CAIRN.INFO : Matières à réflexion

1Rappelé il y a quelques années à la mémoire des Français les plus jeunes par le succès de l’opuscule de Stéphane Hessel, Indignez-vous[1], le Conseil national de la Résistance (CNR) est l’organe, initialement présidé par Jean Moulin, qui a rassemblé à partir de la fin du mois de mai 1943 les représentants des différents groupes d’opposition au gouvernement de Vichy. Du Parti communiste aux démocrates chrétiens, le CNR a fédéré des familles politiques qui s’étaient affrontées durement pendant toute la IIIe République mais que la gravité de la situation créée par la guerre et l’occupation du pays a conduites, fait sans doute rare dans l’histoire de France, à s’entendre sur des principes essentiels. Il élabora ainsi en mars 1944 un programme des dispositions à adopter dès la Libération.

2Connu sous le nom de Les Jours heureux[2], ce programme d’une dizaine de pages recueillit l’approbation unanime des membres du CNR. La première partie était un plan d’organisation de la résistance armée et un programme de gouvernement des territoires une fois libérés. La seconde visait la mise en place d’une « véritable démocratie économique », reposant notamment sur la nationalisation des grands secteurs d’activité, sur la planification ou la mise en œuvre d’un plan complet de sécurité sociale.

3Ainsi de nombreuses mesures exprimaient les valeurs de solidarité et d’universalité de la Résistance : l’extension des droits politiques, sociaux et économiques des populations indigènes et coloniales, des dispositions assurant le droit au travail et au repos, à la sécurité de l’emploi et à « une retraite permettant aux vieux travailleurs de finir dignement leurs jours », ou encore la garantie d’un niveau de rémunération assurant à chaque travailleur et à sa famille la sécurité, la dignité et la possibilité d’une vie pleinement humaine, la garantie du pouvoir d’achat, la reconstitution d’un syndicalisme indépendant et puissant, la réglementation des conditions d’embauchage et de licenciement, ainsi que l’élévation et la sécurité du niveau de vie des travailleurs de la terre, l’égalité des droits sociaux entre les salariés agricoles et ceux de l’industrie, et d’un juste statut du fermage et du métayage. S’y ajoutait l’accès de tous les enfants français à l’instruction et à la culture afin de constituer une élite véritable « non de naissance, mais de mérite » au service du pays.

Notes

Pierre Grelley
Mis en ligne sur Cairn.info le 09/11/2018
https://doi.org/10.3917/inso.196.0037
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