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Une révolution numérique entraîne-t-elle un progrès démocratique ? Certes, la technologie favorise certains comportements, certaines façons de croire, de s’affronter, de penser, de vivre avec les autres, etc. Elle ne les détermine cependant pas mécaniquement, pas plus qu’elle ne produit un modèle universel valable partout et dans toutes les cultures. Pourtant avons-nous tendance à penser ces technologies comme intrinsèquement égalitaires, libératrices, ou au contraire autoritaires, abrutissantes, etc.
Ainsi, au moment des « printemps arabes », en 2011, colloques, livres et articles célébraient le miracle des réseaux sociaux et du Web 2.0 : le journalisme citoyen se développait, les blogs permettaient aux activistes de s’exprimer en se jouant des frontières et des censures, YouTube révélait des images de répression au monde entier, Facebook rassemblait les foules contre les autocrates, Twitter diffusait les mots d’ordre à la rue insurgée. Le peuple allait contrôler le pouvoir à travers ses écrans, et non plus l’inverse. Les démocrates du monde entier pourraient se coordonner en ligne, la vérité ne saurait plus être étouffée par la censure, les communautés virtuelles auto-organisées contribueraient à la liberté réelle. Quelques mois plus tard, il fallait toutefois déchanter : face aux urnes ou aux coups d’État, la protestation en ligne trouvait ses limites. Deux ans après, l’on découvrait, grâce aux révélations d’Edward Snowden, combien nous sommes surveillés à chacune de nos connexions et combien il est illusoire de croire que le cyberespace échappe à l’État…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 29/06/2018
- https://doi.org/10.3917/ris.110.0079

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