce qui est décrit dans la littérature académique comme la motherhood penalty (pénalité de maternité) alors que pour les hommes, la paternité est souvent associée à un avancement dans la carrière, à un fatherhood bonus (prime de paternité). La paternité renforcerait donc souvent le rôle de l’homme en tant que principal soutien économique de la famille et faciliterait un surinvestissement de la sphère du travail rémunéré. Ces inégalités sont dues à des processus complexes à l’intérieur des entreprises (Guillaume et Pochic, 2007), ainsi qu’à des phénomènes d’autosélection chez les femmes – qui chercheraient des emplois permettant une meilleure articulation avec la vie familiale (par exemple des emplois à temps partiel) – mais aussi à la discrimination (Budig et England, 2001).

17La participation plus ou moins forte au marché du travail est indissociable de la position dans la sphère familiale, comme le montre l’abondante littérature sur la division du travail au sein des familles (pour une revue de la littérature, voir Lachance-Grzela et Bouchard, 2010). La généralisation des enquêtes sur les emplois du temps a permis aux chercheurs d’obtenir des informations plus claires et précises sur l’engagement dans plusieurs activités, dont la vie domestique et les soins aux enfants. Les résultats de ces analyses montrent de façon incontestable que l’investissement des hommes et des femmes reste très inégal. La figure 3 illustre l’évolution du temps dédié aux tâches ménagères les plus chronophages (cuisine et ménage) dans plusieurs pays pendant les cinquante dernières années. Les données montrent une évolution qui est constatée aussi pour d’autres tâches : bien que les écarts entre hommes et femmes se soient réduits, cela s’explique bien plus par la diminution du temps que les femmes consacrent à ces activités que par une plus grande participation des hommes laquelle, bien que réelle, reste d’ampleur bien plus limitée. La tendance est différente en ce qui concerne les activités parentales : hommes et femmes ont augmenté le temps dédié à ces activités pendant les 25 dernières années. Nous sommes donc face à une nouvelle expérience de la parentalité, car les parents sont de plus en plus souvent des couples bi-actifs mais qui passent malgré tout plus de temps avec leurs enfants.

Figure 3. – Temps dédié (en minutes) aux tâches ménagères (cuisine et ménage) par les hommes et les femmes, par pays et par année

Figure 3. – Temps dédié (en minutes) aux tâches ménagères (cuisine et ménage) par les hommes et les femmes, par pays et par année

Figure 3. – Temps dédié (en minutes) aux tâches ménagères (cuisine et ménage) par les hommes et les femmes, par pays et par année

Source : d’après Altintas et Sullivan (2016).

18Par ailleurs, les conditions de travail ont elles-mêmes considérablement évolué en raison notamment de l’avènement progressif d’une société dite 24/7, c’est-à-dire qui fonctionne 24 h/24 et 7 jours sur 7 (Presser, 2003). En effet, la tertiarisation toujours plus forte des pays économiquement avancés s’explique en grande partie par le développement du commerce et des services aux particuliers. Le développement de ces secteurs a fortement contribué à l’insertion, de plus en plus permanente – c’est-à-dire sans interruption à la naissance des enfants ou avec une interruption de plus en plus brève au fil des générations (Maruani, 2000) – des femmes sur le marché du travail. En retour, cette participation croissante des femmes au marché du travail a accentué les besoins en services, notamment ceux qui sont accessibles à des horaires de plus en plus aux marges de la journée de travail standard. En effet, un des corollaires de la massification de l’accès au marché du travail des femmes est la réduction drastique de leur capacité à jouer le rôle de « réservoir de temps » disponible pour le reste de la famille (Méda, 2001). Ainsi, la généralisation des couples bi-actifs est indissociable de l’augmentation des horaires de travail atypiques, c’est-à-dire aux marges de ce qui peut être considéré comme une journée de travail standard (le fameux 9-to-5 anglo-saxon qui décrit une prise de poste à 9 h et une fin de journée à 17 h).

19Mais cette croissance des horaires et jours de travail atypiques va cependant au-delà de ces changements sociaux majeurs. Elle s’explique aussi par un mouvement de dérégulation du marché du travail qui offre toujours plus de flexibilité à l’employeur au détriment des salariés (Boulin et Lesnard, 2017) : incitations fiscales aux contrats à temps partiel, annualisation du temps de travail, dérégulation des horaires d’ouverture des commerces en soirée, mais aussi le dimanche, etc. Ces dérégulations vont largement au-delà de la demande sociale en matière d’accessibilité des commerces et services et participent à la croissance des bad jobs (Kalleberg, 2011), c’est-à-dire des emplois précaires, peu qualifiés, à temps partiels, mal payés, aux horaires et jours de travail atypiques, etc. Pire, cet accroissement des inégalités temporelles individuelles se trouve renforcé par l’homogamie des couples [1] : il se traduit par l’apparition de journées de travail très désynchronisées qui « désarticulent les familles », et ce, d’autant plus qu’elles sont socialement défavorisées (Lesnard, 2008 ; 2009). Une désynchronisation qui sape le lien familial au quotidien et qui accroît l’instabilité conjugale (Presser, 2003 ; Täht et Mills, 2015).

Politiques publiques

20Les conditions dans lesquelles les familles évoluent sont encadrées par des politiques publiques qui contribuent à définir les liens, les droits, les obligations, les services à disposition des familles et, on vient de le voir, indirectement leurs conditions de vie au quotidien. Les dispositions légales servent aussi à dé-stigmatiser des comportements comme la contraception ou le divorce ; elles donnent une légitimité à des configurations familiales qui n’en avaient pas par le passé, comme les couples cohabitants ou les familles homoparentales. Pour ces configurations familiales, l’absence de cadre rendait difficile la lisibilité des liens de famille qui semblaient pourtant évidents pour d’autres familles. De nombreuses analyses ont montré la complexité des liens entre parent biologique et non biologique, ou entre parent qui transmet le nom et parent qui ne peut pas transmettre le nom, par rapport à la famille élargie, mais aussi dans le rapport avec d’autres institutions, comme l’école (Hequembourg et Farrell, 1999 ; Sarcinelli, 2018 [2]). En ce sens, le cadre légal est souvent en décalage par rapport aux évolutions de la société.

21Les politiques familiales au sens plus large encadrent aussi la vie des familles et prennent une importance capitale pour comprendre la division du travail. D’un point de vue historique, les principes qui guident les politiques familiales ainsi que les objectifs poursuivis et les solutions apportées divergent beaucoup selon les pays (Gauthier, 1996). Les politiques familiales mobilisent plusieurs instruments : transferts monétaires, prestations de services et congés (de maternité, paternité ou parentaux). La critique féministe de la littérature sur l’État-providence a montré que les différentes configurations de politiques se développent sur un modèle sous-jacent de famille typique, que les politiques contribuent à soutenir (Lewis, 1992). Par exemple, dans les pays scandinaves, le modèle serait celui d’une famille où les deux parents travaillent et s’occupent de la famille, tandis que dans les pays du sud de l’Europe, le modèle sous-jacent serait une famille de structure plus traditionnelle, avec un conjoint actif sur le marché de travail et l’autre plus investi dans la sphère familiale.

22La question de l’évolution de ces politiques a été examinée dans les recherches, notamment dans la perspective d’une possible convergence des pays européens vers des modèles plus similaires (Gauthier, 2002 ; Ferragina, 2018 [3]). La convergence serait axée sur un investissement plus fort en services d’accueil à la petite enfance, mais aussi sur des congés distribués de manière plus égalitaire entre mères et pères. En effet, en lien avec la division du travail domestique que nous avons évoquée, les congés sont normalement plus généreux en temps pour les mères, et quand il s’agit de congés parentaux, ouverts aussi bien aux pères qu’aux mères, même si, dans la très grande majorité des cas, c’est la mère qui prend le congé et qui assume les possibles conséquences négatives pour sa carrière. Ce constat vaut également pour les pays scandinaves, où des mesures ont été mises en place pour augmenter la participation des pères à ce type de congé avec un objectif à la fois de conciliation du travail et de la vie familiale et d’égalité de genre (Duvander, 2014).

23Il est important de noter que les objectifs des politiques ont aussi évolué dans le temps. Après la Seconde Guerre mondiale, les politiques familiales étaient souvent liées à des objectifs démographiques, notamment pour augmenter ou contrôler la fécondité. Les difficultés de conciliation du travail et de la vie familiale, qui ont à leur tout intégré le débat après la participation massive des femmes au marché du travail, sont encore loin d’être résolues. Dans la période la plus récente, plusieurs pays affichent l’importance d’une nouvelle dimension des politiques : le bien-être (well-being) ou la satisfaction des citoyens (Bok, 2010). L’idée de bien-être est très présente dans les débats concernant les enfants et les mesures à développer pour les protéger, par exemple dans les cas de divorce, mais l’intégration de cette dimension aux politiques publiques suscite des questions méthodologiques importantes par rapport à notre capacité à recueillir des données et à les mesurer (Dolan et Metcalfe, 2012).

24Parmi les nouvelles orientations des politiques familiales, la littérature anglo-saxonne attache une attention particulière à la parentalité et à la fonction des parents. Le marché du conseil aux parents s’étend de plus en plus, en intégrant des dimensions normatives sur l’importance d’être un « bon parent », jusqu’à devenir un objectif des politiques publiques, avec comme principe de base le constat que les actions des parents auraient des répercussions sur la société tout entière. La parentalité deviendrait un problème public, et le développement de mesures de soutien à la parentalité constitue pour certains chercheurs un nouveau pilier de l’action de l’État, un pilier qui interroge la séparation entre les sphères publique et privée (Martin, 2014).

Contributions de ce numéro thématique

25Les articles réunis dans ce numéro apportent des éclairages sur les intersections entre famille, nouvelle économie, politiques publiques et rapports de genre. Ils mobilisent une diversité de méthodes : données statistiques, entretiens, observations ethnographiques. Ils analysent également différents contextes nationaux (France, Italie, Espagne, Québec), favorisant ainsi les comparaisons internationales.

26L’article d’Anne Lambert se focalise sur les difficultés à articuler travail et famille dans le cas particulièrement difficile de salariés de l’industrie des transports, spécifiquement les hôtesses, stewards et pilotes d’une grande compagnie aérienne française. En s’appuyant sur les données administratives des ressources humaines de la compagnie, ainsi que sur des entretiens biographiques des salariés, l’article souligne l’importance de la spécificité du travail mobile sur la vie de famille. L’articulation entre famille et mobilité s’avère genrée : les absences du domicile sont interprétées de manière différente pour les hommes et les femmes. Les absences des hommes sont perçues comme naturelles et même nécessaires au bon équilibre de la famille, tandis que les absences des femmes sont négociées et suspendent, de manière temporaire, les normes de genre.

27L’articulation entre travail et famille est également l’objet de l’article de María José González, Irene Lapuerta, Teresa Martín-García et Marta Seiz portant sur le cas de l’Espagne. La particularité de leur analyse est de s’intéresser à la dimension subjective de la satisfaction des parents en matière de conciliation de la vie professionnelle et familiale, dans le cas des couples qui veulent avoir un partage égalitaire des tâches parentales tout en gardant une activité professionnelle. L’analyse s’appuie sur des entretiens qualitatifs avec 31 couples de jeunes parents et prend en compte la satisfaction par rapport aux mesures de conciliation envisagées avant la naissance d’un enfant, ainsi que les contraintes matérielles et institutionnelles très particulières du cas espagnol. Les résultats montrent que la cohérence des intentions exprimées et des comportements effectifs après la naissance est cruciale pour que les parents soient satisfaits de leur vie familiale.

28Si les couples qui partagent de manière égalitaire les tâches parentales sont une innovation dans le contexte du sud de l’Europe, l’article d’Alice Sophie Sarcinelli analyse aussi une nouvelle configuration familiale. La contribution porte sur les familles homoparentales dans un autre pays (l’Italie) et examine, en mobilisant des données ethnographiques, les effets du manque d’un cadre légal pour la vie de famille. En absence d’un tel cadre, les parents doivent tisser des liens qui ne sont pas biologiques et qui ne bénéficient pas d’une reconnaissance légale. L’article illustre les stratégies des parents, mais aussi des enfants, pour faire et défaire famille et filiation dans le cadre légal spécifique des familles homoparentales en Italie, et ouvre la réflexion sur la construction des notions de parentalité dans ce contexte.

29La notion de parentalité fait ici encore l’objet d’une note critique, élaborée par Claude Martin pour ce numéro thématique. Sa contribution part des réflexions, entamées pendant les années 1990, sur les changements familiaux et leurs déterminants qui ont fait émerger des nouvelles notions (parentalité, parenting) s’imposant maintenant dans les champs politiques, médiatiques et académiques. Les parents et la parentalité deviennent dans plusieurs pays un objet et une cible de l’action publique, et ce déplacement de la parentalité de la sphère privée à la sphère publique suscite des interrogations quant à la spécificité et à l’orientation de ces politiques. Si la littérature sur la parentalité est très développée dans le monde académique anglo-saxon, la note critique de Claude Martin nous permet de découvrir ces problématiques et d’envisager des questions qui s’appliquent aussi aux pays européens.

30L’article d’Élisabeth Godbout, Marie-Christine Saint-Jacques et Hans Ivers analyse un aspect différent de la parentalité : le démariage et la continuité de la parentalité après le divorce. L’article remet en question l’idéal de la coparentalité égalitaire, qui supposerait le choix de la garde partagée après la séparation des parents. Les résultats d’une enquête représentative de la population québécoise montrent que, même s’il y a une préférence pour la garde alternée, il y a en réalité quatre profils d’opinion différenciés en fonction de l’âge et du sexe des enfants. Ils illustrent aussi les logiques sous-jacentes aux choix, dont la compétence des parents et le fait de permettre aux deux parents de passer du temps avec les enfants.

31L’importance du cadre légal est soulignée par plusieurs contributions de ce numéro, ainsi que celle des politiques publiques en ce qui concerne l’articulation du travail et de la famille. La contribution d’Emanuele Ferragina analyse l’évolution des politiques familiales du point de vue de l’économie politique et constate ce qui peut, à première vue, apparaître comme un paradoxe : alors que de manière générale l’État-providence régresse, les politiques familiales sont dans le même temps en expansion et convergent pour soutenir les familles bi-actives. L’auteur propose d’étudier ces mouvements contradictoires dans un cadre polanyien, qui permettrait d’interpréter ces évolutions selon deux logiques complémentaires : encourager les femmes à participer au marché du travail, même si cette participation est précaire, et leur permettre d’avoir accès à une citoyenneté plus large.

32Chacun des articles rassemblés dans ce numéro éclaire certains aspects des transformations de la famille contemporaine et des nouveaux enjeux qui leur sont liés. S’il ne couvre pas exhaustivement ce sujet – on regrettera notamment que la question des couples non cohabitants (les couples LAT : living apart together, voir Levin et Trost, 1999) ne fasse pas l’objet d’un article –, ce numéro illustre bien les mots prononcés par Émile Durkheim à la Faculté des lettres de Bordeaux en 1888 dans sa leçon inaugurale d’un cours de sciences sociales consacré à la sociologie de la famille :

33

La famille d’aujourd’hui n’est ni plus ni moins parfaite que celle de jadis : elle est autre, parce que les circonstances sont autres. Elle est plus complexe, parce que les milieux où elle vit sont plus complexes. (Durkheim, 1975 [1888]).

34Si la pensée d’Émile Durkheim n’est pas exempte de certains préjugés de son époque, notamment sur la question du genre (Pfefferkorn, 2010), force est de constater que, 130 ans plus tard, cette formule résume parfaitement l’un des objets de la sociologie de la famille : analyser l’évolution de la famille en la rapportant aux autres changements sociaux.

Notes

  • [1]
    Si la probabilité individuelle d’avoir des horaires standards est notée q et que chaque conjoint a la même probabilité individuelle d’horaires standards en raison de l’homogamie, alors la probabilité d’avoir une journée de travail conjugale standard est de q2 : ainsi, si la probabilité individuelle d’avoir des horaires standards pour un ouvrier est de 0,6 (chiffre observé en 1999, voir Lesnard, 2009, p. 166), celle d’avoir une journée standard au niveau du couple n’est plus que de 0,34 (chiffre observé qui est très près de 0,62).
  • [2]
    Voir dans ce numéro, p. 367.
  • [3]
    Voir dans ce numéro, p. 423.

Références bibliographiques

  • En ligneAltintas E., Sullivan O., 2016, « Fifty Years of Change Updated: Cross-National Gender Convergence in Housework », Demographic Research, vol. 35, n° 1, p. 455-470. DOI : 10.4054/DemRes.2016.35.16.
  • En ligneBok D., 2010, The Politics of Happiness: What Government Can Learn From the New Research on Well-Being, Princeton, Princeton University Press.
  • En ligneBoulin J.-Y., Lesnard L., 2017, Les Batailles du dimanche. L’extension du travail dominical et ses conséquences sociales, Paris, PUF.
  • En ligneBudig M. J., England P., 2001, « The Wage Penalty for Motherhood », American Sociological Review, vol. 66, n° 2, p. 204-225.
  • En ligneCherlin A. J., 2004, « The Deinstitutionalization of American Marriage », Journal of Marriage and Family, vol. 6, n° 4, p. 848-861. DOI : 10.1111/j.0022-2445.2004.00058.x.
  • En ligneDebest C., 2014, Le Choix d’une vie sans enfant, Rennes, PUR.
  • En ligneDescoutures V., 2010, Les Mères lesbiennes, Paris, PUF.
  • En ligneDolan P., Metcalfe R., 2012, « Measuring Subjective Wellbeing: Recommendations on Measures for Use by National Governments », Journal of Social Policy, vol. 41, n° 2, p. 409-427. DOI : 10.1017/S0047279411000833.
  • Durkheim É., 1975 [1888], « Introduction à la sociologie de la famille », in Durkheim É., Émile Durkheim - Textes. 3. Fonctions sociales et institutions, Paris, Éditions de minuit, p. 9-34.
  • En ligneDuvander A.-Z., 2014, « How Long Should Parental Leave Be? Attitudes to Gender Equality, Family, and Work as Determinants of Women’s and Men’s Parental Leave in Sweden », Journal of Family Issues, vol. 35, n° 7, p. 909-926. DOI : 10.1177/0192513X14522242.
  • Gauthier A. H., 1996, The State and the Family: A Comparative Analysis of Family Policies in Industrialized Countries, Oxford, Clarendon Press.
  • En ligneGauthier A. H., 2002, « Family Policies in Industrialized Countries: Is There Convergence? », Population, vol. E-57, n° 3, p. 447-474. DOI : 103917/popu.203.0457.
  • En ligneGuillaume C., Pochic S., 2007, « La fabrication organisationnelle des dirigeants. Un regard sur le plafond de verre », Travail, genre et sociétés, n° 17, p. 79-103. DOI : 10.3917/tgs.017.0079.
  • En ligneHequembourg A. L., Farrell M. P., 1999, « Lesbian Motherhood: Negotiating Marginal-Mainstream Identities », Gender & Society, vol. 13, n° 4, p. 540-557. DOI : 10.1177/089124399013004007.
  • Kaa D. J. van de, 1987, « Europe’s Second Demographic Transition », Population Bulletin, vol. 42, n° 1, p. 1-59.
  • Kalleberg A. L., 2011, Good Jobs, Bad Jobs. The Rise of Polarized and Precarious Employment Systems in the United States, 1970s to 2000s, New York, Russel Sage Foundation.
  • En ligneLachance-Grzela M., Bouchard G., 2010, « Why Do Women Do the Lion’s Share of Housework? A Decade of Research », Sex Roles, n° 63, p. 767-780. DOI : 10.1007/s11199-010-9797-z.
  • En ligneLaufer J., 2014, L’Égalité professionnelle entre les femmes et les hommes, Paris, La Découverte.
  • En ligneLesnard L., 2008, « Off-Scheduling within Dual-Earner Couples: An Unequal and Negative Externality for Family Time », American Journal of Sociology, vol. 114, n° 2, p. 447-490. DOI : 10.1086/590648.
  • En ligneLesnard L., 2009, La Famille désarticulée. Les nouvelles contraintes de l’emploi du temps, Paris, PUF.
  • En ligneLevin I., Trost J., 1999, « Living Apart Together », Community, Work & Family, vol. 2, n° 3, p. 279-294. DOI : 10.1080/13668809908412186.
  • En ligneLewis J., 1992, « Gender and the Development of Welfare Regimes », Journal of European Social Policy, vol. 2, n° 3, p. 159-173. DOI : 10.1177/095892879200200301.
  • En ligneMaillochon F., 2016, La Passion du mariage, Paris, PUF.
  • En ligneMartin Cl. (dir.), 2014, « Être un bon parent ». Une injonction contemporaine, Rennes, Presses de l’EHESP.
  • Maruani M., 2000, Travail et emploi des femmes, Paris, La Découverte.
  • Méda D., 2001, Le Temps des femmes. Pour un nouveau partage des rôles, Paris, Flammarion.
  • OCDE, 2017, Report on the Implementation of the OECD Gender Recommendations, Paris, OCDE.
  • OCDE, 2018, Taux de fécondité, DOI : 10.1787/cfd1ce95-fr.
  • Papon S., Beaumel C., 2018, « Bilan démographique 2017 », Insee Première, n° 1683.
  • En lignePfefferkorn R., 2010, « Émile Durkheim et l’unité organique de la société conjugale » in Chabaud-Rychter D., Descoutures V., Devreux A.-M., Varikas E. (dir.), Sous les sciences sociales, le genre. Relectures critiques de Max Weber à Bruno Latour, Paris, La Découverte, p. 40-51.
  • En lignePresser H., 2003, Working in a 24/7 Economy: Challenges for American Families, New York, Russel Sage Foundation.
  • En ligneRégnier-Loilier A., Solaz A., 2010, « La décision d’avoir un enfant : une liberté sous contrainte », Politiques sociales et familiales, n° 100, p. 61-77.
  • En ligneSobotka T., 2017, « Childlessness in Europe: Reconstructing Long-Term Trends Among Women Born in 1900-1972 » in Kreyenfeld M., Konietzka D. (eds.), Childlessness in Europe: Contexts, Causes, and Consequences, Heidelberg, Springer, p. 17-53. DOI : 10.1007/978-3-319-44667-7_2.
  • En ligneTäht K., Mills M., 2015, Out of Time: The Consequences of Non-standard Employment Schedules for Family Cohesion, Dordrecht, Springer. DOI : 10.1007/978-94-017-7402-4.
Marta Domínguez-Folgueras
est Associate Professor à l’Observatoire sociologique du changement (OSC, Sciences Po Paris). Son travail relève de la sociologie de la famille, de la sociologie de l’emploi du temps, et de la sociologie du genre. Ses recherches actuelles portent sur la formation du couple et sur les comportements au sein de la famille, en particulier sur la division des tâches domestiques et de l’attention aux enfants, ainsi que sur la construction de la parentalité, avec un intérêt particulier pour les inégalités de genre.
Sciences Po Observatoire sociologique du changement (OSC), CNRS
marta.dominguezfolgueras@sciencespo.fr
Laurent Lesnard
est sociologue à l’Observatoire sociologique du changement (OSC, Sciences Po Paris). Directeur de recherche au CNRS, ses recherches portent sur le temps dans les sociétés contemporaines. Il est l’auteur, avec Jean-Yves Boulin, d’un ouvrage sur Les Batailles du dimanche paru en 2017 aux Presses Universitaires de France dans la collection « Le lien social ».
Sciences Po Observatoire sociologique du changement (OSC), CNRS
laurent.lesnard@sciencespo.fr
Cette publication est la plus récente de l'auteur sur Cairn.info.
Cette publication est la plus récente de l'auteur sur Cairn.info.
Mis en ligne sur Cairn.info le 10/10/2018
https://doi.org/10.3917/anso.182.0295
Pour citer cet article
Distribution électronique Cairn.info pour Presses Universitaires de France © Presses Universitaires de France. Tous droits réservés pour tous pays. Il est interdit, sauf accord préalable et écrit de l’éditeur, de reproduire (notamment par photocopie) partiellement ou totalement le présent article, de le stocker dans une banque de données ou de le communiquer au public sous quelque forme et de quelque manière que ce soit.
keyboard_arrow_up
Chargement
Chargement en cours.
Veuillez patienter...