CAIRN.INFO : Matières à réflexion

1 La publication en 1912 de l’ouvrage de Maurice Halbwachs La Classe ouvrière et les niveaux de vie. Recherches sur la hiérarchie des besoins dans les sociétés industrielles contemporaines (Paris, Félix Alcan) a scellé la pertinence des consommations alimentaires comme objet d’analyse pour une sociologie des classes sociales, qui fera école après guerre dans la sociologie française. En montrant que les différences de classe l’emportent sur les différences de revenu, Halbwachs place au cœur de son analyse les « variations » des dépenses, déterminées par d’autres facteurs tels que la « grandeur » des familles et l’âge des enfants. En cela, comme le soulignent Christian Baudelot et Roger Establet, il va jouer un rôle pionnier dans l’analyse statistique des budgets et des consommations. Il n’est pas seulement statisticien (à la manière d’Engel, dont il réfute en partie les lois) mais bien statisticien et sociologue dans sa manière d’envisager le budget familial comme « un fait social trop complexe pour s’ordonner à partir de seules variations de ressources. » (Baudelot, Establet, 2011, p. xvii). L’analyse de la consommation, alimentaire en particulier, a depuis montré toute son efficacité heuristique en sociologie (Bourdieu, 1979 ; Grignon, Grignon, 1980 ; 1981 ; 1999 ; Herpin, Verger, 2010 ; Chauvel, 1999 ; Langlois, 2011) comme en histoire (Roche, 1997 ; Chessel, 2012) ou en anthropologie (Douglas, Isherwood, 1979). Pourtant, à l’exception de Baudelot et Establet (1994 ; 2011), l’analyse des dépenses de consommation, et plus particulièrement celles d’alimentation, n’a pas été retenue comme piste privilégiée de relecture par les nombreux commentateurs d’Halbwachs (Hirsch, 2016).

2 Dans cet article, nous proposons une présentation approfondie du travail relatif aux enquêtes de budgets de famille que le sociologue a mené tout au long de sa carrière. Nous nous appuyons pour cela sur un inventaire documenté de l’ensemble de ses contributions écrites, orales et pratiques entre 1907 et 1937. Comptes rendus de lecture, articles, ouvrages mais aussi enquêtes, conférences, activité et rapports d’expertise rendent compte de la diversité de son acti- vité sur cette question [Annexe 1]. La présentation chronologique pour laquelle nous avons opté montre qu’Halbwachs n’a eu de cesse de s’intéresser à cet objet. Cette chronologie sera resituée au regard des contextes dans lesquels les discussions dont participent ces travaux trouvent leur acuité. Le corpus centré sur les budgets de famille que nous présentons ici peut s’organiser en trois périodes, lesquelles préfigurent chaque fois une inflexion dans les formes et les débats sur les enquêtes de budget et les niveaux de vie, sur la question des « standards » d’enquête et de consommation. Ce découpage, s’il correspond à une réalité du travail d’Halbwachs (emploi du temps, carrière académique, discussions scientifiques etc.) et au contexte plus large, économique et politique, dans lequel il s’effectue, demeure néanmoins artificiel. Nous verrons par exemple que la Première Guerre mondiale ne marque pas une césure dans les questionnements relatifs au calcul du coût de la vie. Cette chronologie, qui laisserait penser à un récit linéaire dans le temps, ne doit pas faire écran à des temporalités qui s’entrecroisent mais rendues invisibles par celle des publications. Notre propos ne vise pas à restituer la cohérence a posteriori d’un parcours de recherche sur une thématique spécifique, mais de le situer dans son contexte et de comprendre les héritages sur lesquels s’est développée en France l’analyse quantitative des consommations alimentaires, qui ont, plus tardivement, permis de les penser en termes « d’inégalités ».

Pour une statistique des dépenses (1905-1913)

3 La période courant de 1905 à la veille de la guerre s’apparente à une période d’installation. Elle reflète l’orientation progressive de l’ancien élève de l’Ecole normale supérieure, agrégé de philosophie, vers la sociologie et le groupe durkheimien (Besnard, 1979), au sein duquel lui est attribuée, parmi d’autres, la question des classes sociales. Dans la livraison 1904-1905 de L’Année sociologique dont il vient de rejoindre l’équipe, Halbwachs s’occupe avec Émile Durkheim de la sous-rubrique des comptes rendus portant sur les « classes sociales » au sein de la section « sociologie juridique », et celle sur les « classes économiques » avec Hubert Bourgin et François Simiand dans la section « sociologie économique ». L’année suivante, la sous-rubrique « classes sociales » disparait mais il prend part à celle sur les « classes économiques » avec Simiand, pour finalement y contribuer seul dans le volume 1906-1909. De quatre ans son aîné, F. Simiand (1873-1935) a déjà exposé le programme à mener sur le sujet (Simiand, 1899) et l’a précisé davantage dans le compte rendu de l’ouvrage d’un médecin allemand sur les variations dans l’alimentation ouvrière (Simiand, 1903). Avec Halbwachs ils publient dans L’Année socio- logique une série de comptes rendus d’enquêtes de budgets de familles menées en Angleterre, aux États-Unis, en Allemagne, en Belgique et en France. En parallèle, Halbwachs publie deux articles (1905a ; 1905b) qui portent plus spécifiquement sur la question des classes sociales dans lesquels il discute les « économistes allemands », dont les travaux sont largement analysés dans L’Année sociologique[1]. Il y discute plus particulièrement les travaux des « théoriciens des classes» Gustav Schmöller et Karl Bücher qui expliquent les classes au regard du régime de la production (en s’intéressant à « l’occupation ») ou de la répartition (au revenu). Halbwachs montre que pour comprendre les classes sociales, il convient plutôt de combiner ensemble professions et dépenses pour «y découvrir un élément positif, qui serait tout ce qu’en retient la conscience sociale, quand elle devient conscience de classe » (Halbwachs, 1912, p. ix).

4 Si sujet et méthode sont indissociables, faut-il encore faire la preuve de la scientificité des enquêtes de budgets. En ces années 1900, il s’agit principalement de se démarquer de l’héritage pour le moins encombrant des philanthropes, principaux maîtres d’ouvrage des budgets de famille à l’image

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des Anglais, des Américains, membres de sociétés charitables, reporters de revues philanthropiques, [qui] ont voulu donner des familles qu’ils avaient choisies, une description détaillée jusqu’à la minutie : ils en ont raconté l’histoire, les épreuves, les maladies, les deuils. Ayant rapporté des lambeaux de conversation, publié des photographies, ils ont cru avoir poussé l’enquête jusqu’à son terme […] Il faut [….] de préférence concentrer notre attention sur les dépenses et le genre de vie d’un ménage normal, ni trop malheureux, ni trop favorisé.
(Halbwachs, 1908, p. 545).

6 Halbwachs se réfère ici aux nouvelles formes d’investigation menées par des journalistes et réformateurs au tournant du siècle en Angleterre (Vernon, 2007) et en Amérique (Turner, 2014), qui contribuent à documenter et rendre visibles, photographies à l’appui, la faim et la misère ordinaires des grands centres urbains et industriels. Mais il lui faut surtout se démarquer du travail considérable effectué par Frédéric Le Play et le collectif d’enquêteurs (Baciocchi, David, 2005-2006) des Ouvriers Européens (Le Play, 1855) et des Ouvriers des deux Mondes (Le Play, 1857-1913) en matière de budgets de familles (Lhuissier, 2007). Halbwachs est admiratif du travail de Le Play sur les budgets, auquel il ne cessera de rendre hommage, mais dont il s’efforce de se distinguer :

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[…] C’est l’étude des classes sociales, de leurs réactions, de leurs limites qui devient ainsi possible, et c’est le sociologue qui entre en scène, non seulement pour tirer des budgets et utiliser ce qui n’a pas intéressé l’hygiéniste ou le philanthrope, mais pour indiquer aussi aux enquêteurs comment ils doivent choisir les cas à observer, et quels détails, précisément, on leur demande de recueillir.
(Halbwachs, 1908, p. 561).

8 Là réside tout l’enjeu pour le jeune durkheimien : affirmer le caractère scientifique de la méthode et se positionner comme sociologue en insistant sur l’intérêt de la conception des enquêtes [2]. Il s’agit certainement ici d’un enseignement directement tiré de l’enquête qu’il a coordonnée au printemps de l’année précédente, en 1907, pour laquelle il a établi lui-même huit budgets de familles parisi- ennes. Cette enquête est commanditée par l’industriel et philanthrope Seebhom Rowntree et porte sur 54 ménages ouvriers et 33 ménages ruraux [3]. Chargé de recruter les enquêteurs et les familles, Halbwachs doit aussi veiller au bon remplissage des carnets, qu’il envoie ensuite à Rowntree, lequel en effectue l’analyse. Halbwachs y forge une conviction en matière de méthode : outre la collecte directe auprès des familles, il plaide pour des budgets tenus sur un minimum de quatre semaines et pour le recueil des menus en regard des achats pour un plus grand contrôle (Halbwachs, 1914). Les approximations qu’il s’autorise toutefois en corrigeant un carnet incomplet montrent toute la difficulté de ce type d’enquête :

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« J’ai dû indiquer approximativement le prix de la viande : j’espère ne pas m’être trompé en mettant le beefsteak à 60 ou 70 cent. la ½ livre, le veau à 1 f la livre, et le mouton de même : si je me trompe trop grossièrement, je vous serais reconnaissant de m’en aviser [4] ».

10 Les résultats de cette enquête ne sont publiés qu’en 1914 (voir infra) et n’ajoutent rien aux conclusions publiées préalablement dans son ouvrage La Classe ouvrière et les niveaux de vie (Halbwachs, 1912). Cet ouvrage, qui a déjà fait l’objet de précieuses analyses (Baudelot, Establet 1994 ; 2011 ; Topalov, 1999 ; 2015), est la publication de la thèse ès-lettres qu’il soutient en Sorbonne le 14 mai 1913 [5]. Il s’appuie sur l’analyse de deux enquêtes allemandes de budgets de familles tenus sur une année, effectuées en 1907 par l’Office impérial allemand de statistique (218 employés et instituteurs et 522 ouvriers et travailleurs), et l’Union des travailleurs des métaux en Allemagne (400 budgets ouvriers). Retenons ici l’efficacité heuristique de l’analyse statistique des consommations. Halbwachs cherche des lois permettant d’expliquer la répartition des dépenses (regroupées en 4 grands postes : alimentation, logement, vêtement et autres dépenses) de la classe ouvrière. Il lui faut pour cela réélaborer les données allemandes. Il reconstruit les catégories initiales de revenus, reprend la composition des familles en distinguant le nombre de personnes et le nombre de « quets [6] » par ménage et distingue enfin les ouvriers des employés et instituteurs. Dans un premier temps, il met en évidence les différences de répartition des dépenses entre employés et ouvriers : à revenu égal, la part de la dépense nourriture est nettement plus faible chez les employés que chez les ouvriers, la part des postes logement et « autres dépenses » est plus forte chez les employés alors que la dépense vêtement varie moins. Des différences s’observent également à l’intérieur de chacun de ces postes. Par exemple les ouvriers dépensent moins en viande, jambon, saucisses, mais davantage en graisse et en beurre ; à peu près autant en café mais bien moins en thé, etc. Ces différences mises au jour, il concentre la suite de ses analyses sur le groupe ouvrier. Après avoir démontré que la localité et le type de métier n’exercent pas d’influence particulière sur la répartition des dépenses, il s’intéresse au revenu et à la grandeur des familles avec cette question :

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Est-ce que, par la différence des proportions où sont entre elles leurs diverses dépenses, les familles ouvrières tendent à se séparer en groupes homogènes et distincts ? Est-ce que cette différence s’explique surtout par l’importance de leurs revenus ?
(Halbwachs, 1912, p. 327).

12 La réponse est négative et le conduit à préciser et infirmer en partie les lois formulées par Engel :

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comme le disait Engel, plus le revenu est élevé, plus est petite la proportion des dépenses consacrées à la nourriture. Mais il a eu tort de penser que la dépense vêtement restait approximativement la même : elle augmente nettement, dans l’ensemble. Il se trompait, de même, lorsqu’il a dit que la dépense logement ne variait guère : elle diminue dans l’ensemble, mais non aux mêmes moments que la dépense nourriture. Enfin les «autres dépenses» augmentent avec le revenu.
(Halbwachs, 1912, p. 382).

14 Si la classe ouvrière ne se décompose pas en groupes qui se définissent par des niveaux de vie différents,  « Y a-t-il un niveau de vie commun à toute la classe ouvrière, c’est-à-dire auquel, plus ou moins consciemment, tous les ouvriers s’efforcent de s’élever ? ». Pour répondre à cette question Halbwachs se livre à une analyse détaillée des postes nourriture et logement. Il complète l’analyse des données allemandes relatives au poste alimentation par les résultats de l’enquête française qu’il a menée en 1907 :

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Entre les ménages des catégories les moins fortunées et les autres, une différence sérieuse de régime alimentaire est manifeste. Chez les premiers, la consommation de viande représente une part de la dépense inférieure à la consommation de pain et, chez les autres, l’inverse. Les premiers consomment plus de graisses et moins de beurre, plus de poisson (de qualité commune) aussi que les autres. Ils consacrent une part plus forte (en proportion) de leur dépense nourriture que les autres à l’achat de pommes de terre et de légumes, et, si on distingue ces deux articles, à l’achat de pommes de terre en tout cas (si la dépense légumes est à peu près la même en quantité, la qualité diffère). Ils paraissent, d’autre part, dépenser moins en lait et en boisson; mais la différence ici n’est plus considérable. Tous ces résultats recouvrent presque exactement ceux où nous avaient conduits les enquêtes allemandes.
(Halbwachs, 1912, p. 365).

16 Finalement, l’ensemble de ce travail converge vers l’affirmation de l’unité de la classe ouvrière telle qu’elle s’exprime dans ses besoins :

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Entre les dépenses des ménages ouvriers les plus pauvres et les plus aisés, il existe de grandes différences. Il n’y a d’ailleurs de celles-là à celles-ci une série de transitions bien régulières, comme cela devrait être si l’ordre des dépenses résultait mécaniquement du chiffre du revenu combiné avec la grandeur des ménages. Mais il n’y a pas, non plus, des changements brusques et profonds qui portent sur tout l’équilibre du budget, ou plutôt qui déplacent son centre de gravité de façon sérieuse et soudaine, comme cela devrait être s’il y avait plusieurs niveaux de vie, inégaux et séparés par un réel intervalle, où des sections de la classe ouvrière tendraient à se maintenir.
(Halbwachs, 1912, p. 380).

18 Se déclarant « frappé » par la faible dépense consacrée au logement, Halbwachs y voit :

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ce caractère fondamental du travail ouvrier, qu’il est nécessairement effectué « hors de la société ». Mais ainsi s’explique aussi qu’à l’intérieur de la classe ouvrière on ne relève pas de subdivisions d’un caractère social, et que l’unité de cette classe reste entière.
(Halbwachs, 1912, p. 450).

Mesurer le coût de la vie (1914-1921)

20 L’augmentation des prix des objets de consommation dans les années d’avant guerre marque un tournant dans les questions de consommation. C’est dans ce contexte que se comprend la publication des articles d’Halbwachs entre 1914 et 1921, cette fois-ci dans un dialogue de méthode avec les statisticiens de la Statistique Générale de la France (SGF) sur les modes de calcul des indices du coût de la vie. Avec la « vie chère », qui sévit entre 1910 et 1914 « se produit une prise de conscience générale de ce qu’est le prix de la vie. […] Les notions de coût de la vie et de pouvoir d’achat apparaissent et se précisent. » (Flonneau, 1970, pp. 49-50).

21 En octobre 1914, Halbwachs publie dans le Bulletin de la Statistique Générale de la France un article intitulé « Budgets de familles ouvrières et paysannes en France, en 1907 » dans lequel il présente les résultats de l’enquête menée sept ans auparavant (Halbwachs, 1914). Outre le contexte de vie chère, cette publication tardive se comprend au regard du lancement, par la SGF fin 1913, d’une enquête « sur les conditions de la vie ouvrière et rurale en France » évoquée dès la première ligne de l’article, et à l’organisation de laquelle il n’a pas été convié [7]. L’article en lui-même ne présente aucune nouveauté dans la réfutation des lois d’Engel. Il s’inscrit en revanche dans un dialogue avec la SGF sur la méthode des budgets et traduit une opposition plus profonde sur la conception de la méthode statistique (Martin, 1999). Les durkheimiens mais surtout Halbwachs et Simiand refusent d’utiliser les outils synthétiques de la statistique mathématique introduite par Lucien March à la SGF (Desrosières, 1985), qui privilégient les distributions par rapport aux moyennes, les corrélations et les causalités par rapport aux régularités, auxquels ils attribuent un pouvoir explicatif limité. Si les statistiques constituent pour Halbwachs un instrument privilégié pour bâtir une sociologie positive, le pouvoir réel qu’il leur attribue est très limité : elles ne peuvent servir qu’à établir des faits que le sociologue doit ensuite interpréter et expliquer, et qui doivent être replacés dans leur contexte social précis (Martin, 1999).

22 Vivace en 1914, la question du coût de la vie le sera encore davantage dans l’immédiat après guerre et trouvera un aboutissement dans la création d’une Commission centrale d’études relatives au coût de la vie instituée auprès du Ministère du Travail par le décret du 19 février 1920 (Ministère du Travail, 1921). Cette commission se décline en commissions régionales ou départementales chargées de construire des nombres-indices régionaux. Si Halbwachs, entretemps nommé Professeur de sociologie et de pédagogie à la Faculté des lettres de Strasbourg, ne fait pas davantage partie de cette nouvelle commission, il parvient pourtant à y contribuer en réalisant, à la demande de Simiand [8] – qui assure à Strasbourg les fonctions de Directeur du Travail, de la Législation ouvrière et des Assurances sociales – l’enquête pour le compte de la Commission régionale en Alsace et Lorraine. Halbwachs est en profond désaccord avec la méthode employée par le Ministère du Travail :

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Une méthode, souvent appliquée jusqu’ici, pour mesurer les variations du coût de la vie, consistait à supposer une famille ouvrière de composition constante, et qui répartirait ses dépenses (pour le loyer, l’alimentation etc., et même pour les divers éléments de l’alimentation) d’une manière identique, aux diverses époques ; il suffisait alors de connaître les prix des produits à ces époques successives, pour obtenir, par un calcul simple, le montant de la dépense totale correspondant à des consommations de même nature et de même quantité. Mais comme il est très possible, et même vraisemblable, que la répartition des dépenses change, en même temps que le prix des denrées, on s’est proposé de déterminer cette répartition telle qu’elle se réalise effectivement, par des enquêtes directes. Ainsi seulement on connaîtra dans quelle mesure le genre de vie des ouvriers a changé – par exemple depuis 1914, c’est-à-dire depuis 6 années.
(Halbwachs, 1921a, p. 50).

24 Il modifie donc les règles fixées par le Ministère, et pour établir l’indice du coût de la vie, procède à une enquête de budgets de familles en commençant par élaborer « un modèle de livret » qu’il reproduit en annexe de l’article (Halbwachs, 1921b, 1921c). La nourriture représente plus de la moitié des dépenses des ménages enquêtés. Halbwachs y consacre un paragraphe pour expliquer les précautions de méthode dont il s’est entouré :

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Il importe en effet, pour calculer le prix de la vie en partant des prix au détail, de savoir pour quelle part chaque espèce d’articles entre dans l’alimentation. C’est pourquoi on avait demandé aux ménages enquêtés d’inscrire très exactement l’espèce, la quantité et le prix des aliments achetés et consommés.
(Halbwachs, 1921c, p. 64).

26 Il explique avoir aussi évalué les stocks en début et fin d’enquête. Sa conclusion vient, sans surprise, étayer sa critique du mode de calcul de l’indice et plaider pour sa propre méthode.

27 Dans les années 1920, la question de la mesure des nombres-indices est également portée par le Bureau International du Travail (BIT) nouvellement créé, en particulier lors de la deuxième conférence des statisticiens du travail (BIT, 1925b). À la différence de la SGF, le BIT recommande de s’appuyer sur des budgets de famille :

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Il est désirable que dans les pays où des enquêtes sur les budgets familiaux n’ont pas été faites depuis 1920-1921, de telles enquêtes soient entreprises aussitôt que les conditions économiques seront assez favorables, et si possible avant la fin de l’année 1928 […] Ce vœu faisait partie d’un groupe de résolutions relatives aux méthodes de calcul des nombres indices destinés à servir de mesure pour les fluctuations du coût de la vie. Les renseignements fournis par les enquêtes sur les budgets familiaux constituent une base précieuse pour le calcul de ces nombres-indices, car ils montrent l’importance relative de la consommation des différents articles compris dans l’indice. Aussi faut-il, si l’on veut s’assurer une base uniforme pour le calcul des nombres-indices du coût de la vie, que les divers pays qui procèdent à des enquêtes sur les budgets familiaux, adoptent, à cet effet, les mêmes principes.
(BIT, 1925a, préface).

29 Pour ce faire, le BIT publie l’année suivante un vademecum sur les méthodes d’enquêtes sur les budgets familiaux (BIT, 1926). Comme le souligne Alain Desrosières « ces recommandations ne rencontrent aucun relais institutionnel en France » (Desrosières, 2003, p. 89). Elles confortent en revanche les conceptions d’Halbwachs, qui va les défendre dans diverses instances statistiques et politiques internationales.

Le temps des comparaisons statistiques et de l’expertise (années 1930)

30 Les années 1930 marquent un tournant dans la réflexion et l’activité d’Halbwachs sur la question des budgets. Ce regain d’intérêt (on note une interruption de 10 ans dans la chronologie des publications) se comprend d’abord à la faveur de son voyage à Chicago à l’automne 1930 [9]. « Dès son arrivée, Halbwachs compulsa à Chicago les enquêtes nord-américaines, comme il l’avait fait à Berlin à l’automne 1910 pour les enquêtes allemandes. » (Halbwachs [édition critique par C. Topalov], 2012, p. 24). Il en publie les résultats l’année suivante dans un long article du Bulletin de la Statistique générale de la France, (Halbwachs, 1931). La question est de savoir si les ouvriers américains, dont les budgets ont augmenté, ont adopté un modèle de consommation qui se rapproche de celui des employés. Avec une formalisation extrême, il montre une diminution de la dépense nourriture, une réduction et une transformation des besoins alimentaires de l’ouvrier américain, une augmentation des dépenses de logement, vestimentaires et diverses. Mais bien qu’il tende à diminuer, l’écart en matière de consommation subsiste entre ouvriers et employés. En 1932 Halbwachs reprend ces résultats et les expose à ses collègues de l’Institut français de sociologie [10]. L’enjeu n’est pas le même, il s’agit de reprendre la réflexion sur la « théorie de la classe ouvrière », le ton y est plus décontracté (Halbwachs, 1932). L’année suivante, la publication de l’ouvrage L’Évolution des besoins de la classe ouvrière, s’inscrit dans un contexte intellectuel lui permettant de renouer avec la méthode comparative prônée par Émile Durkheim (1895) en particulier la prise en compte du temps (Baudelot, Establet, 2011, p. xxv) à laquelle Halbwachs avait déjà réfléchit dans Les Cadres sociaux de la mémoire (Halbwachs, 1935) et plus tard dans Les Causes du suicide (Halbwachs, Mauss, 1930). La dimension dynamique de la consommation lui permet de renouer avec les critiques qu’il avait déjà adressées au mode de calcul de l’indice du coût de la vie : « L’indice du prix de la vie ne prétend pas nous apprendre comment varient les besoins puisqu’il suppose qu’ils ne varient pas » (Halbwachs, 2011 [1933], p. 416). L’Évolution paraît aussi à une période où les comparaisons internationales sont encouragées, en particulier par les instances statistiques et politiques internationales dans lesquelles il exerce lui-même quelques responsabilités. Halbwachs s’appuie tout d’abord sur une nouvelle enquête par budgets de familles effectuée en 1927-1928 par l’Office de statistique du Reich portant sur plus de 3000 familles [11]. L’étude des variations de la répartition des dépenses entre ouvriers, employés et fonctionnaires lui permet de confirmer les observations de 1912 selon lesquelles la différence essentielle entre les budgets des deux classes est que la dépense pour la nourriture est moindre chez les employés, et la dépense pour le loyer plus réduite chez les ouvriers. Pour le vêtement, comme pour le reste, à égalité de revenu (et à grandeur égale des familles), ils dépensent en moyenne à peu près autant (il s’agit, bien entendu, de la proportion de ces dépenses à la dépense totale).

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(Halbwachs, 2011 [1933], p. 448).

32 Observant plus en détail chaque poste de dépenses, il relève une série de différences. En ce qui concerne l’alimentation, les aliments les plus recherchés et les plus coûteux se rencontrent plus souvent chez les employés ; en ce qui concerne l’habillement, les dépenses ne sont pas les mêmes entre les deux classes quant aux chaussures, vêtements ou linge ; les dépenses de logement diffèrent également, selon le prix du loyer, mais aussi le cubage d’air ou le confort. Quant aux dépenses autres, les différences paraissent moins tranchées sauf pour quelques postes tels que les distractions, l’école ou les soins du corps.

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Ce n’est pas seulement parce que les ménages, en moyenne, ont des revenus moins élevés que les familles d’employés ou de fonctionnaires, qu’ils répartissent autrement leurs dépenses. Puisque ces différences se manifestent, ou subsistent, alors même que l’on compare les membres des deux classes dont les revenus sont semblables, c’est qu’elles tiennent à la nature même de la profession ouvrière, à la fonction que cette catégorie d’hommes remplit dans la société, et, sans doute aussi, à ce que, échappant en partie à l’influence des autres milieux, ils n’attachent pas la même importance qu’eux aux mêmes objets, et ne ressentent pas exactement les mêmes besoins.
(Halbwachs, 2011 [1933], p. 472).

34 Une fois ces différences observées, Halbwachs s’interroge sur les modifications des dépenses pour des mêmes ménages en fonction des modifications de salaires ou des prix. Ne disposant pas de données longitudinales, il s’appuie sur un jeu d’enquêtes américaines aux méthodes comparables « moyennant certaines précautions ». La comparaison dans le temps de cinq enquêtes américaines couvrant la période 1902-1930 lui permet ainsi de réaliser ce à quoi il n’était pas parvenu avant guerre alors qu’il pensait confronter les budgets obtenus en 1907 aux monographies leplaysiennes portant sur des familles similaires. Ces analyses sont, pour l’essentiel, déjà publiées dans l’article du Bulletin de la SGF.

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Ce qui nous a frappé dans cette période, c’est que, dans la population ouvrière des États-Unis, tandis qu’on réduisait beaucoup la dépense pour la nourriture et que les loyers ne montaient que lentement, bien plus lentement que les prix, des besoins nouveaux, qui n’existaient pas jusqu’ici, ou qui ne jouaient qu’un rôle très modeste, brusquement prenaient leur essor.
(Halbwachs, 1931, p. 524).

36 Si les besoins des ouvriers évoluent différemment de ceux des employés, il n’en demeure pas moins « qu’en ces phases de stabilité apparente un reclassement s’opère entre tous les besoins, qui permet aux acquisitions nouvelles de s’incorporer durablement au niveau de vie des ouvriers. » (Halbwachs, 1931, p. 569).

37 Ce regain d’intérêt pour l’analyse des budgets de famille est indissociable de l’intensification de l’activité statistique du sociologue durkheimien, dont la publication du Point de vue du nombre (Halbwachs, Sauvy, Ulmer, Bournier, Febvre, 2005) viendrait en point d’orgue [12]. À partir de 1935, alors qu’Halbwachs devient membre de l’Institut international de statistique, son agenda se remplit en effet d’une succession de réunions et d’interventions sur le thème des budgets de famille. Avec la crise économique, différents types d’enquêtes sont mises en place pour en évaluer les effets sur les familles populaires. C’est le cas de celle dirigée en Autriche en 1931 par Paul F. Lazersfeld sur les chômeurs de Marienthal (Lazarsfeld, Jahoda, Zeisel, 1981) ou en France, celle réalisée en 1932 et 1933 par l’Office d’hygiène sociale du département de la Meurthe et Moselle (Minot, 1971). En février 1935, l’Institut scientifique de recherches économiques et sociales (ISRES) réfléchit à la mise en œuvre d’une enquête « Sur le chômage », et à cette occasion, Célestin Bouglé l’y invite à donner une conférence (Halbwachs, 1935) [13]. Halbwachs en supervisera le volet portant sur les budgets familiaux (Letellier, 1949). En décembre de la même année, il se rend à Genève pour siéger à la première session du Comité d’experts sur l’alimentation des travailleurs, créé par le conseil d’administration du BIT à la suite d’une résolution émise lors de la 19e Conférence internationale du Travail. Le comité est chargé de préparer un rapport sur les aspects sociaux de l’alimentation des travailleurs qui sera présenté à la session suivante du BIT. Le temps manque pour une enquête. Les six « experts en matière de consommation ouvrière, en matière de standard d’alimentation en fonction de l’effort à accomplir, et en matière de niveau de vie et de budgets familiaux » [14], s’appuient sur la documentation disponible. Ils se réunissent du 2 au 5 décembre 1935 pour discuter le plan proposé par les représentants du conseil d’administration du BIT et s’accorder sur le contenu de chacun des chapitres. La retranscription des débats, conservée dans les archives du BIT sous la mention « confidentiel », permet de mieux saisir l’intérêt et les positions d’Halbwachs. Il intervient d’une part dans la discussion générale où il insiste sur l’importance de se concentrer moins sur les données physiologiques que sur les données de budget et plus loin sur la nécessité de se rapprocher au plus près des « habitudes alimentaires de la classe ouvrière », qu’il n’est possible de renseigner qu’« en s’adressant aux ouvriers eux-mêmes par des enquêtes sur le budget des familles [15] ». Il intervient également sur le chapitre III (données sur le régime alimentaire des ouvriers) où il enjoint à s’interroger sur « ce qui est acheté ou ce qui est consommé ? », et plus marginalement sur les chapitres iv (La production alimentaire et la consommation), v (Les aspects économiques de l’alimentation) et vi (La législation sociale et l’alimentation). Que dit en substance le rapport publié en 1936 ? Parmi une série de constats, ses auteurs (il s’agit d’un collectif) affirment qu’une part importante de la population ouvrière n’est pas bien nourrie. Ils imputent principalement ce constat au bas niveau des salaires et à l’insuffisance du pouvoir d’achat pour se procurer des aliments protecteurs.

38 Ce rapport est sous-tendu par les travaux qui se tiennent en parallèle à la Société des Nations (SDN) au sein de l’Organisation d’hygiène dirigée depuis 1931 par le médecin Ludwik Rajchman dont la mission était de mettre sur pied un programme international de nutrition (Weindling, 1995). Dans le même mouvement que le BIT, la SDN demande à ses organismes compétents, notamment l’Organisation économique et financière et l’Organisation d’hygiène d’examiner le même problème sous ses aspects hygiéniques et économiques, en y associant, dans la mesure du possible, les aspects sociaux. Pour faire face à la crise qui sévit, il s’agit de proposer des solutions pour orienter la production agricole et la nutrition dans un souci de progrès de la santé publique [16]. Le rapport de 1937 sur L’Alimentation dans ses rapports avec l’hygiène, l’agriculture et la politique économique (Société des Nations, 1937) est une première étape dans cette réflexion. Il est le fruit du Comité mixte pour le problème de l’alimentation auquel Halbwachs siège à deux reprises (10-15 février et 4-6 juin 1936) en tant que représentant suppléant du Comité d’experts sur l’alimentation des travailleurs [17]. L’une des résolutions pratiques du Comité mixte porte sur la création de Comités nationaux de l’alimentation. Le Comité français est créé le 22 février 1936. Il comprend « des représentants de la Présidence du Conseil, des Ministères compétents (Santé publique, Agriculture, Commerce, Education nationale, Guerre, Marine, Colonies, Travail, Finances, Affaires Etrangères, Travaux publics) et de grandes organisations scientifiques, agricoles, ouvrières, commerciales, etc., particulièrement intéressées au problème de l’alimentation ». Halbwachs fait partie du comité de coordination, lequel est « composé de MM. Les professeurs Lapicque, Parisot, Halbwachs, MM. Lagarde, Sous-Directeur aux Affaires Etrangères, Garnier, Ingénieur agricole, et les Présidents et rapporteurs des quatre commissions précitées » (Société scientifique d’hygiène alimentaire, 1936). Si les archives du comité français manquent, on sait toutefois qu’il va être à l’initiative d’un important dispositif d’enquête nutritionnelle (Lhuissier, 2013). Là se perd la trace d’Halbwachs qui abandonne vraisem- blablement un projet récupéré par ceux qu’il désigne les physiologistes « de laboratoire » dont il est loin de partager les présupposés. Il leur reproche une conception par trop normative de l’alimentation : « Seulement constatons que, ce que les médecins et physiologistes ont en vue, c’est l’amélioration de la santé publique, c’est-à-dire ce qui devrait être (si l’on désirait avant tout et exclusivement réduire le nombre des maladies, accroître la durée moyenne de la vie) », or cette conception ne tient pas suffisamment compte des goûts et des habitudes propres à chaque individu et aux groupes sociaux : « Mais surtout, qu’il s’agisse de la politique économique, ou de l’hygiène publique, toutes les « réformes » doivent s’inspirer d’abord de ce qui est, ici des habitudes alimentaires telles qu’on peut les observer en fait dans les milieux de travailleurs » (Halbwachs, 1937c, p. 140). Cette opposition est également sous-tendue par la délicate question de l’évaluation du coût des régimes optimum prônés par les physiologistes. Si ce point est au cœur des discussions du Comité d’experts du BIT, elle est savamment contournée dans le rapport du Comité Mixte, dont les membres britanniques ont été échaudés par une forte controverse à ce sujet (Webster, 1982 ; Mayhew, 1988). Après l’hégémonie de la statistique mathématique, Halbwachs fait donc face, sur le sol français et international, à celle des physiologistes dans la conception des modes de recueil, de l’évaluation et de la description des consommations ouvrières. En la matière les cartes seront toutefois redistribuées pendant et au sortir de la Seconde Guerre mondiale, par la création d’organismes de recherche tels que l’INH (Depecker, Lhuissier, 2016), l’INED (Rosental, 2003) ou l’INSEE (Desrosières, 2003). Aux Annales sociologiques, dont Halbwachs assure le secrétariat de rédaction, le thème des classes sociales fait offi- ciellement son entrée en 1941 dans le fascicule de sociologie générale « puisque le concept de classe relève de la sociologie générale et que la réalité des classes intéresse la société dans son ensemble » [18].

39 Les travaux actuels en sociologie de l’alimentation ont prouvé l’efficacité des analyses de Maurice Halbwachs en montrant la persistance des disparités sociales en matière d’alimentation. Les analyses récentes de l’enquête INSEE budgets de famille mettent en évidence d’importantes différences en matière d’allocation du budget alimentaire. La part des dépenses d’alimentation hors domicile par exemple varie de 1,3 % à 4,8 % du total des dépenses selon les CSP (Ferrant, Plessz, 2015), et augmente régulièrement avec le revenu. Toutefois, les inégalités en matière d’alimentation ne se limitent pas à des variations entre coefficients budgétaires. Accessibilité et qualité des produits, mais aussi contexte et rythme des repas (Riou et al., 2015) fournissent autant d’indices qualitatifs permettant de déceler des situations de précarité sociale. L’analyse de la différenciation des consommations est aujourd’hui prolongée par l’exploration du lien entre consommations alimentaires et maladies. La question de l’obésité (Régnier, 2006 ; Saint Pol, 2008 ; 2010 ; Poulain, 2009), est à présent l’exemple le plus saillant du lien entre alimentation et inégalités sociales.

Annexe 1 :
Corpus documentaire relatif aux contributions de Maurice Halbwachs aux enquêtes budgets de famille

40 Cette liste bibliographique est centrée sur les documents de Maurice Halbwachs portant, chronologiquement, sur la question des budgets de famille. Elle recoupe inévitablement les écrits sur les classes sociales mais exclut ces derniers lorsque la question des budgets et des niveaux de vie n’y est pas centrale. Nous avons élaboré cette liste à partir du dépouille- ment des revues suivantes : Revue philosophique de la France et de l’étranger [1876-1920], L’Année sociologique [1896-1912 ; 1923-25] [19], Notes critiques – Sciences sociales [1900-1906], la Revue du mois [1905-1926], Les Annales d’histoire économique et sociale [1929-1948], Les Annales sociologiques [1934-1942], La Revue de métaphysique et de morale [1ere série 1893-1944], Le Bulletin de l’Institut français de sociologie [1930-1933]. Les références ainsi récoltées ont été confrontées à (et le cas échéant complétées par) la bibliographie établie par Victor Karady (Halbwachs, 1972) et celle de Yash Nandan (1977). Elle mérite sûrement que l’on y adjoigne d’autres revues, comme par exemple la Revue internationale du Travail [1921 - ] ou La Revue de synthèse [1900-1930 ; puis 1931-1947] qui n’ont été que partiellement consultées.

41 Cette liste est complétée par une série de sources d’archives qui viennent éclairer l’activité de Maurice Halbwachs relativement aux enquêtes budgets de famille. Ces références sont mentionnées au fil du texte.

42 Halbwachs M., 1905a, « Les besoins et les tendances dans l’économie sociale », Revue Philosophique, 59, pp. 180-189.

43 Halbwachs M., 1905b, « Dr. Heinrich Feurstein. Lohn und Haushalt der Uhrenfabrikarbeiter des badischen Schwarzwalds. (Volkswirtschaftliche Abhandlungen der badischen Hochschulen). Karlsruhe, G. Braunschen Hofbuchdruckerei, 1905, in-8, 208p. » Notes Critiques. Sciences sociales, 6, 46-47, pp. 181-183.

44 Halbwachs M., 1905c, « Remarques sur la position du problème socio- logique des classes », Revue de métaphysique et de morale, pp. 890-905.

45 Halbwachs M., 1907a, « F. S. Schnapper-Arndt (Dr. Gottlieb). Vorträge und Aufsätze. Herausgegeben von Dr Lois Zeitling. Tübingen, Laupp, 1906, viii-320p. », L’Année sociologique, 10, pp. 608-609.

46 Halbwachs M., 1907b, « Herzfeld (Miss Elsa). Family monographs. The history of twenty-four families living in the middle west-side of New York city », L’Année sociologique, 10, pp. 605-608.

47 Halbwachs M., 1908a, « Budgets de familles », La Revue de Paris, 4, pp. 534-562.

48 Halbwachs M., 1908b, « Le salaire des ouvriers des mines de charbon en France. Contribution à la théorie économique du salaire par François Simiand », La Revue du mois, 6, 35, pp. 608-611.

49 Halbwachs M., 1910a, « Chapin (R. Coit), The Standard of living among workmen’s families in New York City (New York, 1909) », L’Année sociologique, 11, pp. 665-671.

50 Halbwachs M., 1910b, « Fuerth (Henriette). Ein mittlebügerliches Budget über einen zehnjährigen Zeitraum (1907) », L’Année sociologique, 11, pp. 671-673.

51 Halbwachs M., 1912a, « Frédéric Engels. Philosophie, économie politique, Socialisme (contre Dürhring), traduit par Laskine (Giard et Brière) – P. Kropotkine. Champs, usines et ateliers, traduit par Leray (Stock). – Clark. Principes d’économie dans leur application aux problèmes modernes de l’industrie et de la politique moderne (Giard et Brière). – Ernest Mahaim. Des abonnements d’ouvriers sur les lignes de chemin de fer belges et leurs effets sur le régime alimentaire (Misch et Thron). – Slosse et Waxweiler. Enquête sur le régime alimentaire (Misch et Thron). – B. Seebohm Rowntree. Comment diminuer la misère ? Etudes sur la Belgique, traduit par A.J.A. Hotermans, (Giard et Brière). – Nogaro et Moye. Les régimes douaniers (Colin). – Seligman. Théorie de la répercussion de l’impôt, traduit par Suret (Giard et Brière). – René Maunier. L’origine et la fonction économique des villes (Giard et Brière) », La Revue du mois, 13, pp. 114-116.

52 Halbwachs M., 1912b, La Classe ouvrière et les niveaux de vie, recherches sur la hiérarchie des besoins dans les sociétés industrielles contemporaines, Paris, Félix Alcan.

53 Halbwachs M., 1913a, « Brand (Georg). Die Wirtschaftsbücher zweier Pfarrhäuser des Leipziger Kreises im vorigen Jahrhundert. Ein Versuch zur Frage nach den Lebenskosten. Leipzig, Duncker und Humblot, 1911, viii-125 p. », L’Année sociologique, 12, pp. 747-752.

54 Halbwachs, Maurice, 1913b, « Wenckstern (Hermann von). Existenz-Bedingungen sesshafter Landarbeiter. I und II. (Berlin, 1909 et 1911) », L’Année sociologique, 12, p. 752.

55 Halbwachs M., 1913c, « Freudenberg (Friederich Carl). Die neuzeitliche Volkswirtschaft und die Existenzbedingungen der Familien in der badischen Pfalz », L’Année sociologique, 12, pp. 752-754.

56 Halbwachs M., 1913d, « Streightoff (Frank Hatch). The Standard of living among the industrial people of America. Boston and New-York, Houghton Mifflin Co., 1911, xix-196p. in-16 », L’Année sociologique, 12, pp. 754-757.

57 Halbwachs M., 1913e, « Imbert (Dr. A.). Observations économiques de vies ouvrières. Montpellier, Coulet, et Paris, Masson, 1911. 233 p., in-8° », L’Année sociologique, 12, pp. 757-758.

58 Halbwachs M., 1913f, « Thèse de doctorat de M. M. Halbwachs, agrégé de philosophie », Revue de métaphysique et de morale, numéro Supplément, pp. 19-23.

59 Halbwachs M., 1914, « Budgets de familles ouvrières et paysannes en France, en 1907 », Bulletin de la statistique générale de la France, 4, 1, pp. 47-83.

60 Halbwachs M., 1921a, « Revenus et dépenses de ménages de travailleurs. Une enquête officielle d’avant-guerre », Revue d’économie politique, 35, pp. 50-59.

61 Halbwachs M., 1921b, « Enquête sur les conditions de vie de ménages ouvriers en France (Janvier 1921) », Office de Statistique d’Alsace et de Lorraine. Comptes rendus statistiques, 3e année (Fascicule n° 5), pp. 40-56.

62 Halbwachs M., 1921c, « Enquête sur les conditions de vie de ménages ouvriers en France (Mai 1921) », Office de Statistique d’Alsace et de Lorraine. Comptes rendus statistiques 3e année (Fascicule n° 5), pp. 57‑65.

63 Halbwachs M., 1925, « Shirras (G. Findlay), Director of the Labour Office Government of Bombay. Report on an inquiry into working-class budgets in Bombay. Bombay, Government Central Press, 1923, 229 p. », L’Année sociologique, 1, p. 887.

64 Halbwachs M., 1931, « Les budgets de familles ouvrières aux États-Unis », Bulletin de la statistique générale de la France, 20, 3 (avril-juin), pp. 395-430.

65 Halbwachs M., 1932, « [Budgets de familles ouvrières, en Allemagne et aux États-Unis] », Bulletin de l’Institut Français de sociologie, 3, 2, pp. 51-70 [+ discussion pp. 70-83].

66 Halbwachs M., 1933a, « Budgets de famille [note de lecture sur deux ouvrages allemands] », Annales d’histoire économique et sociale, 5, 20, pp. 184-186.

67 Halbwachs M., 1933b, L’Évolution des besoins dans les classes ouvrières, Paris, Félix Alcan, coll. « Nouvelle Bibliothèque économique.

68 Halbwachs M., 1933c, « L’évolution des besoins dans les classes ouvri- ères (Paris, 1933) », Annales sociologiques, Sociologie économique, fascicule 1, pp. 270-273.

69 Halbwachs M., 1933d, « The new survey of London life and labour (vol. i-iv) », Les Annales sociologiques, Sociologie économique, série D (fascicule 1).

70 Halbwachs M., 1935, « Projet d’enquête sur le chômage et les budgets ouvriers exposé par M. Halbwachs le 6 février 1935 », Institut Scientifique de recherche Économiques et Sociales, février 6.

71 Anon., 1936, « L’évolution des besoins dans les classes ouvrières. Par Maurice Halbwachs ». Revue de métaphysique et de morale, numéro Supplément au numéro de janvier 1936, pp. 7‑8.

72 Bureau International du Travail, 1936, « L’alimentation des travailleurs et la politique sociale », Genève, Bureau International du Travail, Coll. « Conditions économiques ».

73 Société Internationale de Statistique, 1936, Intervention au Congrès, à Athènes, le mardi 29 septembre au matin sur les budgets de famille [20].

74 Halbwachs M., 1937a, « L’alimentation des travailleurs », Annales d’histoire économique et sociale, 44, 9, pp. 205-207.

75 Halbwachs M., 1937b, « The new survey of London life and labour (vol. v-ix) », Les Annales sociologiques, Sociologie économique, fascicule 2, pp. 111-112.

76 Halbwachs M., 1937c, « Note sur les enquêtes par budgets de famille », Annales sociologiques, Sociologie économique, fascicule 2, pp. 137-142.

77 Halbwachs M., 1938a, « Analyse des mobiles dominants qui orientent l’activité des individus dans la vie sociale », in Université libre de Bruxelles, Enquêtes sociologiques, 1, Bruxelles, Institut de sociologie Solvay, pp. 59‑213.

78 Halbwachs M., 1938b, « De Leener (Georges) et James (Émile). Le problème de la consommation. Université libre de Bruxelles, Enquêtes sociologiques, 3, Paris, Librairie du Recueil Sirey, 1938, 153p. », Annales sociologiques, Sociologie économique, fascicule 4, pp. 104-105.

79 Halbwachs M., 1938c, « Morphologie de la répartition. Note de méthode », Annales sociologiques, Sociologie économique, fascicule 3, p. 104.

80 Halbwachs M., 1939, « Genre de vie », Revue d’économie politique, février, pp. 439-455.

81 Halbwachs M., 1940a, « Budgets de famille », Annales d’histoire sociale, 2, 1, pp. 52-54.

82 Halbwachs M., 1940, « Delpech (Henry). Recherches sur le niveau de vie et les habitudes de consommation (Toulouse 1936-1938). Préface de Louis Baudin. Institut scientifique de recherches économiques et sociales. Mémoires et enquêtes. Paris, Librairie du Recueil Sirey, 1938, 330 p., in-8°. », Annales sociologiques, Sociologie économique, fascicule 4, pp. 106-107.

83 Halbwachs M. 1940b, [sans titre], Annales d’histoire sociale, 2, 2, pp. 137-138.

84 Letellier, G., 1949, Dépenses des chômeurs et valeur énergétique de leur alimentation d’après les budgets de 265 familles, Paris, Sirey.

Notes

  • [1]
    Sur la discussion plus générale avec les économistes allemands, voir Steiner (2005).
  • [2]
    Sa position de sociologue n’est pourtant pas acquise dans le monde académique. En 1908, il termine un « congé d’inactivité avec traitement » et s’apprête à enseigner la philosophie au lycée. Voir son dossier personnel aux archives nationales (désormais AN) et notamment la chronologie des postes : AN / AJ/16/6017 Académie de Paris – Personnel enseignant et administratif né avant 1905.
  • [3]
    Cette enquête est à présent documentée grâce à l’exhumation d’une dizaine de lettres envoyées par Maurice Halbwachs à Albert Demangeon, l’un des enquêteurs qu’il a mobilisés pour couvrir la région Nord-Pas de Calais et, dans le même fonds, grâce à une lettre tapuscrite de Rowntree dans laquelle ce dernier explique ce qu’il attend de l’enquête. Ces lettres se trouvent conservées à la Bibliothèque Mazarine. Je ne m’étendrai pas ici sur les circonstances et le déroulement de l’enquête qui sont en train de faire l’objet d’une analyse spécifique (Lhuissier, 2015).
  • [4]
    Bibliothèque Mazarine, Fonds Albert Demangeon-Perpillou, Correspondance professionnelle 1904-1917, B2 1906-1907 / H4, lettre non datée.
  • [5]
    Voir le registre du procès-verbal de sa soutenance AN / AJ/16/4763, p. 210, ainsi que les rapports de soutenance : AN / F/17/26358/A
  • [6]
    Calcul des dépenses par unité de consommation utilisé par Engel. L’homme =1, la femme 0.85, un garçon de 14 à 16 ans équivaut à 0.7, etc. Voir Halbwachs, 1912, p. 183.
  • [7]
    Les résultats en seront publiés pendant la guerre, en particulier le volet sur l’analyse des dépenses (Dugé de Bernonville, 1917a).
  • [8]
    Lettre de Maurice Halbwachs à Albert Thomas du 21 octobre 1920. AN 94AP381 Correspondance Maurice Halbwachs-Albert Thomas (1920-1931). Merci à Thomas Hirsch de m’avoir communiqué cette précieuse information.
  • [9]
    De septembre à décembre 1930, il est Visiting professor au département de sociologie de l’université de Chicago. Sur ce voyage, voir l’édition critique de Christian Topalov (Halbwachs, 2012).
  • [10]
    La conférence ainsi que la discussion qui s’en suit sont retranscrites et publiées dans le Bulletin de l’Institut. Sur cet Institut, voir Heilbron (1983).
  • [11]
    Elles se répartissent entre 2 036 familles d’ouvriers «  de tous revenus », 546 familles d’employés et 498 familles de fonctionnaires.
  • [12]
    Halbwachs est membre de la Société de statistique de Paris, membre depuis 1935 de l’Institut international de statistique, délégué français à la Conférence des statisticiens du travail en 1936 et 1938 et membre du Conseil supérieur de la Statistique générale de la France (1937-1939). 
  • [13]
    La retranscription de l’exposé et de la discussion qui s’en suit est conservée dans les papiers de Célestin Bouglé. AN AJ 61/100 Fonds de l’École Normale Supérieure. Papiers Célestin Bouglé. Archives du Centre de Documentation sociale. Ludovic Tournès (2006) interprète cette enquête comme une tentative de synthèse entre l’approche objectiviste issue de la tradition durkheimienne et le travail de terrain représenté par l’École leplaysienne.
  • [14]
    Les six experts sont les suivants : « M. E.P. Cathcart, professeur de physiologie, université de Glasgow, M. R. Durig, professeur à l’institut de physiologie, université de Vienne, M. M. Halbwachs, professeur suppléant à la Sorbonne, Paris, M. B. Jaeggi, président de la Commission de surveillance de l’Union suisse des coopératives de consommation, Bâle, Melle Faith Williams, chef de la division du coût de la vie, Département du travail, Washington, D. C. ». Arch. BIT C. Exp. A I.1. 1935 / Bureau International du Travail. / Comité d’experts sur la question de l’alimentation.
  • [15]
    BIT / Document C. Exp. A I.4. 1935 Comité d’experts sur la question de l’alimentation des ouvriers. Première session Genève, 2-7 décembre 1935, Compte rendu des séances, p. 16.
  • [16]
    Sur l’activité de ce comité et plus généralement sur la prise en compte des questions d’alimentation et de nutrition par le Comité d’hygiène de la SDN voir : Weindling (1995), Barona (2010) et Lhuissier (en cours).
  • [17]
    Les prises de parole de Halbwachs lors des 1e et 2e sessions du Comité mixte sont identifiables dans les archives des séances qui sont entièrement sténographiées : Archives de la SDN. T127_1000_1_1_pv adv 1e session ; T127_1000_2_1 PV adv com 2e session. Et également SDN / Registry / R. 5747 – nutrition Registry n° 50/22415/20095 et R. 5747 – nutrition Registry n° 50/24945/20095.
  • [18]
    Comité de rédaction, 1941, [sans titre], Annales sociologiques, Sociologie générale, fascicule 4, p. 62.
  • [19]
    Les dates entre crochets indiquent les bornes chronologiques de la publication de chaque revue.
  • [20]
    IMEC / HBW2.A1-03 Lettres de Maurice Halbwachs / HBW2.A1-03.4 / Lettre à Yvonne, 29 septembre 36, f. 183.
Français

La publication en 1912 de l’ouvrage La Classe ouvrière et les niveaux de vie. Recherches sur la hiérarchie des besoins dans les sociétés industrielles contemporaines (Paris, Félix Alcan) par Maurice Halbwachs, a scellé la pertinence des consommations alimentaires comme objet d’analyse pour une sociologie des classes sociales qui fera école après guerre dans la sociologie française. Cet article vise à montrer, à l’appui d’un inventaire inédit et documenté de l’ensemble des contributions écrites et orales (entre 1907 et 1937) de Maurice Halbwachs sur le thème des enquêtes par budgets de famille, comment ses principales contributions s’inscrivent dans trois moments charnières de l’histoire des statistiques de consommation. Elles préfigurent chaque fois une inflexion dans les formes que prennent les enquêtes et contribuent à la réflexion en vigueur dans l’entre-deux-guerres, au niveau international, sur la question des « standards » d’enquête et de consommation.

Mots-clés

  • Budgets de familles 
  • Consommation alimentaire 
  • Niveau de vie 
  • Maurice Halbwachs

Références bibliographiques

    • Baciocchi S., David J., 2005-2006, Frédéric Le Play, Éléments d’épistémo- logie et de science sociale, Anthologie éditée et présentée par S. Baciocchi et J. David, Les études sociales, 142-143-144, numéro spécial « Frédéric Le Play. Anthologie et correspondance ».
    • Barona J. L., 2010, The Problem of nutrition: experimental science, public health and economy in Europe, 1914-1945, Brussels, P.I.E. Peter Lang.
    • Baudelot C., Establet R., 1994, Maurice Halbwachs. Consommation et société, Paris, Puf.
    • Baudelot C., Establet R., 2011, « Introduction », in Halbwachs M., Le Destin de la classe ouvrière, Paris, Puf, coll. « Le Lien social », pp. vi-xxxviii.
    • En ligne Besnard P., 1979, « La formation de l’équipe de l’Année sociologique », Revue française de sociologie, 20, pp.  7-31.
    • Bourdieu P., 1979, La Distinction, critique sociale du jugement, Paris, Éditions de Minuit.
    • Bureau international du travail, 1925a, Méthodes d’établissement des Nombres-indices du coût de la vie. Rapport préparé pour la deuxième Conférence internationale des statisticiens du Travail (avril 1925), Genève, BIT.
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Anne Lhuissier
est chargée de recherche à l’Institut National de la recherche agronomique (INRA) et membre du Centre Maurice Halbwachs. Ses recherches portent sur les consommations populaires (xix e-xx e  siècles), sur une socio-histoire des enquêtes alimentaires et sur les pratiques contemporaines de repas hors domicile. Elle a notamment publié Sociologie de l’alimentation (avec F. Régnier et S. Gojard, Éditions La Découverte, 2006), Alimentation populaire et réforme sociale (MSH/Quaé, 2007), et a récemment codirigé avec T. Depecker et A. Maurice La Juste Mesure. Une sociologie historique des normes alimentaires (PUR/Presses Universitaires François Rabelais, 2013).
Centre Maurice Halbwachs (CMH, INRA, CNRS, ENS, EHESS)
anne.lhuissier@inra.fr
Mis en ligne sur Cairn.info le 02/05/2017
https://doi.org/10.3917/anso.171.0047
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