CAIRN.INFO : Matières à réflexion

1La protection sociale « à la française » est en soi une valeur, à laquelle les expatriés français restent très attachés. Ce système, caractérisé par la combinaison d’une couverture publique de base et d’une couverture privée complémentaire en santé, prévoyance et retraite, est une spécificité qu’ils souhaitent ne pas abandonner complètement une fois installés à l’étranger, selon la 5e édition du Baromètre Expatriés 2017 Humanis - Lepetitjournal.com[1].

2Le « maintien d’un lien avec le système de protection sociale français (retraite, sécurité sociale) » est « important » pour 75 % des personnes interrogées [2]. Ce chiffre est d’autant plus significatif que seuls 18 % des expatriés actifs avaient un contrat de travail français (11 % comme expatrié et 7 % comme détaché) contre 82 % qui disposaient d’un contrat de travail du pays de résidence (61 % avec une entreprise locale et 21 % avec une filiale d’entreprise française).

3L’enquête, réalisée avant l’élection présidentielle de mai 2017, portait sur l’intérêt des expatriés pour la campagne présidentielle sous l’angle de la protection sociale. Une très large majorité estimait que la protection sociale, en particulier la santé et la retraite, faisaient partie des sujets prioritaires dont les candidats devaient s’occuper. Et parmi les priorités qui à leurs yeux devaient être celles du futur président, 54 % ont cité la santé et 48 % la retraite, après l’emploi (84 %) et l’éducation (76 %). Mais si on leur demande quelles sont leurs priorités en tant qu’expatriés français, 51 % mentionnent la retraite et 50 % la santé, juste derrière la fiscalité (58 %) et l’éducation (54 %).

4Enfin, invités à dire ce qui leur manque le plus de la France, la protection sociale et le système de soins français sont en 4e position (47 %), juste après la gastronomie (49 %) et devant la culture (46 %) – la famille étant en tête (66 %).

5Malgré l’affirmation de leur attachement pour le système français, le taux moyen de couverture sociale des expatriés n’a cessé de baisser depuis le premier Baromètre Humanis 2013, qu’il s’agisse de l’assurance santé (78 % en 2017), la retraite (39 % couverts au-delà du régime local), la prévoyance (39 %) ou l’assistance rapatriement (29 %).

6Quatre-vingt-douze pour cent des Français installés aux États-Unis déclarent être assurés en santé, à la suite du développement du régime local obligatoire instauré par l’« Obamacare » (le plus souvent pris en charge par l’employeur), alors que ceux qui vivent dans les pays d’Asie-Pacifique et d’Afrique restent majoritairement couverts par le système français.

Notes

Léa Rochford
Mis en ligne sur Cairn.info le 09/11/2018
https://doi.org/10.3917/inso.196.0143
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