L’éthique animale est l’étude de la responsabilité morale des hommes à l’égard des animaux pris individuellement (Jeangène Vilmer, 2011a). Elle se demande si les animaux ont des droits et nous des devoirs à leur égard (si oui, pourquoi et lesquels ?), s’ils méritent tous notre considération morale (si non, au nom de quoi exclure certaines espèces ?) et quelles en sont les conséquences pratiques, en termes d’alimentation, de recherche scientifique, de divertissements et, plus largement, de projet de société. Il s’agit donc d’un ensemble de questions et non pas, comme on le croit trop souvent, d’une compilation de règles idéales, ou de recettes sur ce qu’il est « moral » de faire aux animaux. Cela n’a pas de sens, de ce point de vue, de demander si telle ou telle pratique est « conforme à l’éthique animale », car l’éthique animale n’est pas une charte sur laquelle tout le monde serait d’accord, mais un domaine de recherche dans lequel, au contraire, beaucoup de personnes sont en désaccord.
La réflexion sur le statut moral des animaux est millénaire (Jeangène Vilmer, 2011b), mais ce n’est qu’à partir de la fin du XIXe siècle qu’elle se présente sous le nom d’ « éthique animale », et seulement depuis les années 1970 dans le monde anglophone que l’inflation des publications et les premiers enseignements universitaires la consolident comme un domaine de recherche à part entière, voire une sous-discipline académique, au sein de l’éthique appliquée.
Il faut à ce titre la distinguer de ses voisines que sont notamment la bioéthique et l’éthique environnementale…