CAIRN.INFO : Matières à réflexion
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1Pourquoi revenir – une fois encore – à Parsons ? Certes son importance est largement reconnue, au point que l’on a fait de lui le dernier des « classiques », mais elle est historiquement située et, de ce fait, peut-être datée. Cette réserve n’est pas fondée, en tout cas pour le problème qui nous intéresse ici. Il convient en effet de rappeler que pour Parsons une des priorités épistémologiques de La structure de l’action sociale consiste à démontrer la légitimité de l’abstraction dans la recherche scientifique. Plus encore, cette préoccupation conduit Parsons à prendre fermement position sur la question de savoir « jusqu’à quel point il convient de pousser le processus d’abstraction » et à formuler une réponse adéquate pour les sciences sociales.

Un premier niveau d’abstraction : le cadre de référence

2Dès le chapitre introductif de La structure Parsons introduit la notion de « cadres de référence descriptifs » et souligne qu’aucune science ne saurait s’en dispenser.

3À l’appui de cette affirmation, il développe avec vigueur un argument probant : la simple description des phénomènes à des fins scientifiques implique déjà « une mise en ordre sélective » de la réalité à partir de cadres de référence explicites. Un cadre de référence est, pour citer avec Parsons lui-même l’expression de Lawrence Henderson [1], « un schéma conceptuel ». Toute observation empirique suppose un tel schéma, auquel elle se réfère et par rapport auquel elle prend sens ; le propre de l’activité scientifique sur ce plan passe par sa formulation explicite et par son emploi systématique. En un certain sens, il s’agit d’une étape préliminaire, préalable à l’explication des phénomènes, mais indispensable, dans la mesure où précisément elle permet leur description.

4Pour autant, il y a une pluralité de cadres de référence qui diffèrent par leur degré de généralité mais qui plus encore varient en fonction de l’objectif scientifique visé. L’enjeu principal de la démarche parsonienne se laisse à cet égard aisément appréhender : il s’agit de choisir le cadre de référence le plus approprié pour les sciences sociales. Mais auparavant Parsons nous invite à tenir compte de certaines particularités des cadres de référence dont la méconnaissance peut exposer le savant – et plus spécifiquement le scientifique social – à de graves erreurs.

5Tout cadre de référence est un schéma abstrait. Or cette propriété est souvent oubliée, voire méconnue, en particulier dans le domaine des sciences sociales ; et cette absence de vigilance épistémologique se paie par une lourde méprise, « the fallacy of misplaced concreteness », consistant à prendre à tort le cadre abstrait pour l’expression de la réalité concrète. Parsons reprend ici la formulation d’Alfred North Whitehead, qui a mis en évidence une confusion de ce type à propos du cadre de référence spatio-temporel sous-jacent à la mécanique classique. Pour grossir un peu les choses, on peut dire que les cadres de référence relèvent de l’ordre des « modèles », au sens le plus large de cette notion, et ne doivent pas être pris pour des principes premiers de la réalité.

6C’est un thème sur lequel Parsons met l’accent pour se dissocier d’une conception de la théorie économique largement répandue dans les années 1930. Ainsi, discutant l’ouvrage marquant de Lionel Robbins, An Essay on the Nature and Significance of Economics, il reproche à celui-ci de tomber dans « the fallacy of misplaced concreteness », qui revêt une forme d’autant plus insidieuse qu’elle est commise par un esprit moins naïf : Robbins reconnaît en effet le caractère abstrait de la théorie économique mais il n’en postule pas moins une « existence séparée des forces économiques » sur laquelle reposerait l’indépendance de l’économie en tant que science [2]. L’erreur fondamentale réapparaît subrepticement ici dans le postulat accordant aux forces économiques le statut d’un sous-ensemble séparable de phénomènes. La démarche adéquate consiste bien plutôt à opérer une distinction analytique entre les éléments économiques et les autres éléments ; et on peut y voir la première étape dans l’élaboration de la théorie économique, dans la mesure où, selon Parsons, « la véritable abstraction scientifique » implique « toujours de faire varier (expérimentalement ou analytiquement) certains facteurs indépendamment des autres » [3]. Or le choix d’un cadre de référence permet précisément de procéder à cette distinction essentielle. Il s’accompagne d’un processus de sélection des phénomènes qui varie avec l’intérêt scientifique dominant mais qui vise essentiellement à spécifier par abstraction ceux que l’on entreprendra, dans un second temps, d’expliquer ; les autres ne font pas partie du champ de variables pertinentes pour les problèmes étudiés mais sont traités comme de simples données. Parsons illustre ce point dans La structure par l’exemple d’un homme qui se jette du haut d’un pont pour se suicider : le sociologue voit ici un acte, dont il s’agit d’élucider les causes et les raisons ; pour le physicien, c’est la chute du corps qui, dans cet événement, appelle explication. Pour autant, cette chute ne peut être totalement négligée par le sociologue, même si elle ne relève pas des phénomènes à expliquer : si le saut n’entraînait pas une chute et, du même coup, avec une grande probabilité, la mort, on ne pourrait pas parler de suicide (voire de tentative de suicide) ; elle doit donc être incluse parmi les données mais considérée, dans le langage de Parsons, par le « scientifique social » comme « non problématique » [4].

7Ces considérations générales à propos du cadre de référence ont, nous semble-t-il, un double objectif : elles tendent, d’une part, à entretenir la vigilance épistémologique contre les différentes variantes, naïves ou déguisées, de l’empirisme ; elles sont, d’autre part, destinées à souligner la portée du cadre de référence – et de son choix – dans la recherche. C’est en gardant ces observations à l’esprit que nous aborderons maintenant la proposition spécifique formulée par Parsons dans le champ des sciences sociales.

8Celui-ci se prononce résolument, comme l’on sait, pour le cadre de référence de l’action et le défend résolument tout au long de son livre. Certes il signale d’emblée que ce n’est pas le seul possible et en cite, en se référant à The Method of Sociology de Znaniecki, quatre, à savoir celui de l’ « action sociale », mais aussi ceux des « relations sociales », des « groupes sociaux » et enfin de la « personnalité sociale » (qui permet de traiter de l’individu en société). Mais il précise aussitôt qu’il accorde la priorité au schéma de l’action, avec son insistance sur la relation entre moyens et fins. Et, dans le chapitre final de La structure, consacré aux questions épistémologiques, il soutient que les trois autres schémas conceptuels seraient « seconds » par rapport à celui de l’action, tout en reconnaissant leur utilité pour la description de phénomènes complexes.

9On comprend dès lors pourquoi Parsons accorde autant d’importance à la caractérisation de l’ « unité de base » pertinente dans le cadre de référence de l’action, c’est-à-dire de l’ « acte-unité ». Ce dernier implique un « acteur », est orienté vers une « fin », prend place dans une « situation » qui comporte à son tour deux aspects distincts : ceux sur lesquels il n’exerce aucun contrôle (les « conditions » de l’action) et ceux dont il a la maîtrise (les « moyens »). L’originalité de Parsons consiste à ajouter à ces éléments classiques une caractéristique supplémentaire, qu’il appelle l’ « orientation normative » de l’action et qui se traduit « dans le choix de[s] moyens » – de certains plutôt que d’autres – « dans la mesure où la situation permet des alternatives ». Cette analyse de l’acte-unité, avec ses ramifications, a fait l’objet d’appréciations contrastées : surévaluée par Jeffrey Alexander, qui y voit le fondement d’une « approche multidimensionnelle de l’action », elle est au contraire sous-estimée par Anthony Giddens dans un souci de différenciation polémique. Elle a en tout cas le mérite de présenter les catégories essentielles du cadre de référence de l’action et d’esquisser leurs relations, avec, toutefois, sur ce plan une ambiguïté : comme le montrent les développements ultérieurs, l’ « orientation normative » ne s’épuise pas dans le choix préférentiel de tels ou tels moyens mais s’exprime aussi dans la nature de certaines fins, recherchées et désirées pour elles-mêmes [5] ; Parsons n’a pas encore, dans La structure, procédé à la distinction éclairante en la matière entre les valeurs (en tant que critères du désirable) et les normes (comme règles d’action). Cette réserve mise à part, le traitement des catégories auquel procède Parsons ouvre la voie à un second usage du cadre de référence, non plus simplement descriptif mais analytique : dans le premier cas, il s’agit de décrire de façon concrète fin, moyens et conditions ; dans le second, ces diverses catégories deviennent, avec l’orientation normative, des éléments de l’action. En ce sens, le cadre de référence de l’action constitue bien le point de départ requis pour l’édification d’une construction théorique de grande envergure, telle que la concevait Parsons.

10D’une manière générale, la priorité accordée par Parsons à l’action apparaît justifiée. On notera, comme le démontre le cours même de l’argumentation développée dans La Structure, qu’elle n’exclut nullement un recours à la notion de système : à un certain niveau de complexité, les phénomènes auxquels le sociologue est confronté devront être analysés en tant que systèmes d’action. C’est une position que Parsons maintiendra tout au long de sa carrière et qui amène à relativiser la portée de la « transition » de The Structure of Social Action à The Social System : il serait tout à fait excessif de postuler une opposition radicale entre le point de vue de l’action et le point de vue du système, au moins dans le cas de Parsons. Ajoutons encore qu’à partir du moment où la sociologie s’intéresse aux « systèmes d’action sociale » le « schéma relationnel » peut s’avérer tout à fait adapté, sans que cela contredise la priorité du schéma de l’action. On ne rencontre pas ici la difficulté inhérente à tout paradigme d’inspiration « utilitariste » – au sens large de ce terme – qui tend à penser les acteurs comme juxtaposés et pour lequel, de ce fait, le passage de l’action à l’interaction est problématique.

11Ainsi Parsons procède, nous semble-t-il, à une mise en œuvre du cadre de référence de l’action qui n’est ni étroite ni dogmatique. Mais peut-être convient-il de rappeler que la généralité de ce cadre le rend compatible avec une pluralité de variantes.

Un second niveau d’absraction : l’élaboration des concepts

12Sur ce plan, la réflexion de Parsons obéit à un double mouvement : d’une part elle prend appui sur la conception de l’idéaltype webérien, dont elle reconnaît l’importance, de l’autre elle est guidée par le souci de la clarifier et fondamentalement de la dépasser. Parsons ne pouvait qu’être favorable à l’orientation générale d’une démarche présentant l’idéaltype comme « une construction d’éléments [tirés] par abstraction du concret et rassemblés de manière à former une configuration conceptuelle unifiée » [6]. Pourtant, lisant la Wissenschaftslehre à la lumière des travaux d’Alexander von Schelting [7], il est d’emblée embarrassé, comme ce dernier, par le regroupement, dans le cadre de l’idéaltype, de deux catégories conceptuelles hétérogènes, les concepts « individualisants » et les concepts « généralisants » ; et, compte tenu de la « ligne » épistémologique défendue tout au long de La structure, son attention se concentre sur les idéaltypes « généralisants ».

13À ce niveau encore, Parsons rejoint Weber sur un point essentiel, à savoir la nécessité de recourir à des concepts généraux dans le cadre des sciences sociales, à plus forte raison de celles qui, comme la sociologie, s’efforcent de dégager des régularités. Mais il estime que Max Weber reste ambigu quant au degré d’abstraction atteint dans et par l’idéaltype « généralisant ». Le concept visé peut en effet faire l’objet de deux interprétations bien distinctes, dont Parsons précise la nature dans un texte antérieur à La structure, justement consacré à une analyse critique de l’ouvrage d’A. von Schelting [8]. Selon la première interprétation, l’idéaltype généralisant « désigne une entité fictive, “objectivement possible” [en un sens] hypothétique, une “unité” ou une “partie” d’un individu historique, [qui] est logiquement analogue à “la machine sans frottement” ou au “gaz parfait” de la physique ». En revanche, selon la seconde, « l’élément [en question] » – on notera ici la disparition de la référence à l’idéaltype – « constitue une “propriété générale” des individus historiques telle que la “rationalité économique”, analogue à la “masse” ou à la “vitesse” de la mécanique » (Camic (ed.), 1991, p. 127-128). Parsons souligne qu’il s’agit bien dans les deux cas de « concepts abstraits et généraux » mais qu’il est « vital » de procéder à leur distinction, que l’œuvre théorique de Weber permet de pressentir mais que ce dernier n’a jamais explicitée [9].

14Comme l’on sait, il convient pour Parsons, en tout cas dans le cadre des sciences sociales théoriques, de pousser le processus d’abstraction jusqu’à la saisie de ce second type de concepts, les « éléments ». Comme le texte cité l’indique clairement, ces éléments correspondent à des propriétés générales, voire à des combinaisons de propriétés et non pas à des parties constitutives – ou plutôt hypothétiquement constitutives – d’un phénomène social. La démarche recommandée consiste dès lors à décomposer les totalités concrètes et singulières en éléments analytiques, que l’on pourrait qualifier de fondamentaux. Ces éléments sont, en effet, dans la perspective parsonienne, conçus comme ayant une portée idéalement universelle ou au moins universalisable ; et c’est ce qui fonde ce qu’il a lui-même appelé son « réalisme analytique ». L’insistance sur les éléments analytiques comme concepts privilégiés de la théorie sociologique l’amène ainsi à se dissocier radicalement de la position webérienne et à refuser de souscrire à la thèse du caractère fictif des concepts.

15La distinction entre les deux types de concepts s’accompagne, dans le passage qui vient d’être présenté, d’une différenciation complémentaire au niveau des lois. Si la conceptualisation retenue relève de la logique de l’idéaltype, « la loi [constitue alors] une généralisation sur le comportement de cette entité hypothétique sous certaines conditions ». Si au contraire « l’élaboration conceptuelle aboutit à la mise au jour d’éléments analytiques, la “loi” représente un mode uniforme de relation entre les “valeurs” spécifiques de deux ou plusieurs éléments de cette nature » (Camic (ed.), 1991, p. 128). Dans le premier cas, la loi énonce un cas-limite qui peut être plus ou moins approché ; dans le second, elle reflète dans son ambition et ses exigences un modèle de la science d’inspiation foncièrement newtonienne. Or on est en droit d’estimer aujourd’hui qu’un tel modèle est daté et vieilli : il paraît de moins en moins adapté aux tâches spécifiques des sciences sociales. Parsons, qui reconnaît « avoir “joué avec” les possibilités d’application et la pertinence pour notre objet du modèle newtonien d’un système théorique » s’en est lui-même progressivement écarté, au point d’en venir à considérer que « la logique théorique de la théorie en sciences sociales devrait être plus proche du modèle mendélien que du modèle newtonien » [10]. Mais les réserves relatives à la conception de la loi qu’a longtemps défendue Parsons et, plus largement encore, à la définition des priorités pour les sciences sociales théoriques ne doivent pas faire perdre de vue l’intérêt de sa démarche en matière de construction des concepts. Le « programme » visant à dépasser les limites inhérentes au type idéal en vue de dégager des éléments analytiques retient en effet l’attention ; et il vaut la peine d’examiner de quelle façon Parsons a entrepris de le mettre en œuvre.

16La structure ne peut à cet égard que laisser au lecteur un sentiment d’inachèvement : car si le programme y est fermement esquissé, l’ouvrage reste plutôt pauvre en concepts analytiques. Mais Parsons n’a pas oublié les principes alors posés ; et il s’y conforme pleinement en procédant à la décomposition des notions classiques de « communauté » et de « société » qui aboutit à la formulation des « variables configurationnelles » (pattern-variables), c’est-à-dire des concepts les plus connus de Parsons, avec les quatre fonctions.

17Il paraît légitime de voir dans « communauté » et « société » des idéaltypes, même si s’imposent ici quelques remarques incitant à la prudence. D’abord le statut conceptuel que leur a conféré Tönnies a évolué au cours de sa longue carrière. Ensuite Weber lui-même a de son côté, dans la « systématique » de 1920, procédé à une reformulation des deux concepts sous la forme de la « communautisation » (Vergemeinschaftung) et de la « sociétisation » (Vergesellschaftung). Enfin il convient de signaler l’ambivalence de Weber dans son rapport à Tönnies, marqué par le respect mais aussi la réticence. Communauté et société ne constituent donc pas stricto sensu des idéaltypes webériens ; mais ils n’en relèvent pas moins, si on les considère d’un point de vue épistémologique, de la catégorie générale des idéaltypes.

18Or le travail de décomposition analytique opéré par Parsons lui permet de montrer que communauté et société sont des formes composées, reposant sur une combinaison de variables analytiquement indépendantes. Ainsi la distinction entre les rôles professionnels et les rôles de parenté, qui reprend et transpose dans un langage sociologique plus moderne la célèbre dichotomie, est fondée sur l’opposition terme à terme de deux regroupements de variables : rappelons en effet qu’à l’universalisme, l’accomplissement, la neutralité affective et la spécificité caractéristiques des rôles professionnels répondent, du côté des rôles de parenté, le particularisme, l’attribution (la qualité), l’affectivité et la diffusion. Il nous paraît difficile de contester que le recours aux « variables configurationnelles » ait des vertus clarificatrices ; et il a, de surcroît, contribué à un enrichissement de l’analyse sociologique, dont témoignent à la fois l’œuvre de Parsons (dans sa période « intermédiaire ») et les multiples applications des « variables », même si celles-ci sont aujourd’hui passées de mode.

19La reconnaissance de cet apport ne doit pas conduire à passer sous silence le fait que les variables ont, comme tout instrument conceptuel, leurs limites de pertinence. Les différents regroupements de variables (ou plus exactement de pôles de variables) sont loin d’avoir tous la même portée empirique : manifeste dans les deux cas évoqués plus haut, elle peut être en revanche très limitée pour d’autres associations. Or Parsons tend parfois à « faire tourner » systématiquement ses concepts, comme si les combinaisons possibles étaient également significatives : il recourt notamment à ce procédé lorsqu’il tente d’établir une correspondance entre différents « jeux » de variables et les problèmes fonctionnels liés, selon Robert Bales, à l’activité des petits groupes [11]. Il n’échappe pas alors à une sorte de scolastique conceptuelle, qui lui a été souvent reprochée mais à laquelle il serait caricatural de réduire son œuvre.

20On retrouve ainsi un risque classique, inhérent à tout processus d’abstraction : il peut, en perdant sa vertu heuristique, déboucher sur le « vide ». Mais si, comme on vient de le voir, un tel risque n’est jamais absent, la souplesse permise par les multiples agencements des variables est de nature à offrir un dernier avantage. Elle autorise en effet des rapprochements inattendus, sous la forme de combinaisons contre-intuitives, qui sont, à l’occasion, susceptibles de se révéler éclairants. Ainsi l’association de l’universalisme et de l’attribution, postulant un modèle idéal à atteindre ou à préserver, sert à Parsons de point de départ pour rendre compte d’une sorte d’incohérence dans le système de valeurs de l’Allemagne, qui était à la fois source de tensions et facteur d’anomie et la rendait de ce fait particulièrement vulnérable à la montée du nazisme. Le recours aux variables sert ici à étayer une ligne interprétative originale, même si celle-ci peut être discutée [12].

21La partie conceptuelle du programme présenté dans La structure trouve donc son point d’aboutissement dans la mise au point des pattern-variables ; et la richesse de leurs emplois comme la multiplicité des éclairages qu’elles apportent confèrent une solide justification à la démarche de Parsons.

Un troisième niveau d’abstraction : la recherche des mécanismes

22Un lecteur non dogmatique pourra, nous semble-t-il, convenir sans réticence de l’intérêt de la démarche parsonienne, dans sa double insistance sur le cadre de référence et les « éléments analytiques », et de la portée des résultats obtenus. Mais peut-être sera-t-il tenté d’ajouter que les essais d’approfondissement théorique s’orientent désormais dans d’autres directions, en particulier vers la recherche de mécanismes. Certes un enthousiasme scientiste ne serait pas ici de mise : les théories formelles restent partielles et le dépassement du « langage des variables » (entendu cette fois dans un sens lazarsfeldien), recommandé notamment par Sørensen [13], n’est envisageable que si le chercheur dispose de données quantitatives. La voie est donc difficile, voire étroite, en particulier au niveau de la théorie générale ; cela ne dispense pas pour autant de l’explorer.

23Or, contrairement à l’image le présentant, de façon polémique, comme enfermé dans la construction de taxinomies, Parsons s’est bel et bien engagé, à sa manière, dans cette voie ; et, à notre sens, son apport n’est pas négligeable, ne serait-ce que pour l’attention portée aux mécanismes de régulation sociale (social control).

24Il propose au début de The Social System une caractérisation générale, plutôt complexe, du mécanisme qui met l’accent sur trois dimensions : un aspect dynamique, analysable en termes de processus, une composante individuelle, de l’ordre de la motivation, et une référence aux conséquences pour le système d’action considéré, dans notre cas, le système social [14]. Cette formulation a, de par sa généralité, un inconvénient majeur : elle ne fait pas nettement ressortir le caractère essentiel des mécanismes les mieux mis en évidence par Parsons. C’est en effet sur leur dimension relationnelle que repose leur potentielle efficacité. Le cœur même du mécanisme consiste en un effet attendu de l’action – ou des attitudes – d’alter sur ego dans le cadre du système d’interaction, qui est de nature à favoriser le maintien ou plutôt la continuité de ce dernier.

25Dans une telle perspective, la question de la régulation sociale devient centrale ; et c’est pourquoi, dans le chapitre VII de The Social System, Parsons s’intéresse à la pluralité de ses formes – depuis la régulation sociale informelle jusqu’à des modes de régulation institutionnalisés – comme aux mécanismes susceptibles de l’assurer [15].

26Il est ainsi conduit à porter sur la relation entre médecin et malade – un de ses objets empiriques de prédilection – un autre regard et à compléter les analyses devenues classiques du chapitre X, consistant notamment à définir les rôles respectifs du médecin et du malade à l’aide des « variables configurationnelles ». L’originalité de cette approche tient d’abord à ce que Parsons est ici en mesure de tenir pleinement compte de l’asymétrie de la relation entre le médecin et le malade ; et le problème est de savoir si et dans quelle mesure celle-ci pourra être compensée.

27Le mécanisme intervient justement à ce niveau pour assumer cette fonction compensatrice. Il comporte quatre composantes, que l’on peut aussi comprendre comme autant de mécanismes complémentaires. D’abord le médecin – entendu dans un sens large, qui peut désigner aussi bien le psychothérapeute que le praticien ordinaire – apporte au malade son soutien (support), de manière à le conduire sur la voie de la guérison espérée : un tel soutien a indiscutablement une dimension morale. En même temps il fait preuve de tolérance (permissiveness) à l’égard des manifestations d’émotion auxquelles s’abandonne parfois le malade, voire de son éventuel manque de contrôle. Pour autant, le médecin se refuse à entrer (refusal to reciprocate) dans le « jeu » de séduction ou de manipulation auquel peut se livrer le malade : il tend à « bloquer » le développement de toute tentative de diversion, de recherche d’une échappatoire par rapport à la tâche commune. Enfin il use des « récompenses » sociales qui sont à sa disposition d’une manière ajustée au comportement du malade (manipulation of rewards) : il distribue ses approbations ou au contraire ses désapprobations à l’égard des conduites et des attitudes du malade, en fonction d’une part des « efforts » significatifs de celui-ci, d’autre part de son aptitude à se maintenir de façon continue sur le chemin de la guérison. Le mécanisme (ou les mécanismes) vise ainsi à une « réintégration sociale » progressive du malade ; et il revêt dans le rôle spécifique du médecin un caractère institutionnalisé, qui met en quelque sorte en relief chacune de ses composantes. Mais il convient de préciser que le même mécanisme – ou du moins le même type de mécanisme – est présent dans d’autres domaines de la vie sociale, sous des formes très variables quant à leur degré d’institutionnalisation.

28Ainsi Parsons se réfère expressément aux conduites de l’entourage – plus ou moins proche – à l’égard d’une personne endeuillée. Les attitudes de soutien et de tolérance constituent, en effet, un trait commun aux rituels de deuil, compris ici dans un sens non étroitement ethnologique et couvrant un large éventail de conduites différenciées selon la place qu’y occupe le formalisme institutionnel. Le refus de réciprocité dépend sans doute, dans ses manifestations, de la proximité avec la personne endeuillée mais il reste généralement présent, fût-ce de façon latente, implicite ou subtile. Enfin les membres de l’entourage significatif ont tendance à recourir à un maniement dosé des « récompenses » sociales : le facteur de variation réside plutôt dans le degré de conscience qu’ils en ont. À cet égard, la logique de l’argument parsonien invite à former l’hypothèse que l’usage conscient des « récompenses » tendra à prévaloir lorsque le rôle est fortement institutionnalisé.

29Cette seconde illustration mérite à notre sens de retenir l’attention pour elle-même [16] ; mais une conclusion plus générale s’impose : le(s) mécanisme(s) de régulation sociale mis en lumière par Parsons a une pluralité de champs d’application.

30Les deux cas saillants qui viennent d’être évoqués suffisent à donner une idée de la fécondité heuristique des analyses spécifiquement consacrées par Parsons à la régulation sociale. En revanche il n’est pas inutile de revenir avec Parsons lui-même sur leur statut d’un point de vue épistémologique : rappelant les principales étapes de sa démarche au début du chapitre XI, celui-ci souligne qu’il n’a pas, dans le cadre des chapitres VI et VII, traitant respectivement de la socialisation d’une part, de la déviance et de la régulation sociale d’autre part, présenté une théorie au sens plein du terme, c’est-à-dire « un système de lois », mais plutôt « un paradigme », et qu’il a donc eu à raisonner en termes de « mécanismes ». Cette reconnaissance de ce qui lui paraît être une limite s’accompagne pourtant d’une ferme insistance sur la « systématisation » théorique qu’a précisément permise « le recours au concept de mécanisme » (Parsons, 1951, p. 485).

31On relèvera qu’ici encore Parsons témoigne d’une ambition nomothétique qui risque de paraître aujourd’hui excessive à une époque où l’accent est mis sur le caractère « local » des lois. Mais le plus important n’est peut-être pas là : tout en admettant que, dans l’état actuel des connaissances, une théorie pleinement générale est impossible, il avance la proposition forte que la voie de la généralisation est ouverte dans le sens de la systématisation, si l’on dispose d’ « un paradigme », entendu comme « un ensemble de règles pour la formulation des problèmes, [permettant d’apporter aux questions posées des réponses d’une portée généralisée] » (Parsons, 1951, p. 485). De cette réflexion il est possible de tirer une autre conclusion que Parsons : là où ce dernier maintenait l’objectif ultime de l’énonciation de lois, il paraît légitime d’affirmer que recherche de lois et « théorie générale » ne sont pas intrinsèquement liées ; le renoncement au premier objectif, assez largement partagé désormais au moins en ce qui concerne des lois universelles, n’implique pas un égal renoncement à la « théorie générale », dont il convient en conséquence de redéfinir les exigences, ainsi que le degré de généralité visé.

32Il ne nous est évidemment pas possible, dans le cadre de cet article, de nous engager dans une telle redéfinition ; mais il semble permis de penser que la recherche et la mise en lumière de « mécanismes sociaux » pourraient constituer l’une de ses tâches prioritaires. Dans ces conditions, il vaut la peine de souligner que les « mécanismes de régulation sociale » isolés par Parsons s’inscrivent pleinement dans la définition générale proposée par Mario Bunge selon laquelle un mécanisme social désigne « un processus impliquant au moins deux acteurs engagés dans la formation, le maintien, la transformation ou le démantèlement d’un système social » (Bunge, 1997, p. 447). On peut même ajouter que l’analyse de Parsons introduit une note plus subtile : la régulation contribue au maintien du système, dans la mesure où elle assure la réintégration de personnes confrontées à des situations difficilement maîtrisables d’un point de vue émotionnel et affectif. De surcroît chacun des sous-mécanismes introduits par Parsons est, au sens webérien, compréhensible : il n’y a ici aucune « boîte noire » ; Parsons nous paraît ainsi se conformer au principe fondamental posé par Raymond Boudon [17], même si c’est sur d’autres bases et par des voies différentes.

33En définitive, Parsons nous livre une triple leçon. Il nous rappelle d’abord avec beaucoup de force que toute description, et a fortiori toute explication, des phénomènes sociaux dépend du choix préalable d’un cadre de référence, qui définit un type de regard sur la réalité, dont il commande et organise l’appréhension. À notre sens, le traitement consacré par Parsons dans La structure de l’action sociale à ce premier – et indispensable – passage à l’abstraction reste exemplaire. Ensuite Parsons nous invite – c’est une de ses originalités – à élaborer des concepts analytiques en procédant à une décomposition des idéaltypes et en poussant par là le processus d’abstraction au-delà de la rationalisation « utopique » inhérente à ces derniers. Les multiples usages des variables configurationnelles (pattern-variables) suffisent à témoigner de la portée de la démarche, même si les combinaisons de variables n’offrent pas toutes le même intérêt pour l’analyse sociologique : certaines sont ancrées dans la réalité sociohistorique alors que d’autres restent des virtualités ; sans doute y a.t.il dans le projet parsonien quelques traces de l’illusion visant à transcender l’histoire, en dépit de la légitimité de son ambition première, l’élaboration de concepts et, à terme, d’une théorie susceptibles d’une application générale. Enfin Parsons s’est intéressé à une famille de mécanismes sociaux, les mécanismes de régulation sociale : contrairement à l’image conventionnelle qui a souvent été donnée de lui, il témoigne également dans ce domaine d’une aptitude à éclairer des processus complexes de réajustement (au niveau des acteurs) et de rééquilibrage (au niveau des collectivités et des systèmes sociaux). Certes il ne s’agit là que d’un éclairage partiel ; et la mise en lumière des mécanismes appropriés ne constitue pas pour lui le critère central d’une véritable explication et, par là, d’une théorie pertinente.

34Parsons n’offre pas – et ne peut pas offrir – une réponse toute faite aux questions théoriques que nous nous posons aujourd’hui. Mais il a ouvert des voies qu’il reste légitime d’explorer et qui méritent en tout cas d’être prises au sérieux, donc débattues ; et c’est à ce type d’apport que l’on reconnaît un « classique ».

Notes

  • [1]
    Dans la préface à The Structure of Social Action, Parsons reconnaît sa dette à l’égard de Lawrence Henderson dont la relecture attentive du manuscrit l’aurait amené à procéder à de multiples révisions, « en particulier en ce qui concerne l’épistémologie générale des sciences et l’interprétation de l’œuvre de Pareto » (Parsons, 1949, p. VII). Pour ce qui est des rapports inattendus de ce savant professeur de biochimie avec la sociologie et de son influence sur toute une génération de sociologues à Harvard, on se reportera à l’introduction de Bernard Barber à un recueil d’écrits d’Henderson (Barber, 1970) ou encore, en français, au début de notre article (Chazel, 2000, p. 131-137).
  • [2]
    C’est dans le cadre d’un article intitulé « Some reflections on the nature and significance of economics » publié en 1934 que Parsons formule ces réserves. Cet article a été repris dans le précieux recueil, constitué et introduit par Charles Camic (Parsons, 1991, p. 153-180).
  • [3]
    Parsons, 1991, p. 174-175 (pour l’ensemble de l’argument) et plus spécifiquement p. 175 pour les passages cités.
  • [4]
    C’est dans l’ultime chapitre, de nature épistémologique (chap. XIX : « Tentative methodological implications ») de The Structure of Social Action que Parsons développe ce point pour mettre en lumière « la fonction » d’un cadre de référence, en l’occurrence celui de l’action (Parsons, 1949, p. 734-736).
  • [5]
    Après avoir, dans sa caractérisation de l’acte-unité, indiqué qu’à travers « le choix de moyens alternatifs à la fin » s’exprime « une “orientation normative” de l’action » (Parsons, 1949, p. 44), Parsons prend en effet soin, dans une note sur le concept de normatif placée en annexe du chapitre II (Parsons, 1949, note A, p. 74- 77), de souligner que ce terme ne s’applique qu’à des cas où les acteurs concernés éprouvent le sentiment que telle ou telle conduite, attitude, principe est une fin par elle-même.
  • [6]
    C’est à travers cette formulation que Parsons cherche à faire ressortir les « seuls traits positifs de l’idéaltype » fournis par Weber.
  • [7]
    Même s’ils sont aujourd’hui largement et injustement oubliés, ces travaux représentent une étape importante dans la réception de l’épistémologie weberienne. Parsons, pour sa part, s’appuie non seulement sur l’ouvrage de 1934, Max Webers Wissenschaftslehre (A. von Schelting, 1934), mais aussi sur le long et substantiel article « Die logische Theorie der historischen Kulturwissenschaften von Max Weber und im besonderen sein Begriff des Idealtypus » (A. von Schelting, 1922).
  • [8]
    Ce compte rendu a été publié dans le premier volume de l’American Sociological Review, 1936, p. 675-681. Il constitue dans le recueil publié par les soins de Charles Camic le chapitre 14 (Parsons, 1991, p. 123-131).
  • [9]
    L’appréciation de Parsons s’achève même sur une note critique. Il écrit en effet : « Weber’s own theoretical work in fact tended to bifurcate in these two directions, with the former tendency predominating in his explicit formulations » (Parsons, 1991, p. 128).
  • [10]
    Nous nous référons cette fois à un texte très tardif de Parsons, « Review of Harold J. Bershady, Ideology and Social Knowledge » (Parsons, 1974). Talcott Parsons a repris ce texte dans son recueil Social Systems and the Evolution of Action Theory (Parsons, 1977, p. 122-134 ; les passages cités se trouvent respectivement aux p. 133 et 134).
  • [11]
    Amorcée dans le chapitre III de l’ouvrage, cette recherche de correspondances est poursuivie de façon systématique dans le chapitre V des Working Papers in the Theory of Action rédigé conjointement par Talcott Parsons, Robert Bales et Edward Shils, c’est-à-dire les trois auteurs de l’ouvrage (Bales, Parsons et Shils, 1953).
  • [12]
    Cette ligne interprétative a été développée, antérieurement à la parution de The Social System en 1951, dans une série d’articles dont la plupart ont été écrits entre 1942 et 1945. L’excellent recueil publié par les soins d’Uta Gerhardt permet d’en avoir aujourd’hui une vision globale et synthétique (Gerhardt, 1993).
  • [13]
    Plus précisément, Aage Sørensen invite à l’élaboration de modèles sociologiques reposant sur des mécanismes explicatifs, auxquels la démarche organisée autour des variables et de purs modèles statistiques n’aurait guère accordé d’attention (Hedström et Swedberg, 1998, p. 231-258).
  • [14]
    On peut lire dans The Social System : « A mechanism... is an empirical generalization about motivational processes stated in terms of its relevance to the functional problems of an action system » (Parsons, 1951, p. 6, n. 2).
  • [15]
    Ce chapitre VII s’intitule « Deviant Behavior and the Mechanisms of Social Control » (Parsons, 1951, p. 249-325). Il convient de rappeler que Parsons consacre un autre chapitre, le chapitre VI, aux « mécanismes de socialisation », dont nous ne traiterons pas spécifiquement ici.
  • [16]
    Karine Roudaut a mis en évidence l’intérêt de cette perspective d’analyse dans sa thèse qui lui a permis d’éviter les deux écueils opposés que constituent une « anthropologie ritualiste » d’un côté, la « psychologisation » de l’autre (Roudaut, 2003).
  • [17]
    C’est le rappel de ce principe, « Social mechanisms without black boxes », qui sert de titre à la contribution de Raymond Boudon au recueil dirigé par Peter Hedström et Richard Swedberg (Hedström et Swedberg, 1998, p. 172-203).
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RéSUMé. — Parsons a consacré une part importante de sa réflexion à la place de l’abstraction dans les sciences sociales. Trois niveaux d’abstraction sont ici distingués. D’abord Parsons souligne dans La structure de l’action sociale que toute science implique une mise en ordre sélective de la réalité à partir d’un cadre de référence explicite, dont le plus approprié pour les sciences sociales lui paraît être celui de l’action. Ensuite, se penchant sur l’élaboration des concepts et des modes d’exploration correspondants, Parsons invite le sociologue à aller au-delà de l’idéaltype webérien et à mettre au jour des éléments analytiques, selon une voie qu’il suivra lui-même avec l’élaboration des « variables configurationnelles » (pattern-variables). Enfin il s’intéresse, dans The Social System, à une famille de mécanismes sociaux, les mécanismes de régulation sociale (social control), rejoignant ainsi, fut-ce partiellement, une préoccupation marquante dans les recherches théoriques contemporaines.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

  • Barber B. (1970), Introduction à L. J. Henderson, On the Social System : Selected Writings, Chicago, The University of Chicago Press, 1-53.
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  • Boudon R. (1998), « Social mechanisms without black boxes », in P. Hedström et R. Swedberg (eds), Social Mechanisms, Cambridge, Cambridge University Press, 172-203.
  • En ligneBunge M. (1997), « Mechanisms and explanation », Philosophy of the Social Sciences, vol. 27, 4.
  • Camic C. (1991), Introduction à Talcott Parsons : The Early Essays, Chicago, The University of Chicago Press, IX-LXIX.
  • Chazel F. (2000, 1999) « L’entrée de Pareto dans la sociologie américaine et son appropriation sélective par Talcott Parsons et George Homans », in Aux fondements de la sociologie, Paris, PUF, 131-154.
  • Gerhardt U. (1993), Talcott Parsons on National Socialism, New York, Walter de Gruyter.
  • Parsons T. (1977), Social Systems and the Evolution of Action Theory, New York, The Free Press.
  • Parsons T. (1951), The Social System, New York, The Free Press of Glencoe.
  • Parsons T. (1949), The Structure of Social Action, New York, The Free Press (2e éd.).
  • Parsons T. (1991, 1934), « Some reflections on the nature and significance of economics », in Talcott Parsons : The Early Essays, Chicago, The University of Chicago Press, 153-180.
  • Parsons T. (1974), « Review of Harold J. Bershady, Ideology and Social Knowledge, Sociological Inquiry, vol. 44, p. 215-221. Talcott Parsons a repris ce texte dans son recueil de 1977.
  • Roudaut K. (2003), Éléments pour une sociologie du deuil, thèse de sociologie, Paris.
  • Schelting A. von (1934), Max Webers Wissenschaftslehre, Tübingen, J. C. B. Mohr.
  • Schelting A. von (1922), « Die logische Theorie der historischen Kulturwissenschaften von Max Weber und im besonderen sein Begriff des Idealtypus », Archiv für Sozialwissenschaft und Sozialpolitik, vol. 49, 623-752.
  • Sørensen A. (1998), « Theoretical mechanisms and the empirical study of social processes », in P. Hedström et R. Swedberg (eds), Social Mechanisms, Cambridge, Cambridge University Press, 231-258.
François Chazel
Université de Paris IV - Sorbonne
Mis en ligne sur Cairn.info le 01/12/2007
https://doi.org/10.3917/anso.062.0353
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