1Les femmes sont-elles plus généreuses que les hommes ou moins bien loties en termes de sécurité financière ? Elles se montrent en tout cas plus attachées qu’eux au système de protection sociale, selon les résultats d’une enquête analysés dans la revue Regards [1], se prononçant plus souvent en faveur d’une couverture sociale plus étendue et plus universelle.
2 L’article revient sur le Baromètre d’opinion de la Drees [2] consacré en 2014 aux opinions des femmes et des hommes sur la protection sociale. Il note que « les différences d’opinion entre les femmes et les hommes dépendent de leur position dans le cycle de vie et dans la hiérarchie sociale » et qu’elles culminent dans les générations les plus jeunes et les plus âgées.
3 Ainsi, 27 % des femmes interrogées estiment en moyenne que le niveau de protection sociale est insuffisant (29 % des 18-29 ans), contre 20 % des hommes. De même, le montant de l’aide publique devrait augmenter pour 46 % des femmes (52 % des 18-39 ans) contre 37 % des hommes, ainsi que, chez les ouvriers-employés, pour 57 % des femmes et 50 % des hommes.
4 On relève qu’il s’agit des âges ou des situations où soit les femmes ont peu de ressources, soit commencent à avoir des enfants. Ces différences révèlent en creux les inégalités dans la société et dans le système de protection lui-même, et il n’est pas étonnant que les femmes soient plus favorables que les hommes à des prestations universalistes. Ainsi des retraites, qui sont de 26 % moins élevées pour elles en raison des différences persistantes de salaire et de carrière entre les sexes. Plus de la moitié des femmes estiment qu’elles « devraient bénéficier à tous sans distinction » ; ce taux atteint 58 % à 18-29 ans et 61 % à 30-39 ans et est supérieur à celui des hommes à tout âge.
5 Elles sont encore plus nombreuses à défendre l’accès de tous à l’assurance maladie : 75 % à 18-29 ans, 81 % à 30-39 ans puis le taux décroît, restant toutefois de 68 % à partir de 70 ans. Les réponses des hommes suivent la même courbe, à quelques points en dessous. La catégorie socio professionnelle joue également. Les cadres et professions intermédiaires, surtout les femmes, sont les plus attachés à l’accès universel aux prestations maladie, retraite et allocations familiales ; les hommes ouvriers et employés y sont le moins.
6 Enfin, pour 41 % des femmes en moyenne, l’articulation entre vie privée et professionnelle doit être la priorité de la politique familiale (48 % des 30-39 ans et 51 % des cadres et professions intermédiaires), contre 31 % des hommes. Parmi ceux-ci, ils sont toutefois 53 % des 18-29 ans et 46 % des 30-39 ans à vouloir un allongement du congé paternité, ainsi que 37 % des hommes actifs (c’est en moyenne un souhait de 36 % des femmes et 28 % des hommes).
Notes
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[1]
« Les opinions des femmes et des hommes sur les politiques de protection sociale : des écarts qui dépendent de l’âge et de la catégorie professionnelle », Adrien Papuchon, Regards, n° 50, dossier Égalité femmes/hommes, p. 47-60, décembre 2016, École nationale supérieure de sécurité sociale.
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[2]
Sur le Baromètre d’opinion de la Drees, voir l’encadré dans l’article d’Adrien Papuchon p. 145.