À l’heure actuelle, la période de latence apparaît souvent comme la parente pauvre de nos investissements réflexifs et financiers.
Tout va aux bébés et aux adolescents et ceci est dommage, car la latence continue, en réalité, à nous poser des problèmes théoriques, cliniques et thérapeutiques à la fois passionnants et difficiles.
Dans les « Trois essais sur la théorie de la sexualité », la question de la latence est évoquée par S. Freud (1976a) en deux occurrences principales :
Dans le premier paragraphe du deuxième chapitre de l’ouvrage consacré à « La sexualité infantile », paragraphe intitulé : « La période de latence sexuelle pendant l’enfance et ses interruptions » ;
Dans le sixième paragraphe du même chapitre (« Phases du développement de l’organisation sexuelle »), paragraphe dans lequel S. Freud aborde la question des deux temps du choix de l’objet en soulignant que la latence sexuelle (terme emprunté à W. Flie) vient arrêter la première poussée pulsionnelle (qui se joue entre deux et cinq ans), en provoquant parfois une véritable régression, la deuxième poussée pulsionnelle commençant, quant à elle, à la puberté, et déterminant « la forme définitive que prendra la vie sexuelle ».
Après avoir envisagé quelques problématiques centrales, à mon sens, au sujet de la période de latence, je proposerai l’idée que la latence ne serait, au fond, qu’une fiction clinique et théorique correspondant, en réalité, à la nécessité d’une sorte de croyance de l’adulte en un refoulement de l’enfant, refoulement qui ne serait qu’un refoulement par procuration des motions contre-œdipiennes de l’adulte lui-même, en lien avec les motions œdipiennes de l’enfant…