1 Pendant la crise sanitaire, les enquêtes en face à face sont devenues plus difficiles, voire impossibles à mettre en œuvre. L’enquêteur masqué n’est pas la figure la plus favorable à la recherche. Certes, téléphones et ordinateurs, là aussi, ont permis de collecter des données, mais hors enquêtes nationales ou sondages, l’entretien reste l’outil privilégié d’investigations sur des populations particulières. Depuis l’atténuation de la crise sanitaire, les équipes sont retournées sur le terrain et quelques exemples relatifs aux travailleurs de la restauration, aux demandeurs d’asile et aux personnes en transition professionnelle se retrouvent dans cette rubrique. Ces enquêtes en face à face sont souvent mises en œuvre par des collectifs de recherche ou des organisations coopératives. Y aurait-il là un effet de la crise sur l’évolution des formes de travail en matière de recherche, d’étude et d’expertise ? Si cette hypothèse était juste, les professionnels du social pourraient trouver des opportunités pour s’engager plus résolument dans la production de connaissances. Le Livre vert du Travail social [1] engage les professionnels dans cette direction. Ses rédacteurs insistent sur la nécessité de reprendre la question ancienne des rapports entre travail social et recherche. De façon classique, le Livre vert demande qu’il soit procédé à une intégration plus forte des méthodes et des résultats de la recherche dans les formations. Dans un second axe, le document demande la relance du projet de doctorat en travail social conformément au processus de Bologne qui inscrit les formations dans le triptyque licence-master-doctorat. De façon plus novatrice, le Livre vert recommande aux travailleurs sociaux de s’engager, avec l’appui de leurs employeurs, dans les programmes d’études, de recherches et d’expertises portant sur les publics, les politiques sociales et les pratiques professionnelles.