CAIRN.INFO : Matières à réflexion

L’utilisation des écrans par les enfants peut, et doit, être contrôlée par les parents grâce à des règles simples. Avant l’âge de trois ans, la télévision est non seulement inutile, mais nocive. Au-delà, il faut adapter la consommation des écrans à chaque âge en fonction des différents risques de la surconsommation. Enfin, l’utilisation raisonnée de leurs propres écrans par les parents constitue non seulement un modèle éducatif décisif pour l’enfant, mais libère aussi un temps précieux à passer en famille.

1Aucun parent ne penserait à mettre de beefsteak dans le biberon de son bébé ! Non pas parce que le beefsteak serait un produit toxique, mais parce que l’enfant ne peut pas le digérer. C’est exactement la même chose avec la télévision : évitons les écrans avant trois ans. Un parent qui fait de la crème au chocolat ne met pas non plus le saladier sur la table basse du salon avec une cuillère à côté pour que son jeune enfant puisse se servir quand il en a envie. Il dit que ce sera pour le dessert ; il place à ce moment-là une assiette devant l’enfant et lui donne une portion. C’est exactement pareil avec les écrans. Comme pour les aliments, tout est question d’âge, de quantité, de moment (Tisseron, 2013). La tranche horaire doit devenir dans l’éducation aux écrans l’équivalent de l’assiette dans l’éducation alimentaire. Les écrans peuvent être un formidable support de divertissement, d’apprentissage et de socialisation. Mais pas à tout âge ni à tout moment.

2Hélas, le risque d’un usage excessif des outils numériques est d’autant plus grand qu’ils proposent à notre attention des produits aussi attractifs pour notre cerveau que le sont les barres chocolatées et les sodas pour notre alimentation. Ils ne sont pas « trop gras, trop salés, et trop sucrés », pour reprendre les termes de la fameuse campagne de l’ancien Institut national de prévention et d’éducation pour la santé (Inpes) [1] en faveur d’une alimentation équilibrée, mais ils sont « trop colorés, trop mouvementés et finalement trop émouvants ». Au risque de détourner les enfants d’apprentissages cognitifs, manuels et relationnels essentiels, avec des conséquences parfois graves. Cette situation est d’autant plus préoccupante que l’enfant est plus jeune.

3C’est la raison pour laquelle j’ai conçu en 2008 les « balises 3-6-9-12 », calées sur les âges de 3 ans, 6 ans, 9 ans et 12 ans, afin de guider les parents dans leurs choix éducatifs en prenant en compte les données scientifiques disponibles [2].

Les risques des écrans sur le développement psychoaffectif du jeune enfant

4Une vie quotidienne active et interactive à l’âge préscolaire est indispensable pour développer les compétences cognitives, relationnelles et psycho-motrices qui joueront un rôle clé dans le développement ultérieur de l’enfant.

5Les premières années de la vie constituent un moment particulièrement critique dans le développement des zones du cerveau impliquées dans l’autorégulation de l’intelligence émotionnelle. D’autant plus que, dans la petite enfance, le nombre d’heures de veille dans une journée est limité. Ainsi, plus les enfants passent de temps devant la télévision, moins ils en ont pour le jeu créatif, des activités interactives et d’autres expériences cognitives sociales fondamentales. En effet, pour un enfant de moins de 24 mois, il est impossible de parler de programmes « adaptés » (Tisseron, 2007). Seul compte le nombre d’heures passées devant l’écran, ce qui se fait toujours au détriment d’activités essentielles à cet âge. Chaque heure passée par un jeune enfant devant un écran lui est volée sur le temps des acquisitions légitimes, et les conséquences s’en font sentir bien au-delà des premières années.

L’acquisition du langage

6Non seulement la télévision et les DVD n’accroissent pas la capacité linguistique des enfants qui les regardent mais, au contraire, ils ralentissent leurs apprentissages (Zimmerman et Christakis, 2005).

Les capacités d’attention et de concentration

7La télévision nuit au développement des capacités d’attention et de concentration d’un enfant de moins de trois ans s’il joue dans une pièce où elle est allumée et cela, même s’il ne la regarde pas (Schmidt et al., 2008). En effet, la télévision le perturbe dans ses jeux spontanés, ceux-ci durent moins longtemps et cela laisse présager de difficultés ultérieures de concentration et d’attention. Les mêmes problèmes ne se rencontrent ni avec la musique, qui est harmonieuse, ni avec la radio, qui alterne en général des débats et des plages musicales, alors que la télévision, et notamment avec les séries, impose des sons hachés et des lumières contrastées. Ces résultats ont été largement confirmés par les études de Linda Pagani (Pagani et al., 2010). Les enfants ayant grandi avec les écrans sont globalement moins autonomes, moins persévérants et moins habiles socialement.

Le rapport au temps

8Lorsque l’enfant dessine, empile des cubes ou déplace un jouet, il découvre en même temps sa capacité à modifier le monde et le fait que cette modification est irréversible. Mais lorsqu’il regarde la télévision ou un DVD, chaque instant se suffit à lui-même, rempli de couleurs, de mouvements et d’émotions. D’où évidemment une difficulté à concevoir l’irréversibilité des actions (Tisseron, 2013).

La perte « d’agentivité »

9L’étude de Linda Pagani et al. (2010) montre que chaque heure de télévision quotidienne en plus entre deux et trois ans est corrélée avec un risque supplémentaire de 10 % pour l’enfant de devenir victime ou bouc émissaire des camarades de classe à l’âge de dix ans. Probablement parce que la télévision rend passif et qu’un enfant qui se perçoit comme un spectateur du monde, plutôt que comme un acteur capable d’influencer les situations, est moins enclin à répondre à des agressions qu’il subit.

Les dangers sur la construction de l’empathie

10Les premières années de la vie constituent un moment particulièrement critique pour le développement des zones du cerveau impliquées dans l’autorégulation de l’intelligence émotionnelle. C’est à cet âge que l’enfant apprend à constituer le visage de l’autre comme support de construction émotionnelle partagée. Or chaque heure passée devant un écran est perdue pour un échange en face-à-face, avec un adulte ou un autre enfant (Pagani et al., 2016).

Les risques des écrans sur la vue et le sommeil

11La lumière des écrans, en particulier la composante bleue des LED qui les constitue, présente deux risques. Le premier est l’atteinte de la rétine, dont l’épithélium, dans l’état actuel des recherches, semble ne pas se régénérer. Cette menace est particulièrement importante pour les jeunes enfants dans le cristallin n’est pas encore opacifié. De ce fait, il est conseillé de mettre des lunettes aux jeunes enfants lorsqu’ils sont au soleil, et la même vigilance doit conduire à éviter de les mettre devant les écrans (Anses, 2019).

12Le second problème posé par la lumière bleue des LED concerne leur pouvoir d’inhiber la sécrétion de mélatonine, hormone clé de l’endormissement. Ces lumières bleues trompent en quelque sorte le cerveau en lui faisant croire qu’il fait grand jour, de telle façon que la vigilance est exacerbée. La personne qui se trouve devant un écran la nuit est ainsi amenée à ne pas ressentir le besoin d’aller dormir. Il en résulte une restriction du temps de sommeil, mais aussi une perturbation des rythmes de sommeil qui peuvent entraîner une fatigue, des troubles de l’attention et affecter les résultats scolaires et la vie sociale (Anses, 2019).

13Ces problèmes sont principalement liés aux conséquences de l’utilisation des écrans le soir et la nuit. Le rôle des parents est donc capital, d’autant plus que, si ces effets négatifs strictement physiologiques d’une mauvaise utilisation des écrans concernent tous les âges, ils sont évidemment plus problématiques pour l’enfant et l’adolescent.

Vers une éducation positive avec « 3-6-9-12 »

14Les balises 3-6-9-12 sont fondées sur trois principes valables à tout âge : l’alternance, qui consiste à encourager la diversité des activités, avec et sans écrans, en privilégiant la création sur la consommation ; l’accompagnement, qui implique en particulier de parler avec l’enfant de ce qu’il fait et voit sur les écrans ; et, enfin, l’éducation à l’autorégulation, notamment en fixant les temps de consommation d’écran et en encourageant l’enfant à toujours associer ses consommations d’écran à une durée, de façon à l’aider à construire les bases de l’autorégulation dans tous les domaines, qui passe d’abord par la capacité d’attendre.

15Il en résulte quatre conseils généraux :

  • choisir des programmes de qualité avec l’enfant,
  • limiter les temps d’écran,
  • parler avec l’enfant de ce qu’il voit sur les écrans et fait avec eux,
  • encourager les pratiques de création dès que l’enfant a six ans.

16Enfin, évitons de parler d’« addiction ». Le mot répond à une définition médicale précise, réservée à des pathologies particulièrement lourdes. Ces situations extrêmes sont en outre souvent associées à des troubles psychiatriques tels que dépression, anxiété, phobies ou troubles de la personnalité. Parlons plutôt d’« usage pathologique des écrans » (Bach et al., 2013).

Avant 3 ans, l’enfant a besoin de découvrir avec un adulte ses sensorialités et ses repères : jouer, parler, arrêter la télé

17De la naissance à 2 ans, mieux vaut éviter toute forme d’écran, sauf des logiciels de visio-téléphonie comme Skype et encore, lorsque l’enfant peut y interagir avec une personne qu’il a l’occasion de côtoyer dans la réalité, ne serait-ce qu’épisodiquement. Entre deux et trois ans, mieux vaut éviter le plus possible la télévision, même en bruit de fond quand un enfant est dans la pièce : elle l’empêche de se concentrer sur ses jeux spontanés, ce qui signifie, à cet âge, qu’elle l’empêche de construire ses capacités d’attention et de concentration. Ne laissons alors jamais un enfant devant un écran ou dans une pièce où un écran est allumé. Cela est d’ailleurs rappelé maintenant dans les carnets de santé. Quant aux tablettes, il est conseillé de les réserver aux usages accompagnés, sur des périodes courtes et uniquement pour un usage distractif, sans l’intention de vouloir développer à cet âge des compétences particulières. Cela n’empêche pas de jouer de temps en temps avec un jeune enfant en utilisant une appli amusante, à condition que ce soit pendant une période évidemment courte et en complémentarité avec les jeux traditionnels.

De 3 à 6 ans, l’enfant a besoin de découvrir ses dons sensoriels et manuels : limiter les écrans, les partager et en parler en famille

18À partir de 3 ans, mieux vaut préférer les DVD à la télévision. L’enfant a un rôle actif en choisissant le programme qu’il veut regarder et il peut le revoir plusieurs fois pour se familiariser avec lui à son rythme. Et si l’enfant peut, seul, regarder des programmes courts et jouer à la tablette – là aussi pendant des durées courtes et en complément des jouets traditionnels –, il est important d’être très clair sur les tranches horaires pendant lesquelles les écrans sont autorisés.

19Enfin, à cet âge, les écrans sont à utiliser comme les livres : lorsqu’un parent ouvre un livre illustré avec un enfant, ce n’est pas pour se contenter de le regarder en silence ; le tout-petit attend du parent qu’il mette sur les images regardées ensemble des mots qui l’introduisent à leur compréhension. Les parents doivent apprendre à regarder les écrans qui les entourent de la même façon, en parlant de ce qu’ils y voient et en comprennent. Pour donner à leurs enfants le goût de l’échange vivant.

20Par ailleurs, les écrans doivent être dans une pièce commune et les outils numériques doivent être familiaux. Il faut éviter d’acheter une tablette à l’enfant, il considérerait à juste titre qu’elle lui appartient et il serait très difficile d’en gérer la consommation. Avec une tablette familiale, il sera beaucoup plus facile d’en réguler les usages. Il est également important de fixer une tranche horaire quotidienne à l’enfant pour ses usages d’écrans, de préférence avant une activité qu’il n’est pas possible de retarder. Par exemple, l’enfant peut regarder un DVD entre 17 heures et 18 heures, et après il prend son bain. Cela l’habitue à associer les écrans à une durée et lui apprend à attendre, ce qui lui sera bien utile plus tard. Ne jamais utiliser les outils numériques dans les cas suivants : pendant les repas, pour calmer l’enfant ou pour le récompenser. Enfin, ne pas oublier d’encourager les activités physiques et toutes les créations manuelles comme le pliage, le découpage, le collage, la cuisine, le bricolage…

De 6 à 9 ans, l’enfant a besoin de découvrir les règles du jeu social : créer avec les écrans et lui expliquer Internet

21De 6 à 9 ans, c’est l’apprentissage des règles du jeu social. C’est aussi l’âge à partir duquel l’enfant commence à utiliser des outils de création : photographie numérique, initiation au codage comme le logiciel Scratch, logiciels de création de vidéos d’animation (Stop Motion)… Cela permet d’inviter l’enfant à créer avec les écrans. On peut aussi commencer à parler avec lui de l’âge où il aura son premier téléphone mobile et fixer des règles familiales qui interdisent notamment les mobiles pendant les repas pris en commun et dans les chambres la nuit. Et pour que l’enfant accepte cette contrainte dès qu’il aura son premier téléphone, il est possible d’acheter un réveil pour chaque membre de la famille bien avant cet événement, afin que l’enfant s’habitue à avoir le sien, et s’habitue aussi à voir ses parents utiliser le leur.

De 9 à 12 ans, l’enfant a besoin d’explorer la complexité du monde : lui apprendre à se protéger et à protéger ses échanges

22On encourage l’enfant à gérer son temps d’écran distractif en l’invitant à utiliser un « carnet du temps d’écran ». Les parents parlent aussi avec lui de ce qu’il voit et fait avec les écrans. Et lui apprennent les trois règles d’Internet pour se protéger : tout ce qu’on y met peut tomber dans le domaine public, tout ce qu’on y met y restera éternellement et il ne faut pas forcément croire tout ce que l’on y trouve.

23C’est aussi l’âge où il faut évoquer avec lui ce que j’appelle « les quatre jungles d’Internet » :

  • la jungle des modèles économiques, avec le prélèvement permanent de nos données personnelles ;
  • la jungle des réseaux sociaux centrés sur l’économie de l’attention, avec le risque de surexposition de soi et de harcèlement ainsi que d’aggravation d’un sentiment de solitude et de dépression ;
  • la jungle des modèles sexuels contraignants, omniprésents sur Internet ainsi que dans la publicité et au cinéma, qui fait courir à l’enfant le risque d’être exposé à des contenus problématiques tels que violences sexuelles et préjugés sexistes ;
  • la jungle de l’information, en expliquant l’importance des sources et de la hiérarchie de l’information, la place des « fake news » mais aussi la toxicité de l’information en direct : trop émotionnelle, trop peu informée et induisant un sentiment d’impuissance suscité par l’incapacité d’agir sur les drames représentés.

Après 12 ans, l’enfant s’affranchit de plus en plus des repères familiaux : mais les adultes doivent rester disponibles, il a encore besoin d’eux

24Plusieurs études indiquent que l’utilisation des réseaux sociaux par les adolescents est plutôt bénéfique (Unicef, 2017). Ces effets positifs concernent notamment la socialisation par l’utilisation des sites de réseaux sociaux, ceux-ci étant crédités d’augmenter le sentiment d’être en lien avec les camarades (Spies Shapiro et al., 2014), de réduire la sensation d’isolement (Teppers et al., 2014) et de favoriser les amitiés existantes (Kardefelt-Winther, 2017). Les usages pathologiques correspondraient à une fuite face à une situation réelle vécue comme insurmontable. L’écran fonctionne alors comme une « potion d’oubli ». Si la réduction du temps de sommeil a des conséquences problématiques sur la mémorisation, l’humeur, les capacités d’attention et de concentration, l’alimentation et bien entendu les performances scolaires, dans ces situations une réduction contrainte du temps d’écran a peu de chances de réussir. L’important est de comprendre le problème sous-jacent (Griffiths et al., 2016).

25Par précaution, le conseil à donner aux parents est de retarder le plus longtemps possible le moment d’acheter un téléphone mobile à leur enfant, de préférer un appareil aux fonctions limitées – téléphone à clapet sans Internet ni écran tactile – et d’installer une application qui limite le temps qu’il peut passer dessus. Il est également recommandé de faire passer la communication avec leurs enfants avant l’utilisation de leur propre téléphone mobile ! En effet, le fait que les parents utilisent leur téléphone mobile quand ils interagissent avec un jeune enfant perturbe celui-ci (Kildare et Middlemiss, 2017).

26D’ailleurs, en France, en 2017, 26 % des jeunes dans la tranche d’âge des 12 à 14 ans trouvent que leurs parents utilisent trop leur téléphone (Observatoire des pratiques du numérique, 2018). Que diraient-ils si, à un ou deux ans, ils pouvaient parler ? Les règles de bon usage du mobile ne sont efficaces que si les parents donnent le bon exemple. Ceux-ci doivent s’efforcer d’utiliser leurs propres appareils technologiques de manière ciblée, pour des activités précises et non par ennui, et à ne pas manger devant les écrans.

27***

28En résumé, avant trois ans, les écrans non seulement ne sont strictement d’aucune utilité pour l’enfant mais ils présentent de nombreux risques. Ils nuisent à la fois à la construction du langage, à la reconnaissance des mimiques et aux capacités de concentration, le défilement très rapide d’images, de sons et d’informations habituant l’enfant à zapper d’un espace à l’autre. Ils nuisent aussi à la capacité d’autorégulation, dans la mesure où ils ne favorisent ni la prise de recul ni la mise en place du contrôle inhibiteur. Mais au-delà de trois ans, les conséquences des écrans sur le développement ne peuvent pas être estimés seulement en fonction du temps passé. Il est essentiel de les contextualiser, c’est-à-dire de prendre en compte ce que chacun fait avec eux.

29C’est pourquoi les parents doivent se poser plusieurs questions au sujet des écrans. Leur place physique tout d’abord : où sont-ils, l’enfant y a-t-il un libre accès ? Leur place dans l’emploi du temps de chacun ensuite : combien de temps l’enfant passe-t-il par jour à les regarder ? Et enfin, leur place dans les échanges familiaux : le repas du soir est-il pris sans télévision, ni téléphone mobile, ni smartphone, pour en faire un moment convivial ? Parle-t-on des écrans en famille pour aider les enfants à construire du sens autour de ce qu’ils montrent et à développer leurs compétences narratives ? Par ailleurs, si mettre un jeune enfant devant un écran peut nuire à son développement psychomoteur et affectif, l’utilisation par les parents de leur propre téléphone mobile pendant qu’ils s’occupent de lui est tout aussi problématique : nos jeunes enfants ont besoin de notre regard, n’interposons pas notre téléphone mobile entre eux et nous.

30Enfin, rappelons-nous que l’on n’éduque jamais mieux que par l’exemple. Les parents ont un rôle essentiel à jouer pour le bon usage des écrans et la construction de l’enfant, aussi bien en tant qu’autorité éducatrice que comme modèle d’imitation.

31Les écrans posent un problème de santé publique qui nous concerne tous. Il revient aux adultes de ne pas laisser s’installer des situations qui deviendront très difficiles à gérer lorsqu’elles se seront figées en habitudes partagées.

Notes

  • [1]
    L’Inpes a été intégré au sein de l’agence Santé publique France en 2016.
  • [2]
    Les conseils pour chacune des tranches d’âge sont présentés dans le flyer et l’affiche disponibles sur le site www.3-6-9-12.org
Français

Face aux problèmes que peuvent constituer les écrans pour les enfants, les parents ont besoin de conseils adaptés et opérants, étayés sur des constats scientifiques rigoureux. Depuis 2008, les « balises 3-6-9-12 », calées sur les âges 3 ans, 6 ans, 9 ans et 12 ans, donnent des repères à partir desquels les différents types d’écrans et leurs usages possibles peuvent être proposés aux enfants sans risques. Elles soulignent aussi les aspects positifs des écrans dans un usage accompagné et encadré, « pour apprendre à s’en servir et apprendre à s’en passer ». Car limiter les temps d’écran ne suffit pas. Exactement comme la prise de nourriture fait l’objet de rituels sociaux, il nous faut apprendre aujourd’hui à sortir du numérique dérégulé en créant autour des écrans des rituels familiaux qui apprennent à l’enfant à attendre, à ne pas s’énerver et à partager.

Bibliographie

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Serge Tisseron
Psychiatre, docteur en psychologie et membre de l’Académie des technologies, il est chercheur associé à l’Université Paris VII Denis Diderot. Il a publié une quarantaine d’essais personnels, notamment sur les secrets de famille et nos relations aux images, et travaille actuellement sur la façon dont les technologies transforment l’être humain. Il est traduit dans douze langues. Il a reçu en 2002 le Prix du livre de télévision pour L’Intimité surexposée, en 2004 le prix Stassart de l’Académie des sciences morales et politiques pour Les Bienfaits des images et, en 2013, à Washington, un Award du Family Online Safety Institute (FOSI) pour ses travaux sur les jeunes et les écrans. Il a été corédacteur de l’avis de l’Académie des sciences « L’Enfant et les écrans » (2013). Son site : http://www.sergetisseron.coml
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Mis en ligne sur Cairn.info le 26/04/2021
https://doi.org/10.3917/inso.202.0022
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