1Pendant les deux mois de l’été 2016, environ 400 adolescents de 16 à 18 ans, filles et garçons à égalité, ont endossé les habits d’entrepreneur en créant et gérant une Coopérative jeunesse de services (CJS) dans plusieurs régions [*]. Chaque CJS réunit une quinzaine de jeunes coopérants qui proposent des prestations aux particuliers et aux entreprises (nettoyage, jardinage, archivage, distribution de flyers…) et se répartissent les postes de l’entreprise.
2« Cette forme innovante d’éducation à l’entrepreneuriat coopératif vise à permettre à des jeunes de prendre conscience de leurs capacités et de leur pouvoir d’agir et de découvrir l’entrepreuneuriat », explique Nelly Lechaplain, coordinatrice des CJS. Dirigeante d’une Coopérative d’activité et d’emploi (CAE) [1] en Ille-et-Vilaine, elle a rapporté la formule du Québec en 2011 et, dès 2013, trois CJS sont expérimentées avec succès en Bretagne. Au plan national, le réseau Coopérer pour entreprendre (qui regroupe la plupart des CAE) pilote le dispositif, financé par plusieurs organismes [2].
3« C’est un projet de partenariat, très ancré localement et exigeant, entre des univers qui convergent rarement », poursuit-elle. Une CJS est mise sur pied par un comité local composé d’acteurs du territoire : CAE, administrations, collectivités, organisations d’éducation populaire et de jeunesse, entreprises, pôles ESS… Les jeunes sont recrutés à travers les structures jeunesse et dans les lycées. Pendant les douze à dix-huit mois du montage d’un projet, ces acteurs apprennent à créer des synergies durables – « une valeur ajoutée » de la CJS, précise N. Lechaplain – et leur regard sur les jeunes change.
4Les jeunes, eux, touchent une rétribution de 150 à 200 € par mois, en fonction du chiffre d’affaires de leur coopérative, qui est de 4 000 € en moyenne. Mais l’apport de la CJS va bien au-delà de ce pécule. Chargés de responsabilités réelles, ils découvrent le monde de l’entreprise, le territoire et les réseaux, acquièrent des compétences en marketing, gestion, comptabilité, ressources humaines (ce qui les aide pour leur orientation professionnelle) et apprennent à travailler ensemble, à prendre des décisions, à s’exprimer en public et au téléphone. Surtout, ils découvrent leurs propres ressources et développent leur confiance en eux-mêmes.
Notes
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[1]
Les Coopératives d’activités et d’emploi (CAE) ont un statut d’entreprise et leurs membres sont des entrepreneurs salariés bénéficiant des garanties et de la sécurité du salariat, grâce à la loi Hamon de 2014. Elles mutualisent leurs frais de structure, d’administration et de gestion.
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[2]
La France s’engage !, le FSE, le Commissariat général à l’égalité des territoires, la Caisse des dépôts et consignations.