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Du Royaume-Uni au XVIIIe siècle à la Chine aujourd’hui, en passant par l’Union soviétique pendant la guerre froide, puis le Japon, voire l’Union européenne (UE), les États-Unis ont toujours construit leur identité nationale autour de l’instrumentalisation d’un ennemi, ou tout au moins d’une puissance dont il faudrait limiter les capacités d’influence, et donc d’atteinte potentielle aux intérêts nationaux. C’est notamment ce que décrit l’économiste John Kenneth Galbraith dans son ouvrage La paix indésirable, publié en 1967 et longtemps resté anonyme – l’auteur craignant d’être accusé de non-patriotisme alors que son pays était engagé dans une coûteuse course aux armements pour mieux préserver un modèle de société fondé sur la démocratie et le capitalisme. L’intérêt de bâtir un narratif autour d’un ennemi extérieur transcenderait, selon lui, tous les clivages politiques, et assurerait la cohésion d’une nation souvent divisée parce que caractérisée par une histoire – assumée – récente, un territoire immense, diversement peuplé et intrinsèquement inégalitaire, donc violent. La compétition, voire la confrontation, serait par conséquent une forme d’émulation dont les États-Unis ne pourraient se passer. Si elle peut revêtir plusieurs dimensions – culturelle, politique, technologique et économique –, elle ne poursuivrait qu’un seul but : préserver la suprématie états-unienne dans tous les domaines.
À la fin de la guerre froide, c’est d’abord le Japon qui incarne cette menace. Devenu en moins de vingt ans la deuxième économie de la planète grâce au redressement de son industrie, il conquiert des marchés-clés, aux États-Unis comme dans le reste du monde, et ses entreprises se hissent, dans leurs domaines d’activités respectifs, aux premiers rangs internationaux (Toyota, Honda, Nissan, Sony, etc…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 04/12/2020
- https://doi.org/10.3917/ris.120.0027

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