La littérature scientifique portant sur les situations de troubles psychiques et somatiques dans un cadre professionnel est caractérisée par deux grands paradigmes. Le premier paradigme est marqué par une épistémologie positiviste et une méthodologie quantitative, souvent caractérisée par des méthodes expérimentales (Brisson & al., 2012 ; Theorell, 2012a). Le deuxième est davantage déterminé par une tradition existentialiste qui rend compte de la souffrance au travail selon des critères subjectifs (Dejours, 2008 ; Vézina, 1999).
La littérature scientifique recouvrant la prise en charge de la souffrance au travail dans les situations de troubles psychiques et somatiques (c’est-à-dire d’évènements vécus de rupture au travail) et la pratique professionnelle sont caractérisées par ces deux courants précédemment énoncés. L’approche positiviste vise régulièrement une quantification des symptômes (Brisson & al., 2012 ; Theorell, 2012a). Davantage phénoménologique (Fernandez-Zoïla, 2001), la deuxième approche se traduit par une prise en compte du discours et du vécu subjectif de l’individu (Dejours, 2008 ; Vézina, 1999).
Les pôles de recherche en Suède sont marqués d’une forte tradition positiviste (Bengtsson, 1991 ; Frankenhaeuser & Johansson, 1986). Dans ce pays, les recherches théoriques sont animées par l’intégration des modèles biopsychosociaux. Dans ce domaine, la Suède a joué un rôle pionnier dans la recherche sur la santé au travail (Benelbaz, 2017 ; Cooper & Dewe, 2004 ; Marichalar, 2015)…