CAIRN.INFO : Matières à réflexion

1En 1991 le premier Jardin de Cocagne [1] est créé à Chalezeule, près de Besançon. L’association allie insertion par le travail de personnes en grande précarité, maraîchage biologique et vente de légumes à des clients-adhérents – une pratique alors inédite.

2Aujourd’hui, le Réseau Cocagne compte plus de 100 Jardins. Ils totalisent 580 hectares cultivés en bio par plus de 4 000 salariés en insertion et distribuent chaque semaine un panier de légumes à 20 000 familles « consomm’actrices ».

3La force des Jardins de Cocagne est leur capacité à innover en permanence et à créer des alliances, écrit leur créateur, Jean-Guy Henckel [2], livrant les défis et les enseignements de cette aventure ainsi que sa philosophie. Selon lui, l’entrepreneur social « est d’abord un humaniste qui entreprend », c’est-à-dire « l’initiateur d’une entreprise qui crée autant de liens humains que de richesses monétaires ».

4Les personnes accueillies cumulant des difficultés d’ordre social et personnel, cet ancien éducateur souligne le rôle essentiel de l’accompagnement, qu’il appelle « l’éducation à l’autonomie », et remarque qu’on se parle plus librement « en semant des carottes ensemble qu’en entretien » dans un bureau. Près d’un salarié sur deux trouve ensuite un emploi durable ou une formation.

5En 1999, la création du Réseau Cocagne renforce la mission d’insertion sociale et professionnelle des Jardins par l’harmonisation des outils d’évaluation des compétences et de certification des personnes accueillies et la professionnalisation des encadrants. Est créée, entre autres, une double formation en maraîchage biologique et insertion professionnelle. Le Réseau promeut la mixité sociale en général et l’égalité des sexes en particulier, à travers des formations et la publication de deux guides pour l’insertion professionnelle des femmes.

6Afin de sensibiliser à une alimentation plus autonome et saine les publics qui en sont le plus éloignés, les Jardins vendent des légumes bios à petits prix (Opération 30 000 paniers), organisent des ateliers cuisine et jardinage et fournissent des réseaux caritatifs locaux. Les activités se sont élargies à la transformation de légumes, la vente à des collectivités et la restauration d’insertion ainsi qu’à la culture de Fleurs de Cocagne.

7Le Réseau Cocagne a multiplié le nombre de ses partenaires publics et privés et s’est doté d’outils pour attirer les investisseurs (Cocagne Investissement, Fonds de dotation…). Son dernier projet d’envergure est l’installation de la « Maison Cocagne », sur un terrain de 18 hectares sur le Plateau de Saclay. Cette « vitrine de la transition écologique et sociale » regroupera le siège du Réseau, le Jardin du futur, un restaurant ainsi qu’un centre de formation et de recherche & développement. Elle servira, explique Jean-Guy Henckel, à « faire passer un message porteur d’avenir » auprès des grandes écoles, universités et organismes de recherche regroupés sur ce territoire.

Notes

Léa Rochford
Cette publication est la plus récente de l'auteur sur Cairn.info.
Mis en ligne sur Cairn.info le 18/10/2019
https://doi.org/10.3917/inso.199.0061
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