1Depuis 2005, en marge des COP (Conferences of the parties), les conférences mondiales sur le changement climatique, les jeunes organisent eux-mêmes leur Conference of Youth (COY) sur le sujet. Ainsi, la COY12 s’est tenue à Marrakech en novembre 2016. Celle qui s’est déroulée en France à la fin de 2015, à l’occasion de la COP21, a battu tous les records d’affluence. Pendant trois jours, ils et elles ont été plus de quatre mille, venus de 130 pays, à faire bruisser la COY11 comme une ruche, participant à 275 ateliers, assistant à 138 conférences et rédigeant collectivement un Manifeste [*].
2Avec le soutien de quelques organisations de jeunesse et ONG, une équipe d’organisation de 270 jeunes, dont 99 % de bénévoles, a tout pris en charge : conception, programmation, accueil, relations avec les politiques et les médias.
3Plusieurs membres de l’équipe française, qui a été le moteur de l’événement, reviennent sur cette expérience [**]. Tous disent « l’énergie incroyable », « l’inspiration » et même « le bonheur » qu’ils y ont puisés. Maxime, 23 ans (équipe de coordination des groupes de travail) : « Un moment unique (…), un point de basculement majeur dans ma vie ». Et tous disent avoir « beaucoup appris » au plan personnel et professionnel et créé « des liens forts » avec des militants du monde entier dont, dit Maylis, 25 ans, « l’engagement radical force le respect ».
4Chacune des COY a rédigé un chapitre thématique du Manifeste de la COY11. Bien au-delà des sujets liés au climat, les jeunes y expriment leurs inquiétudes et leurs propositions, notamment en matière d’éducation et de droits de l’Homme, rappelant aux gouvernements leurs responsabilités : « Nous sommes les générations futures ! »
5Sans illusion toutefois. Si les participants de la COY11 ont été courtisés par les politiques et les médias, les organisateurs français disent avoir « gagné en lucidité » et se méfier de « l’instrumentalisation », ou évoquent la « bienveillance patriarcale » dont ils ont pu faire l’objet. Aux rouages de « la machine politique », ils opposent les valeurs de leur Manifeste – créativité, ouverture d’esprit, coopération, engagement, respect – et leurs méthodes de travail, comme « la recherche de solutions plutôt que d’un consensus global ».
6L’essentiel, pour eux, est d’avoir réussi à créer un espace libre et autonome d’expression et montré la capacité des jeunes à agir. « Nous avons démontré, déclare Jay, que notre âge ne détermine en rien notre motivation ou nos compétences ».