Le Parti communiste chinois (PCC) a voulu que la célébration de son centenaire, en juillet 2021, soit un triomphe. La propagande et les discours ont insisté sur les succès – notamment conjoncturels, comme la lutte contre le Covid-19 et la mise en place de la station orbitale Tiangong. Ces succès devraient être plus éclatants encore en 2049, lors du centenaire de la proclamation de la République populaire de Chine (RPC). Déjà Pékin insiste sur ce « redressement », après un siècle de « pénétration » et d’humiliations. La Chine pèse désormais 18 % du produit national brut (PNB) du monde pour 18 % de sa population. Ce « grand renouveau de la nation chinoise » a permis de créer une « société d’aisance modérée », avant que la Chine devienne un « grand pays socialiste moderne » en 2049. Le paria de 1989, à cause de la répression de Tiananmen, euphémisée ou cachée par le pouvoir, lequel a choisi de n’opérer aucune réhabilitation, est devenu une immense puissance qui inquiète ou qui fascine. Ces trois décennies ont transformé la lecture du moment fondateur mondial de la fin des années 1980 et du début des années 1990. Le narratif libéral est revu, le narratif communiste et tiers-mondiste revient en force, tandis que la rivalité entre États-Unis et Chine semble un nouvel avatar des affrontements entre grandes puissances et des cycles hégémoniques.
Le narratif qui s’est imposé dans les années 1990 voyait dans le massacre de Tiananmen un recul provisoire dans une histoire téléologique du triomphe de la démocratie de marché, et tout simplement de la liberté…