Enfance berlinoise vers 1900 est le projet autobiographique de Walter Benjamin (2007b, 2012c et 2014). Il a été précédé d’un premier écrit inachevé et rédigé d’une façon plus classique intitulé Chronique berlinoise (Benjamin, 2011g). Enfance berlinoise est composée de textes brefs en prose dont la succession n’est pas chronologique. Ce sont des « petits morceaux » (Benjamin et Scholem, 2010, p. 27), proches des « images de pensée » d’un autre de ses ouvrages, Sens unique, publié en 1928 (Benjamin, 2007a). Ces images, le plus souvent ancrées dans un lieu, dessinent une topographie de son enfance : l’appartement familial, le quartier, les cours des immeubles, le Tiergarten, le Jardin zoologique, les étés près de Berlin, l’école, les rues, le marché… La période racontée est assez longue et va de la naissance à l’adolescence. Benjamin en a commencé la rédaction en 1932, avant son départ définitif de Berlin en 1933 après l’accession au pouvoir d’Hitler. Il ne parviendra pas à publier Enfance berlinoise. Trois versions ont été publiées après sa mort dont la dernière, la plus resserrée, a été achevée en 1939 (Benjamin, 2014). L’ordre et même parfois le nombre et le contenu des textes changent dans les différentes versions.
Plusieurs éléments de la pensée de Benjamin traversent son Enfance berlinoise (Taïeb, 2019). Cet article propose de montrer comment Benjamin reprend et développe sa théorie de la ressemblance et ses idées sur la faculté mimétique de l’enfant à travers ses propres expériences…