1 Le « bon bol d’air », qui a longtemps été considéré comme la panacée permettant aux petits citadins d’arborer de belles joues rouges et d’acquérir l’énergie nécessaire à leur joie de vivre, est-il en train de rejoindre les mythes qui n’alimenteront bientôt plus que la nostalgie des anciens ? Le rapport de l’Unicef sur les conséquences de la pollution atmosphérique, publié en décembre 2019 [1], et sa campagne « Pour chaque enfant un air pur », relayée par le Réseau Action Climat et WWF France, alertent solennellement sur la dégradation inquiétante de la qualité de l’air, porteuse de nombreuses pathologies et allergies potentielles, que des améliorations récemment annoncées ne contribueront qu’à ralentir.
2 Selon les enquêtes réalisées au cours des dernières années, en France, près de trois enfants sur quatre respirent quotidiennement un air pollué et ce phénomène ne se limite pas aux seules zones d’activité industrielle ou de forte densité urbaine. La vigilance est possible quand la pollution est perceptible, visible sous l’aspect d’un brouillard ou d’un nuage ou parfois malodorante ; mais il existe bien d’autres formes plus discrètes de cette pollution, impliquant les gaz toxiques ainsi que quantité de produits nocifs, comme les métaux lourds et les composés organiques volatils – que l’on retrouve dans les particules fines dont la nocivité réside dans leur capacité à pénétrer au plus profond du système respiratoire.
3 Si l’on met de côté les centres industriels dont la pollution est localisable, la principale source de pollution atmosphérique est liée au trafic automobile, dont la caractéristique est d’être nomade. Selon l’OMS, 15 à 30% des nouveaux cas d’asthme qui apparaissent chaque année chez les enfants seraient en lien direct avec une exposition à la pollution due aux moteurs thermiques. Au-delà du système respiratoire, les effets de cette nuisance s’étendent à la circulation sanguine, au cerveau et au système immunitaire.
4 L’OMS rappelle en outre que l’intoxication par un air vicié se fait aussi par la peau et se révèle d’autant plus redoutable que ses victimes sont jeunes. Les jeunes enfants, dont les organismes immatures ne sont pas encore mithridatisés aux polluants volatils et dont le rythme respiratoire est plus rapide, sont ainsi particulièrement vulnérables et le sont doublement quand ils appartiennent aux classes défavorisées. Selon l’Unicef, la pollution de l’air entraînerait le développement de nombreuses pathologies dès le stade fœtal et la pauvreté y ajoute des facteurs domestiques aggravants, tels le manque d’espace dans les logements et l’absence d’espaces verts à proximité. Le chantier est donc immense et très complexe car multi-dimensionnel. Les récents débats sur le climat indiquent clairement qu’il ne peut pas être entrepris efficacement à l’échelon national, les particules fines ne connaissant pas les frontières.
Notes
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[1]
Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef), 2019, Pour chaque enfant, un air pur. Les effets de la pollution de l’air en ville sur les enfants, en ligne : https://www.wwf.fr/sites/default/files/doc-2019-04/20190404_Pour_chaque_enfant_un_air_pur-min.pdf