1C’est un peu le retour du balancier : l’évolution des conditions de vie avait séparé les générations, au moins sur le plan résidentiel, la dégradation de la situation économique les conduit aujourd’hui à un rapprochement [1] constaté dans l’ensemble des pays de l’OCDE. Ainsi, 43 % des 50-60 ans et 17 % des 60-75 ans ont encore au moins un enfant sous leur toit. Sur l’autre versant de la cohabitation intergénérationnelle, 6 % des 50-60 ans et 2 % des 60-75 ans vivent avec au moins un parent dans leur foyer.

2Selon une étude Eurostat publiée en 2011, l’âge du départ du foyer familial a reculé partout en Europe. Il se situerait en moyenne autour de 26 ans sans que l’allongement des études en soit la seule cause, la précarité économique et professionnelle jouant désormais un rôle décisif dans ce phénomène. Les pays méridionaux (Italie, Espagne, Portugal) et maintenant orientaux (Roumanie, Slovaquie, Hongrie, Pologne) se distinguent en affichant des taux parfois deux fois plus élevés qu’à l’Ouest. C’est ainsi, par exemple, que l’hébergement d’un descendant ou d’un ascendant est une situation connue par 57 % des Espagnols contre 26 % des Français. Les pays septentrionaux suivent une politique sociale assez protectrice qui libère les seniors de contraintes trop fortes quant à l’accompagnement des plus jeunes, alors que l’Allemagne et la Grande-Bretagne se distinguent par une plus grande distance vis-à-vis de la question.

3La famille n’est cependant pas la seule instance de rapprochement entre les classes d’âge. Depuis une dizaine d’années, des réseaux encouragés par les pouvoirs publics [2] se sont développés dans les villes universitaires afin de permettre à des étudiants de trouver un logement. L’idée est de susciter un rapprochement résidentiel entre ces jeunes et des personnes âgées [3] isolées disposant au moins d’une chambre libre dont elles offrent la disposition, le plus souvent contre la seule contrepartie d’une présence régulière et quelques menus services. Inspiré d’une idée espagnole, le dispositif vise à promouvoir le lien social et intergénérationnel en améliorant la qualité de vie tant des personnes âgées que des jeunes. Après un démarrage timide, l’initiative a bénéficié d’un large écho dans les médias et a été reprise par les responsables politiques ; notamment, le secrétariat d’État aux Personnes âgées, qui a validé en 2005 la charte « Un toit, deux générations », laquelle définit le modus vivendi, les droits et les devoirs de chacune des parties engagées par ce type de contrat.