1Dans la précédente livraison de « Social en recherche » (Informations sociales n° 198) nous avions, à la suite de la crise des Ehpad pendant l’hiver 2017-2018, rendu compte d’un rapport parlementaire sur l’accroissement des tensions dans ces établissements sanitaires et médico-sociaux. Si la thèse de Cécile Rosenfelder n’apporte pas de réponse à ces tensions, elle montre qu’entre un maintien à domicile devenu parfois impossible et une fin de vie totalement médicalisée dans un lieu où l’on ne vient qu’avec la certitude de mourir, d’autres trajectoires sont envisageables. Ces réflexions sont à rapprocher de l’avis du Comité consultatif national d’éthique pour les sciences de la vie et de la santé sur les enjeux éthiques du vieillissement, en réponse à la question : « Quel sens à la concentration des personnes âgées entre elles dans les établissements dits d’hébergement ? » (Avis n° 128 du 15 février 2018, 68 p., http://www.ccne-ethique.fr). Comité d’experts, travaux politiques et recherches académiques concordent pour nous aider à changer les regards sur la fin de vie.

2Nous disposons en France d’observatoires et de données de cadrage issus des administrations et des organismes statistiques sur toutes sortes de sujets, qu’il s’agisse du suicide, des malversations à l’égard des personnes âgées, des accidents de la circulation, du chômage ou des difficultés d’insertion des jeunes sur le marché du travail. Toutefois, les études et les recherches montrent que ces informations restent trop globales pour rendre compte de la finesse des processus. Le changement de regard ne s’acquiert pas seulement par « un pas de côté » conceptuel. Quand des travaux ne se contentent pas de commenter, voire de paraphraser, les données disponibles ou de faire appel à une série d’entretiens non directifs, leur richesse méthodologique est alors source de connaissances nouvelles. C’est ce qu’illustrent les travaux présentés dans ce numéro, qui se caractérisent tous par une inventivité dans les méthodes d’investigation.