Article
Il y a trente ans régnait une douce euphorie dans les milieux stratégiques occidentaux. Ceux qui regardaient vers l’avenir le faisaient avec des lunettes qui se sont révélées déformantes. La démocratie triomphait presque partout, l’économie de marché allait du même pas conquérant. Les conflits étaient appelés à devenir un souvenir historique – d’ailleurs, ne célébrait-on pas la « fin de l’Histoire » ? – et les Nations unies allaient enfin accomplir les vœux de leurs créateurs d’un monde pacifique, régi par le droit.
La menace soviétique, qui avait angoissé les Occidentaux pendant plus de quatre décennies, avait disparu sans qu’un seul coup de feu ne soit tiré entre les deux blocs. Alors que la possibilité d’un « Armageddon nucléaire » était régulièrement évoquée pendant la guerre froide – et que dix ans auparavant le président américain parlait encore de la possibilité d’une guerre nucléaire limitée en Europe –, on affirmait que la chute du mur de Berlin avait signifié la fin de la perspective de toute guerre sur le Vieux Continent.
Il y avait bien eu cette alerte avec l’invasion, puis l’annexion du Koweït par l’Irak en août 1990. La perspective d’une guerre avait amené les Européens à constituer des stocks de nourriture pour pouvoir tenir, face aux pénuries qu’ils craignaient inéluctables. Présentée comme la quatrième armée au monde – en fait, ce classement n’avait une quelconque crédibilité que si l’on prenait le nombre de chars déployés, et l’imposante armada de l’Irak dans ce domaine pouvait être efficace contre les combattants iraniens, pas contre les missiles américains tirés à distance –, l’armée irakienne s’est effondrée en quelques jours – en réalité en quelques heures, après les premiers bombardements aériens…
Plan
Auteur
Sur un sujet proche
- Mis en ligne sur Cairn.info le 01/10/2021
- https://doi.org/10.3917/ris.123.0017

Veuillez patienter...