1 Depuis environ une vingtaine d’années, nous assistons à un renouveau des études consacrées à Emile Durkheim. Ce mouvement a été amorcé par la célébration du centenaire de la parution de la plupart des œuvres du fondateur de la sociologie française à commencer par sa thèse de doctorat. A titre d’exemple, en 1993 paraît en effet aux PUF, dans la collection « Sociologies », un livre collectif intitulé Division du travail et lien social. La thèse de Durkheim un siècle après. Dans le même esprit et dans la même collection, paraît, en 2000, Le suicide, un siècle après Durkheim. Et, plus récemment, en 2012, L’Année sociologique, revue créée par Durkheim, édita un numéro spécial consacré aux Formes élémentaires de la vie religieuse, un siècle après. La redécouverte de Durkheim est visible également sur le plan international. Un centre de recherche, le British Centre for Durkheimian Studies, entièrement consacré à l’étude de Durkheim a été créé à Oxford en 1991. Ce centre publie depuis 1995 la revue Durkheimian Studies/Etudes durkheimiennes à raison d’un numéro par an. Les derniers numéros sont d’ailleurs disponibles en ligne. Tous les ouvrages d’Emile Durkheim sont régulièrement réédités et enrichies de nouvelles préfaces ou introductions. Il faut mentionner aussi la parution de la monumentale biographie de Durkheim publié par Marcel Fournier en 2007 et traduite en anglais en 2012. Durkheim n’est plus seulement la référence obligée des apprentis sociologues et des enseignants de l’histoire de la sociologie. C’est un classique réinvesti et de plus en plus au cœur des débats contemporains sur les fondements des sociétés modernes. La parution de ce numéro qui lui est entièrement consacré dans la Revue internationale de philosophie prolonge ce mouvement. Il paraît l’année du centième anniversaire de sa mort. Je remercie chaleureusement son directeur de la confiance qu’il m’a témoignée en me demandant de le coordonner.
2 Comment peut-on comprendre ce regain d’intérêt ? La première explication tient sans doute à ce qu’on pourrait appeler un peu paradoxalement la similitude des contextes. La fin du XIXe siècle a été une période caractérisée à la fois par les risques inhérents au développement industriel, le déplacement des populations susceptibles de perdre leurs attaches locales et familiales, et par la recherche de solutions pour favoriser la cohésion sociale et nationale. Durkheim était sensible au risque de désintégration et de dérégulation de la société de son époque. Or, la dernière décennie du XXe siècle a été également celle de la redécouverte des problèmes similaires. Depuis le début des années 1990, il n’est pas rare en effet d’entendre parler de « crise du lien social » et de la nécessité de « retisser » ou de « renouer » le lien social. Symptôme de cette crise, la pauvreté a fait l’objet de nouvelles recherches. Alors qu’elle était traditionnellement ancrée dans l’étude des inégalités de revenus et de conditions de vie, elle a été de plus en plus appréhendée sous un angle différent. Son approche théorique a été renouvelée pour tenir compte des effets de la dégradation de la condition salariale, de l’augmentation des populations assistées et pour interroger la question de l’intégration sociale. La pauvreté a ainsi été analysée sous l’angle des relations d’interdépendance entre la catégorie désignée comme pauvre et le reste de la société. Les concepts de disqualification sociale [1] et de désaffiliation [2] traduisent l’effort pour repenser la question sociale dans le prolongement de l’étude durkheimienne de la division du travail et de ses « formes anormales ».
3 La deuxième explication tient à la posture intellectuelle du fondateur de la sociologie française. Son ambition avait pour origine le sens de l’engagement au service de la société, ce qui correspondait parfaitement à l’esprit des Républicains de la fin du XIXe siècle. Durkheim a fondé la sociologie dans ce contexte politique de la IIIème République et il en est resté marqué durant toute sa vie. Il n’a pas cherché à dissimuler cet engagement. Sa sociologie entendait, directement ou indirectement, concourir à la recherche de solutions, comme le laisse entendre clairement sa célèbre déclaration : « Nos recherches ne méritent pas une heure de peine si elles ne devaient avoir qu’un intérêt spéculatif ». [3] Il disait également que « nous sommes fait pour aider nos contemporains à se reconnaître dans leurs idées et dans leurs sentiments beaucoup plutôt que les gouverner. [4] » Cette posture du savant engagé qui entend contribuer au changement de la société en se fondant avant tout sur les résultats de ses recherches correspond à une éthique de la responsabilité dans laquelle la plupart des chercheurs en sciences sociales contemporains se reconnaissent. Durkheim ne s’est donc pas contenté d’élaborer des concepts sociologiques. Il a participé à de nombreux débats de son temps et même proposé des changements politiques. Le projet de réforme des corporations, qu’il formulait en 1901 dans la préface à la seconde édition de sa thèse, peut être considéré, par exemple, comme l’un des soubassements de la société salariale qui s’est constitué tout au long du XXe siècle. Il a offert en effet un ensemble de réponses pour garantir à tous les travailleurs une reconnaissance à la fois de leur statut, de leurs spécificités professionnelles et de leur intégration organique au système social. Avec la doctrine du solidarisme, dont on sait qu’elle a été formulée par Léon Bourgeois [5] trois ans après la publication de la thèse de Durkheim, c’est l’architecture de notre Etat social qui a ainsi été posée de façon théorique au tournant du XXe siècle et qui a permis peu à peu la mise en place d’un système de protection sociale généralisée. Or, c’est le démantèlement de cette société salariale dans les deux derrières décennies qui nous conduisent à nous replonger dans les écrits de Durkheim. Tout se passe comme si le retour aux sources conceptuelles et théoriques de sa pensée constituait pour les sociologues et les philosophes d’aujourd’hui un moyen de mieux interpréter, par comparaison et mise en perspective, les problèmes sociaux de ce début du siècle et de réfléchir sur les nouvelles formes du lien social et sur les projets de réforme.
4 Enfin, on peut voir dans la relecture contemporaine de Durkheim, l’effet du croisement de plus en plus fréquent des disciplines des sciences sociales. Ce renouveau ne concerne pas que les sociologues. Il est visible dans les publications de politistes et de philosophes, lesquels organisent désormais régulièrement des colloques sur la pensée de Durkheim en invitant les sociologues à se joindre à leur réflexion. Alors que Durkheim avait mené une lutte acharnée pour faire reconnaître à l’Université la sociologie comme une science positive autonome, c’est, au moins partiellement et de façon paradoxale, au décloisonnement de cette discipline que l’on doit la relecture croisée de ses textes fondateurs. La sociologie est aujourd’hui reconnue et assurée de sa pérennité et les sociologues, eux-mêmes, tout en étant sensibles à la tradition de leur discipline, n’ont plus besoin, à l’instar de Durkheim, de mener un combat de frontière. Ils peuvent, au contraire, dialoguer avec les disciplines voisines et se nourrir de ce dialogue pour renouveler leurs approches théoriques et empiriques. Les philosophes et les politistes semblent également, de leur côté, bénéficier de ce décloisonnement qui participe sans doute de l’avenir des sciences sociales au XXIe siècle.
5 C’est dans cet esprit d’ouverture que ce numéro a été préparé. Les chercheurs qui y ont participé ont relu Durkheim au présent, c’est-à-dire à partir des textes pour poser des problèmes d’aujourd’hui sous un angle tout à la fois sociologique, politiste et philosophique. La question qui relie les contributions est celle des liens sociaux. Elle se décline sous la forme de plusieurs interrogations : comment les individus sont-ils reliés les uns aux autres ? Font-ils encore société et, si oui, comment ? Les réponses de Durkheim sont-elles encore valables aujourd’hui ? Les textes qui suivent interrogent aussi bien le lien conjugal, le lien familial, le lien communautaire, le lien au monde du travail que le lien à la nation.
6 Serge Paugam explique les tâtonnements de Durkheim pour interpréter et trouver des solutions à la crise qu’engendrent ce qu’il appelle dans la troisième partie de sa thèse « les formes anormales de la division du travail ». Le fondateur de la sociologie est conscient que la réalité est plus complexe que ne le laisse entendre le schéma classique du passage de la solidarité mécanique – ou par similitudes – caractéristiques des sociétés traditionnelles à la solidarité organique – ou par complémentarités – caractéristiques des sociétés modernes. Si cette grande évolution historique qu’il explique par la division du travail est solidement argumentée dans sa thèse, Durkheim se rend compte, dans les études qu’il publia ensuite, que les formes d’attachement des individus entre eux et à la société sont en réalité multiples et qu’elles continuent de l’être dans les sociétés modernes. Autrement dit, que la solidarité mécanique s’entrecroise avec la solidarité organique. Ces liens renvoient à des formes de morale distinctes. Comment alors penser leur articulation ? Doit-on inévitablement les hiérarchiser pour assurer une cohérence normative et rendre ainsi possible l’intégration sociale de tous les individus ? Serge Paugam insiste sur la réforme des groupements professionnels que Durkheim envisageait pour résoudre les dysfonctionnements du monde économique et les risques de désintégration des travailleurs. Il revient aussi sur la conception durkheimienne de l’Etat. En rapprochant les textes écrits pour l’essentiel dans la dernière décennie du XIXe siècle, y compris ses cours professés à l’Université de Bordeaux, il est possible d’esquisser les fondements d’une théorie durkheimienne des liens sociaux, mais aussi d’en cerner les limites.
7 Irène Théry explore de son côté la « division des sexes » chez Durkheim en rappelant l’effort de ce dernier pour dénaturaliser la distinction masculin/ féminin. En se plongeant elle aussi dans la Division du travail social, elle analyse comment est traitée la question de la division sexuée des rôles et des statuts. Contrairement à Auguste Compte qui voyait dans la famille organisé autour d’un couple hétérosexuel procréateur non seulement la véritable base de la société, mais aussi, par déduction, la justification des différences naturelles des sexes jusqu’à la subordination de la femme à l’homme, Durkheim s’emploie à démonter que les différences observables entre les deux sexes ne sont en aucun cas naturelles, mais bien le produit de la division sexuée du travail, ce qui revient à rompre radicalement avec les représentations dominantes à son époque. Par ailleurs, la famille conjugale n’est pas, selon lui, la modèle vers lequel tendrait notre nature, mais bien une institution sociale, autrement dit une construction, dont la cohérence normative résulte avant tout de la division du travail. Irène Théry montre également comment Marcel Mauss poursuivra le travail de distanciation de son oncle en franchissant une autre étape. Les progrès fulgurants de l’ethnographie au début du XXe siècle permirent en effet à ce dernier de démontrer que plus on s’éloigne du modèle des sociétés modernes, plus la division par sexes est forte. Loin d’être le produit d’une conception naturelle des différences, les rapports entre les sexes dans les sociétés polysegmentaires relèvent en réalité de la règle et par conséquent d’une division « par sexes ». Ce n’est pas à la perfection de la nature humaine et à la civilisation que l’on doit la distinction des qualités masculines et féminines puisque la division par sexes était déjà réglementée dans les sociétés dites « primitives ».
8 Rémi Lenoir revient sur les textes que Durkheim a consacrés à la famille conjugale et prolonge ainsi la discussion introduite par Irène Théry. Il souligne que la famille est avant tout pour Durkheim non seulement une institution sociale, mais une catégorie d’Etat. La famille est en effet liée à l’accroissement de la division du travail, mais aussi au rôle de plus en plus important de protecteur que joue l’Etat dans les sociétés modernes. La famille, telle qu’il l’entend, doit être sous la tutelle de l’Etat. Mais cette dernière doit être exercée par un Etat neutre, universel, fondé sur la science et dont la fonction principale est de penser. Rémi Lenoir explique que cette définition de la famille rompt avec la conception naturaliste très présente à son époque. Durkheim s’oppose au familialisme catholique ou laïque et aux défenseurs des « intérêts de la famille ». La famille ne peut-être une fin en soi et l’Etat un simple instrument à son service. Durkheim pense que si l’Etat doit se préoccuper de la famille, c’est avant tout parce les intérêts de cette institution sont inséparables des intérêts de la société tout entière. Cette conception doit être comprise comme l’expression sans doute idéalisée du pouvoir de l’Etat républicain en France à la fin du XIXe siècle et du rôle qu’entendent lui faire jouer les intellectuels éclairés de cette époque dont Durkheim est l’un des représentants les plus brillants. Autrement dit, tout en s’affranchissant des prénotions, Durkheim participe aussi, en tant qu’homme de science, à la construction d’une représentation de la famille – et de la morale domestique – qui ne s’est pas imposée en France sans difficulté.
9 Sylvie Mesure part d’un paradoxe : si, pour beaucoup, Durkheim est le représentant du courant sociologique qui réduit l’individu aux forces qu’exercent sur lui la société, les connaisseurs les plus avisés de sa pensée ont vu, au contraire, dans ses études, une explication saisissante du développement de l’individualisme dans les sociétés modernes. En réalité, si Durkheim s’interroge sur le lien social, c’est avant tout, parce qu’il est mis à l’épreuve par l’individualisme. Autrement dit, la question essentielle posée par Durkheim, et que reprend Sylvie Mesure en la reformulant, est la suivante : « comment penser la solidarité sociale et morale adaptée à une « société d’individus »» ? A la différence de Tönnies, dont il fera le compte rendu de Communauté et société, Durkheim n’entend pas pourfendre le monde moderne en n’y voyant qu’un déclin inexorable des rapports humains. S’il est conscient, comme Tönnies, du risque de désintégration sociale, il s’emploie à étudier la transformation du lien social. Sylvie Mesure montre, elle aussi, qu’il ne faut pas s’en tenir à la Division du travail social pour comprendre la conception de Durkheim du lien social et la place de l’individu dans les sociétés modernes. La lecture des textes postérieurs permet en effet d’opposer deux types d’individualisme, celui qui dérive de l’égoïsme utilitaire de Spencer et des économistes, celui qui découle, au contraire, de l’autonomie de la volonté et qui célèbre en chaque individu la capacité de dépasser son égoïsme. Pour Durkheim, ce dépassement relève de l’éducation morale. L’individu est d’autant plus encouragé à s’attacher au groupe, à être relié aux autres et intégré à la société qu’il en éprouve le sentiment d’être respecté et reconnu en tant qu’individu. L’individu autonome de Durkheim a intériorisé le fait social de la solidarité comme une condition de son existence en tant qu’homme. Son autonomie dépend en réalité de sa capacité à reconnaître celle des autres et, par là-même, de son acceptation des normes qui nourrissent et encadrent la vie sociale. Autrement dit, le respect de l’individu et la solidarité sont complémentaires.
10 Jean Terrier s’emploie à remettre en question une autre interprétation courante, celle qui consiste à voir en Durkheim l’une des figures les plus radicales de l’approche harmoniste, voire unanimiste de la société. Cette approche qui insiste davantage sur ce que les individus ont en commun est aujourd’hui souvent critiquée – comme l’est tout autant le concept même de société – tant la vision pluraliste qui postule, au contraire, la diversité, voire l’incompatibilité des opinions et des croyances semble s’imposer comme l’une des caractéristiques fondamentales des sociétés modernes. Appliquer à Durkheim l’étiquette de penseur moniste est sans doute commode – ne fût-ce que pour entretenir une opposition factice entre les « anciens » et les « modernes » – mais semble déplacé. Jean Terrier fonde sa démonstration sur une relecture approfondie de plusieurs textes de Durkheim souvent peu connus, à commencer par son Cours sur le pragmatisme. Si Durkheim reconnaît que les pragmatistes ont raison de partir de la diversité plutôt que de l’unité et d’insister sur le caractère, transitoire transformable et pluriel de la vérité, il rejette l’idée d’une complète autonomie des niveaux de réalités, et en particulier de la vie mentale par rapport au monde matériel. La pluralité doit être conçue, selon lui, comme la présence dans l’existant d’entités de nature différente, mais qui n’en sont pas moins liées les unes aux autres. La position de Durkheim serait proche en cela d’un « pluralisme discontinuiste ». Par ailleurs, Jean Terrier reprend la question des représentations collectives. Pour que la société se maintienne, il est certes nécessaire selon Durkheim que certaines représentations soient réellement partagées par tous les membres, mais cela ne signifie pas pour autant qu’elles le soient toutes. Il suffit que certaines seulement le soient, en exerçant sur les individus une autorité, voire une crainte, et en leur inspirant en même temps une forme d’affection et d’attachement. Durkheim ne saurait donc être considéré comme le penseur d’une société totalement homogène. Il met en doute l’idée d’une nature humaine immuable et insiste sur la comparaison nécessaire des formes diverses d’organisation sociale.
11 Dominique Schnapper conclut ce numéro en revenant sur la conception durkheimienne de la nation. Ce retour est d’autant plus nécessaire que la nation – ou la patrie – est élevée par Durkheim au rang suprême dans la hiérarchie des formes d’attachement des individus aux groupes et à la société dans son ensemble, alors que, paradoxalement, les textes qui éclairent sa pensée sur ce point sont restés relativement dispersés dans son œuvre. Ce travail de relecture est accompli en confrontant ses écrits à ceux de son neveu, Marcel Mauss, qui, lui aussi, s’est penché sur ce sujet et dont les analyses apparaissent aujourd’hui plus élaborées. Le lien entre les deux sociologues n’était pas seulement familial. Ils étaient l’un et l’autre des intellectuels républicains, patriotes, défenseurs des droits de l’homme et confiants dans les institutions de leur pays tant ils y voyaient l’inspiration des Lumières. Dominique Schnapper rappelle que, pour Durkheim, la nation se confond avec la société. La patrie est la forme de société la plus organisée et la plus haute qui puisse exister. Elle constitue une force en elle-même dont l’Etat n’est que la représentation et l’instrument. L’Etat est en quelque sorte le cerveau social car sa fonction principale est de penser. La cohésion sociale est le produit de la morale et de la société, elle ne saurait dépendre d’un pouvoir autonome et autoritaire de l’Etat. Cette conception conduit Durkheim à rabattre le politique sur le plan du social. Quand il parle de la nation, il se réfère, sans le souligner formellement, à sa forme démocratique. Marcel Mauss rectifiera cette ambiguïté. Tout en s’inscrivant dans la continuité intellectuelle de son oncle, sensible à l’expérience du bolchévisme, il définira la nation en prenant en compte son régime politique, ce qui le conduira à une modification sensible de la définition de Durkheim. La conception de la nation des deux sociologues, mêle de manière presque inévitable engagement personnel et analyse objective. Elle a été, sans doute au moins partiellement pour cette raison, plus ou moins occultée pendant plusieurs décennies. Si nous la redécouvrons aujourd’hui, c’est parce qu’elle nous paraît susceptible d’interroger les fondements à la fois sociaux et politiques des sociétés démocratiques.
12 Ces six contributions entendent apporter, par leur complémentarité, un éclairage novateur sur l’œuvre de Durkheim. Elles font référence, non seulement aux textes classiquement cités et étudiés dans les universités, mais aussi à des textes moins connus dont la lecture s’avère indispensable pour reconstituer l’unité de la pensée du fondateur de la sociologie française. Ces contributions nous aident aussi à entrer dans la complexité de cette œuvre et à remettre en question certaines de ses représentations usuelles, notamment celles qui paraissent caricaturales. D’une façon plus générale, ce volume, qui aurait pu aussi bien être publié dans une revue de sociologie, symbolise une ouverture à l’échange entre philosophes et sociologues, ce qui est une façon d’entretenir une tradition heuristiquement féconde.
Notes
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[1]
Serge Paugam, La disqualification sociale. Essai sur la nouvelle pauvreté, Paris, PUF, 1991.
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[2]
Robert Castel, Les métamorphoses de la question sociale. Chronique du salariat, Paris, Fayard, 1995.
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[3]
De la division du travail social, préface de la première édition, p. XXXIX.
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[4]
Emile Durkheim « L’élite intellectuelle et la démocratie », Revue bleue, 5e série, t. I, pp. 705-706, repris dans Emile Durkheim, La science sociale et l’action, Paris, PUF, « Le sociologue », 1970, p. 280.
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[5]
La première formulation de cette doctrine se trouve dans l’ouvrage de 1896 de Léon Bourgeois, Solidarité, Villeneuve d’Ascq, Presses du Septentrion, 1998.